HomeOmbre et lumièreAVANT-PROJET DE TEXTE PORTANT RELECTURE DU CODE ELECTORAL : C’est bien, mais…

AVANT-PROJET DE TEXTE PORTANT RELECTURE DU CODE ELECTORAL : C’est bien, mais…


S’il y a actuellement un sujet qui fait couler beaucoup d’encre et de salive dans notre pays, c’est bien le projet de modification du Code électoral. L’initiative, à ce qu’on dit, vient du ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation (MATD) qui, si je ne m’abuse, a déjà soumis un avant-projet de texte aux partis politiques de la majorité et de l’opposition pour amendement. D’autres acteurs non étatiques, comme les ONG et la société civile, très attachés à la bonne gouvernance, y ont été aussi associés. L’objectif recherché est de parvenir à une « relecture profonde et intégrale » du Code électoral aux fins d’en corriger les insuffisances, les ambiguïtés et les incomplétudes qui, pour emprunter le mot du MATD, « constituent un terreau favorable à des crises électorales préjudiciables à la paix et à la cohésion sociale ». Personnellement, j’ai trouvé très géniale l’idée. Car, je suis un progressiste. Je ne suis opposé à aucune réforme, pour autant qu’elle aille dans le sens de la volonté du peuple. C’est pourquoi d’ailleurs je félicite le gouvernement pour son sens d’écoute. Car, de pareilles réformes politiques, si elles ne font pas l’objet de consensus, peuvent porter en elles-mêmes les germes de la contestation. Or, ceux qui tiennent à la modification du texte électoral, disent vouloir le mettre à l’abri des révisions et contestations intempestives ; d’où la nécessaire démarche participative et inclusive. C’est à ce prix que l’on pourra prendre en compte les préoccupations des uns et des autres. Je le dis, parce que je ne veux pas qu’un jour mon pays soit mis à feu et à sang, au sortir d’une consultation électorale comme c’est souvent le cas dans certains pays du continent. Les exemples sont si nombreux que je n’ai pas besoin d’en citer, tant les faits parlent d’eux-mêmes. Donc, je dis et je le répète, je suis pour la modification du Code électoral, mais je n’aime pas les calculs politiciens. J’ai horreur de ça.

 

Pourquoi veut-on alors nous ramener à l’an zéro ?

 

C’est en cela que je suis aussi entièrement d’accord avec une partie des citoyens burkinabè qui, très prudents, ont commencé à émettre des réserves. Ils n’ont pas tort, contrairement à ce que certains veulent nous faire croire. Car, en examinant l’avant-projet en question, on se rend compte que sur certains points, le Burkina Faso, cité pour être un exemple de démocratie dans la sous-région ouest-africaine, aura opéré un grand recul. Il s’agit de la suppression de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dont le rôle et les attributions seront désormais confiés au ministre de l’Intérieur, et la négation du vote des Burkinabè de l’extérieur que tout le monde appelait de ses vœux depuis quelques années. Je n’oublie pas non plus le processus d’enrôlement qui, désormais, pourrait se faire avec toute autre pièce d’état civil. Toute chose qui pourrait ouvrir la voie à la fraude massive et réunir les conditions d’une contestation électorale. Si, quelques années avant, le Burkina avait trouvé nécessaire d’instaurer la carte biométrique pour toute élection d’envergure nationale, c’était, à mon avis, pour minimiser les risques de fraudes. Pourquoi veut-on alors nous ramener à l’an zéro, comme dirait quelqu’un ? Franchement, sur ce plan, j’ai beaucoup d’appréhensions. Car, tout se passe comme si ce projet de modification du Code électoral cachait mal des desseins politiques inavoués. Peut-être s’agit-il là d’un procès d’intention, mais si tel n’est pas le cas, que l’on me dise quel est l’objectif recherché. En tout cas, modifier le Code électoral, c’est bien ; mais…

 

« Le Fou »


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