HomeA la unePROJET DE BRICOLAGE DES TEXTES DE LA CAF : Hayatou comme les présidents du Gondwana

PROJET DE BRICOLAGE DES TEXTES DE LA CAF : Hayatou comme les présidents du Gondwana


Il n’est pas prêt à céder son brassard de capitaine. Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, envisage en effet de modifier les textes juridiques de son organisation. Objectif : briguer un huitième mandat à ce poste, alors que les textes actuels l’en empêchent. L’âge limite actuel étant de 70 ans, Issa Hayatou, qui est dans sa 68e année, ne doit pas pouvoir se présenter à nouveau à la présidence de la CAF dans 2 ans. A ce poste depuis 1998, le Camerounais n’a visiblement aucune envie de raccrocher les crampons. Dans les instances de la CAF où le règne de la gérontocratie bat son plein, on ne se passe pas si facilement d’un si bon capitaine, d’un meneur de jeu aussi talentueux !

Issa Hayatou règne en dictateur sur le football africain

A son actif, l’augmentation du nombre des représentants africains à la grand’messe du football mondial. En effet, de 2 à sa prise de fonctions, l’Afrique compte à présent 5 représentants à la Coupe du monde de football qui se joue chaque 4 ans. Certes, des efforts restent encore à faire. Car le nombre de représentants africains à ces éditions de la Coupe du monde de football, n’est pas encore proportionnel au nombre total de pays africains membres de la CAF, et par ricochet de la Fédération internationale de football Association (FIFA), comparativement à un continent comme l’Europe. Mais il s’agit d’une victoire d’étape indéniable. C’est également sous la houlette de Hayatou que la Coupe du monde de football a été organisée pour la première fois sur le continent africain, au pays de Mandela, en 2010. On peut ajouter à cela les efforts d’accompagnement des instances nationales de football par la faîtière africaine. Issa Hayatou a été pour beaucoup dans la bataille pour engranger tous ces points et cela est à son honneur.

Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt comme on a coutume de le dire. Issa Hayatou règne en dictateur sur le football africain. C’est lui qui aura pris la décision très controversée de priver le Togo de CAN pendant 4 ans, suite aux protestations de ce pays dont les joueurs, se rendant à la CAN 2010 en Angola, avaient été la cible d’une fusillade dans l’attaque de leur bus. Le football africain a encore de trop nombreuses scories, preuve que le bilan du long règne de Hayatou n’est pas aussi reluisant que cela. Les actes de vandalisme secouent encore les terrains de football en Afrique. La mort du jeune Camerounais, Albert Ebossé, touché récemment par un projectile sur un terrain en Algérie, est suffisamment éloquent sur le niveau de violence dans les stades. Pour ce qui est des performances, il y a du travail à faire. Mais Hayatou a bien d’autres préoccupations qui ne donnent pas une bonne image des instances suprêmes du sport-roi sur le continent africain. C’est lui qui aura fait modifier les textes de la CAF en 2012, pour s’assurer que des candidats sérieux ne viennent troubler son sommeil. En effet, face au défi voire la défiance que représentait pour Issa Hayatou, une candidature comme celle de l’ex-président de la Fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, à la présidence de la CAF, Hayatou a dû manœuvrer et même frapper fort. Il a fait adopter un amendement en 2012, limitant le droit de candidature à ce poste aux membres et ex-membres du comité exécutif de la CAF. Résultat, Anouma qui ne remplissait pas ces conditions, n’a pas pu être candidat. Ce tour de force aura ainsi permis à Hayatou d’éviter un challenger de taille. Ces manœuvres ressemblent à du déjà-vu sur le continent. En effet, Hayatou, comme les présidents du « Gondwana », est un tripatouilleur de textes. Il ruse avec les dispositions et c’est cela aussi qui lui a permis d’asseoir sa longévité à la tête de la CAF.

