REFORMES POLITIQUES ET INSTITUTIONNELLES : Des Propositions pour un renouveau burkinabè
L’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique/Burkina Faso (ARGA/Burkina) a organisé une conférence de presse le mardi 28 avril 2015 à Ouagadougou, pour présenter quinze propositions pour transformer institutionnellement, politiquement et économiquement le Burkina.
Le peuple burkinabè aspire à un changement. Il l’a exprimé par l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Pour accompagner cette dynamique, l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique/Burkina Faso (ARGA/Burkina) a recueilli des propositions qu’elle a compilées dans un document appelé « Cahiers de propositions ». Selon le médiateur national, Boureima Ouédraogo, ledit cahier comporte quinze propositions pour engager un processus inclusif de réflexion et d’action de transformations institutionnelles, politiques et économiques au Burkina Faso. A l’entendre, les quinze propositions sont regroupées en trois axes majeurs. Il s’agit de la reconstruction de l’Etat de droit et du pacte républicain, du renforcement de la gouvernance locale et de la refondation de l’économie nationale.
En ce qui concerne la Reconstruction du pacte républicain et de l’Etat de droit, sept propositions ont été retenues. Il s’agit entre autres, de refonder l’Etat afin d’assurer l’équilibre des pouvoirs, de rationaliser, crédibiliser et légitimer les institutions, de renforcer l’efficacité de la justice et son indépendance en vue d’assurer son accès effectif aux justiciables. Aussi l’ARGA/Burkina souhaite-t-elle la création et l’animation de cadres permanents de dialogue et d’interpellation entre les gouvernants et les citoyens, pour refonder la démocratie. Elle suggère aussi la création et l’institutionnalisation d’un Haut conseil consultatif national.
Par rapport à l’axe de renforcement de la gouvernance locale articulé à la délivrance des services publics, l’ARGA/Burkina souhaiterait notamment que les collectivités territoriales soient bâtis sur des projets locaux de société et que les capacités des collectivités territoriales en matière de production et de fourniture de services sociaux de base soient refondées.
Relativement à la refondation de l’économie nationale, l’ARGA/Burkina propose de construire une gouvernance des ressources naturelles au service du développement économique et social. Aussi, suggère t-elle la construction d’un système financier efficace, au service de l’essor économique et du progrès social, le renforcement de l’arsenal législatif et réglementaire de prévention et de répression de la corruption, tout en élaborant et en mettant en œuvre une politique d’industrialisation permettant la transformation des matières premières au niveau national.
Par la même occasion, l’ARGA a procédé à un plaidoyer pour un pacte national pour les réformes, «qui servira de boussole au processus de reconstruction de l’Etat de droit et du pacte républicain en vue de réconcilier durablement la société avec l’Etat ». Selon Boureima Ouédraogo, l’objectif est de faire en sorte qu’au-delà de la transition, les partis politiques en compétition (signataires ou non de la Charte de la Transition) acceptent d’endosser les propositions de réformes issues des travaux de la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR), pour les mettre effectivement en œuvre à l’issue de la présidentielle et des législatives de 2015. « Quel que soit le vainqueur de la présidentielle et quelle que soit la majorité parlementaire issue des législatives, les travaux de la CRNR ne devraient pas passer par pertes et profits », souligne-t-il. Pour la mise en œuvre effective des propositions de réformes du CRNR, du pacte, l’ARGA/Burkina compte travailler avec les Organisations de la société civile (OSC). Selon Boureima Ouédraogo, « il s’agira concrètement pour tous les acteurs politiques et sociaux de s’engager formellement à s’accorder et signer un pacte national pour la mise en œuvre des propositions de réformes de la CRNR au-delà de la transition. Aussi, devront-ils inscrire dans leurs projets de société et/ou engagements électoraux, la mise en œuvre des propositions de réformes de la Commission ».
Des négociations seront entreprises auprès des acteurs des OSC, des partis politiques en vue de conduire des plaidoyers pour négocier ce pacte national d’ici le dépôt du rapport de la CRNR prévu pour août prochain.
Pour rappel, les 15 propositions qui forment le « Cahier de propositions » sont le produit du « Forum multi-acteurs » (FMA) qui s’est tenu les 5 et 6 mars derniers sur le thème : « Transition politique et transformations sociales, politiques et économiques au Burkina Faso : contribution pour un processus inclusif de refondation de l’Etat post- insurrection ».
Françoise DEMBELE