HomeA la unePROJET D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION AU BURKINA : Respecter l’esprit de l’insurrection !

PROJET D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION AU BURKINA : Respecter l’esprit de l’insurrection !


Les Constitutions des républiques bananières se rejoignent sur un point. Elles sont rédigées pour permettre aux satrapes de tricher avec la démocratie quand ils le veulent et comme ils le désirent. C’est pourquoi elles sont truffées systématiquement de dispositions ambiguës et équivoques dans leur conception. La loi fondamentale du Burkina, adoptée en 1991, peut être citée pour étayer ce point de vue. C’est pourquoi Blaise Compaoré, qui l’avait suscitée pour mettre un terme à l’Etat d’exception, s’en était servi pour régner sans discontinuer pendant 27 ans sur le Burkina. Au prix de nombreuses victimes, le peuple burkinabè, en octobre 2014, a contrarié Blaise Compaoré, lorsqu’il a voulu sauter la clause limitative du mandat présidentiel pour s’accrocher pour la énième fois au pouvoir. Depuis cette victoire sur l’arbitraire et le goût immodéré pour le pouvoir d’un homme et de son clan, arrachée par le peuple insurgé, bien des Burkinabè ont perçu la nécessité de procéder à l’élaboration d’une nouvelle Constitution à la hauteur de l’esprit de l’insurrection. Et cet esprit peut se décliner en termes de suprématie des institutions sur les hommes forts et providentiels, de séparation réelle des pouvoirs, bref de triomphe de la démocratie, la vraie, sur la démocratie de façade. L’idée de passage de la IVe à la Ve République est en train de prendre forme avec la mise en place d’une commission en charge de rédiger une nouvelle Constitution qui sera soumise au peuple burkinabè par voie référendaire. Il faut rappeler que l’actuel occupant du palais de Kosyam, Roch Marc Christian Kaboré, s’était prononcé en faveur de cela pendant la campagne pour l’élection présidentielle. Il reste maintenant aux membres de la commission le devoir de proposer aux Burkinabè, un texte conforme à l’esprit de l’insurrection, c’est-à-dire un texte dont les dispositions ne peuvent en aucun cas permettre désormais à un homme, quelle que soit sa ruse, de tordre le cou à la démocratie au Burkina Faso. Ce défi, l’ensemble de la commission doit impérativement le relever. L’idéal aurait été que le travail fût exécuté sous le régime de la Transition. En effet, cette période marquée essentiellement par la neutralité des institutions, pouvait être mise à profit pour élaborer une Constitution susceptible de tirer la démocratie vers le haut. De ce point de vue, l’on peut dire que le Burkina a raté une occasion historique et rêvée de se doter d’une loi fondamentale qui aurait pu servir de référence à l’ensemble de tous ceux qui croient en la démocratie en Afrique. Cela dit, la balle est désormais dans le camp des hommes et des femmes en charge de proposer aux Burkinabè un nouveau pacte en vue d’un nouveau départ politique.

 

Tout le monde doit ouvrir l’œil et le bon

 

 

Il faut souhaiter qu’ils aient suffisamment de clairvoyance et de doigté pour ne pas reproduire les scories de la Constitution de 1991. Pour ce faire, ils doivent transcender les intérêts partisans et égoïstes pour se laisser guider exclusivement par l’intérêt général. L’histoire récente du Burkina, de toute façon, les y oblige. Et le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, serait très mal inspiré d’interférer dans la réflexion de la commission à l’effet de l’amener à produire des dispositions qui feraient la part belle à son régime. Déjà, l’on peut regretter le fait suivant : Roch Marc Christian Kaboré donne l’impression d’être agacé par l’indépendance de la justice consacrée sous le régime de la Transition. A l’occasion de son séjour au Sénégal, il s’est en effet exprimé sur la question. Morceau choisi : « Si vous avez un Etat où la magistrature est son propre patron, cela peut créer beaucoup de problèmes. Et je crois que lors des discussions constitutionnelles pour le passage à la Ve République, ce seront des questions qui seront revues ». De toute évidence, le président souhaite que le projet d’élaboration de la nouvelle Constitution revienne sur l’indépendance de la Justice. Pour ce faire, il a dû prendre des précautions. Une de ces précautions pourrait être le choix des hommes qui composent la commission. A ce niveau, l’on peut se risquer à dire qu’il a désigné des hommes et des femmes au titre de la présidence, pour défendre sa vision dans les discussions constitutionnelles. En plus, rien ne nous dit que les personnes censées représenter les différentes couches sociopolitiques, n’ont pas reçu pour mission de défendre les vues du président dans la commission. Et ce n’est pas tout, l’avant-projet de la Constitution doit être soumis d’abord au chef de l’Etat. Pour toutes ces raisons, si on n’y prend garde, l’on risque d’aboutir à un travail conçu pour faire plaisir au prince régnant au détriment de la démocratie. C’est pourquoi tout le monde doit ouvrir l’œil et le bon pour que le Burkina post-insurrection ne retombe pas dans les travers du régime de Blaise Compaoré et ce pour avoir concocter une Constitution sur mesure.

 

Sidzabda

 


Comments
  • Pourquoi n’avez-vous pas publier mon commentaire ? Parce que sid sidzabda.

    8 juin 2016

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