RCA


Le procureur de Bangui a ouvert, le 4 janvier dernier, une enquête sur François Bozizé et ses complices présumés, « par rapport aux faits de déstabilisation et de rébellion en cours ». Cela fait suite à l’accusation formulée contre lui, le 19 décembre 2020, par le gouvernement centrafricain, pour tentative de coup d’Etat. En 2013, le sieur Bozizé avait déjà été accusé par la Justice centrafricaine, de « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ». Afin d’évaluer la menace qu’il constitue pour la paix et la sécurité en RCA et dans les régions avoisinantes, revenons sur certains faits marquants de sa vie.  François Bozizé est engagé très tôt dans l’armée sous Jean-Bedel Bokassa, où il devient général de Brigade. Responsable avec le général Mayo Mokola, des troupes de Bangui, il est chargé de la répression des manifestations de lycéens en janvier 1979. Cet événement est commémoré chaque année, le 18 janvier, sous l’appellation de « Journée des martyrs ».  Depuis, Bozizé ne cesse de trainer d’autres casseroles. A titre d’exemples, en 1982, sous le régime d’André Kolingba, il soutient l’opposition dans l’optique de fomenter un coup d’Etat. En conséquence, il sera exilé au Togo, en compagnie de son présumé complice, Ange-Félix Patassé. Aussi soutient-il le régime de Ange-Félix Patassé à son retour d’exil. Pendant ce régime, il parvient, en 1996 et 1997, à rétablir le calme après des mutineries, gagnant ainsi la confiance redoublée de Patassé. A partir de 2001, la brouille s’installe désormais entre lui et son ami d’hier, qui l’accuse de trahison, l’obligeant de facto à s’exiler au Tchad voisin. Comme il fallait s’y attendre, le « loup rusé de Bangui » réussit un coup d’Etat contre Patassé le 15 mars 2003, obligeant, à son tour, Patassé à s’exiler au Cameroun, puis au Togo. Bref ! Avec un tel palmarès émaillé de perfidie et de cruauté, que peut-on encore espérer de ce personnage machiavélique ? Sinon reconnaitre que c’est un bandit de grand chemin, incapable de se convertir aux vertus démocratiques.

 

 

Il est temps d’exclure définitivement Bozizé de l’échiquier politique

 

 

Alors qu’il était chef d’Etat, de lourdes accusations portées contre lui, faisaient état d’assassinats, d’arrestations, de séquestrations, de détentions arbitraires et d’exécutions sommaires. Corrompu notoire, il se serait illustré par le pillage des ressources de son pays. En 2004, la douane allemande avait découvert une mallette remplie de diamants dans son avion privé.  C’est pourquoi les nouvelles autorités centrafricaines doivent prendre la mesure de la situation, si elles veulent diriger le pays en toute quiétude. Il est temps d’exclure définitivement Bozizé de l’échiquier politique, afin d’éviter qu’il ne poursuive ses manœuvres déstabilisatrices. Lui mettre le grappin dessus, doit être la priorité du nouveau gouvernement. D’autant que dans le contexte actuel où les résultats de la présidentielle attendent d’être validés par la Cour constitutionnelle d’ici le 19 janvier prochain, tout désordre social serait de nature à remettre les pendules à zéro et à replonger irrémédiablement le pays dans la guerre civile. Pour parvenir à l’arrestation de Bozizé, Bangui devra mettre les bouchées doubles, avec le soutien indéfectible de la communauté internationale. Ce soutien évitera, entre autres, que Bozizé ne se retranche sur l’une de ses bases arrières pour échapper à la Justice. C’est de cette manière que le climat socio-politique sera assaini, en vue de permettre l’avènement d’une RCA plus démocratique et plus prospère.

Monique NARE


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