Du reste, on sait que dans le monde, mais surtout en Afrique, football rime avec politique et fric. L’ex-président du Faso n’était-il pas appelé le « Premier Etalon », le président ivoirien, le « Premier Eléphant », des noms des sélections nationales de leurs pays respectifs ? Mieux, en Afrique, le chef de l’Etat est le chef de « tout ». Illusoire dans ce cas de rêver d’être président d’une fédération nationale de football, si l’on n’a pas l’onction du chef de l’Etat au sujet de sa candidature. Le profil de certains membres d’honneur de la CAF est illustratif de ces accointances entre le football et la politique. Issa Hayatou qui n’ignore pas cela, s’est attaché les bonnes grâces de nombreux chefs d’Etat africains. Après tout, ces chefs d’Etat, qui s’accrochent contre vents et marées au fauteuil présidentiel, peuvent-ils lui contester ses rêves de présidence à vie à la CAF ? De ce fait, entre Hayatou et bien des chefs d’Etat africains, c’est le parfait amour. Parlant le même langage à propos du pouvoir à vie et à tout prix, ils se rendent bien des services. Ainsi, un chef d’Etat qui instruit sa fédération de voter et de rouler pour Hayatou peut-il être assuré d’un retour de l’ascenseur.

Hayatou serait bien inspiré de raccrocher enfin les crampons

En tout cas, Hayatou a les moyens de sa dictature. Tant qu’il y aura des chefs d’Etat qui ont les mêmes rêves de pouvoir à vie que lui et qui auront la mainmise sur les fédérations nationales, il peut dormir tranquille. Ce d’autant plus que l’instance du football mondial, la FIFA, n’est pas à même de lui donner quelque leçon que ce soit. Le Suisse Joseph Blatter, président de la FIFA depuis 1998, n’est-il pas lui-même au cœur de nombreuses polémiques et de bien des scandales ? Que peut-il donner comme leçon de vertu à Hayatou, promu du reste numéro 2 de la FIFA en octobre 2014 ? « Ceux qui se ressemblent, s’assemblent », dit-on. Blatter, capitaine et titulaire indéboulonnable de l’équipe FIFA et Hayatou, capitaine et meneur de jeu inamovible de l’équipe africaine, constituent un binôme des plus redoutables. Ils ont battu des records en termes de longévité à leurs postes respectifs et font preuve de beaucoup d’endurance, en dépit de leur âge avancé (68 ans pour Hayatou et bientôt 79 ans pour Blatter). Et comme dictature et corruption vont très souvent ensemble, rien d’étonnant que le tandem soit également pointé du doigt en matière de corruption. En effet, dans l’attribution de l’organisation des éditions 2018 et 2022 de la Coupe du monde de football, respectivement à la Russie et au Qatar, d’énormes soupçons de corruption pèsent sur l’instance mondiale du football. Surtout en ce qui concerne le Qatar. Ces deux capitaines sont donc, en toute logique, indexés. Bien entendu, aucune juridiction ne les a encore condamnés, en tout cas, pas pour le moment. C’est dire qu’ils bénéficient de la présomption d’innocence. Mais, « il n’y a pas de fumée sans feu ». Et la démission du président de la chambre d’instruction du comité d’éthique de la FIFA, l’Américain Michael J. Garcia, dans ce qui est désormais appelé « Qatargate », en dit long sur la gravité de la situation.

En somme, la proximité de Hayatou avec Blatter l’a certainement inspiré dans sa volonté de copier les textes de la FIFA où il n’y a pas de verrou limitatif du nombre de mandats présidentiels. Et il ne ménagera aucun effort pour parvenir à ses fins. Il tient à rester sur l’aire de jeu, à jouer les prolongations. Des voix s’élèvent contre l’éventualité d’un bricolage des textes de la CAF dans ce sens. Vivement, que cesse, ici comme ailleurs, dans le football comme en politique, la culture des « Hommes forts », au profit de celle des institutions fortes, gage de progrès réels ! Hayatou serait bien inspiré de raccrocher enfin les crampons en 2017 ; fût-il animé du souci de … terminer ses chantiers.

« Le Pays »


Comments
  • Ce rédacteur a un sérieux problème de vocabulaire! Avec ses “Puisque c’est de lui qu’il s’agit” en a pas finir, il montre à quel point son vocabulaire est pauvre. Pourtant il existe des outils permettant de se faire assister de ce côté. Espérons que Le Pays veillera à enrichir le vocabulaire de ses rédacteurs, mieux, de rehausser leur niveau en général.

    13 février 2015
  • Attention à ne pas trop critiquer le grand manitou, président fondateur de la République du Gondwanan-caf, sinon, c’est notre pays le Burkina qui risque une suspension de la can pour 4 ans. C’est vraiment pitoyable……

    13 février 2015

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