HomeA la uneRAPPORT 2023 DU REN-LAC SUR L’ETAT DE LA CORRUPTION : Le phénomène a la peau dure

RAPPORT 2023 DU REN-LAC SUR L’ETAT DE LA CORRUPTION : Le phénomène a la peau dure


En 2019, à l’occasion de la publication du traditionnel rapport sur l’état de la corruption au Burkina Faso en 2019, le Secrétaire général du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC) disait ceci: « Pour les services qui sont considérés comme les plus corrompus, il n’y a pas de grand changement ». C’est exactement le même constat que l’on peut faire, 5 ans plus tard, à l’analyse du nouveau rapport qui vient d’être rendu public le 26 novembre dernier : le classement reste inchangé au niveau des services pointés du doigt par la population, comme les plus corrompus. En effet, le trio de tête reste la Police municipale et ses traditionnels dauphins que sont la Douane et la Police nationale. C’est donc dire que les rapports se suivent et se ressemblent mais ne font que l’effet de l’eau sur les plumes d’un canard. Mais avant tout commentaire, l’on se doit de tresser des lauriers au REN-LAC pour sa constance et sa détermination dans la lutte contre le fléau de la corruption ; ce fléau qui sape les efforts de développement du pays. Le REN-LAC, au regard des méfaits de la corruption, mène une opération de salubrité publique. De ce fait, il mérite tous les encouragements dans sa difficile croisade contre les délinquants à col blanc qui sont tapis dans l’Administration publique. Le Chef de l’Etat qui a déjà reçu cette structure, se doit de saisir l’occasion de la publication de ce rapport, pour donner un véritable coup de pied dans la fourmilière. Et cela est d’autant plus urgent que les méfaits de la corruption sont bien connus. En effet, entre autres méfaits des pots-de-vin, l’on peut retenir, au plan politique, la difficulté à mettre en œuvre les politiques de développement du pays et la perte de confiance de la communauté internationale vis-à-vis des gouvernants.

 

S’il y a un corrompu, c’est parce qu’il y a aussi des corrupteurs

 

 Dans le contexte actuel de la lutte contre les groupes armés terroristes, la corruption est porteuse de tous les dangers, surtout quand les corps indexés comme étant les plus corrompus, relèvent des Forces de défense et de sécurité. Au plan économique, les dessous de table sont aussi cause de l’échec dans l’atteinte des objectifs du développement en multipliant les coûts économiques, créant ainsi de gros manques à gagner au niveau de la trésorerie de l’Etat. En outre, la corruption perturbe le jeu de la libre-concurrence, privant ainsi les populations, de ses avantages en termes de réduction des coûts et d’égalité des chances. Tout cela entraîne comme conséquences immédiates, l’aggravation de la pauvreté et la naissance de grandes inégalités sociales qui ne peuvent que contribuer à alimenter les tensions sociales et apporter de l’eau au moulin des groupes armés terroristes. Cela dit, il faut noter que le rapport révèle un important point positif : la baisse de la corruption en 2023, de près de 20%. Et cela est sans doute à mettre à l’actif des autorités de la Transition qui multiplient les mises en garde contre les brebis galeuses au sein de l’Administration publique et surtout des structures publiques de lutte contre le phénomène comme l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), les inspections techniques des différents départements ministériels ou les juridictions en charge de la répression des crimes économiques. L’on ne doit pas non plus oublier le travail immense abattu par la presse dans le domaine.   Mais comme dit le commerçant burkinabè, « c’est bon, mais ce n’est pas arrivé ». En effet, les efforts doivent se poursuivre et amener le phénomène à se restreindre comme peau de chagrin. Et ces efforts doivent commencer par le travail personnel que chaque Burkinabè doit faire sur lui-même. Car, c’est bien connu, s’il y a un corrompu, c’est parce qu’il y a aussi des corrupteurs. Le rapport le montre d’ailleurs : de nombreux enquêtés affirment avoir personnellement offert au moins une rétribution illégale à des agents publics en échange d’un service non soumis à un paiement.

 

Sidzabda  

 


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