RENCONTRE TSHISEKEDI/KAGAME AUTOUR DE MACRON : On attend maintenant les actes
Le président congolais, Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagamé, se sont interpellés, à l’occasion de la 77e assemblée générale de l’ONU, sur la question de la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo. Ce mardi 20 septembre en effet, le congolais n’a pas eu besoin de porter des gants pour charger en règle le Rwanda par rapport à la crise qui sévit dans l’Est de son pays. Pour lui, le doute n’est pas permis. Ce sont les troupes de Paul Kagamé qui agressent la RDC et occupent sa partie Est et cela, en se servant du M23, du nom de ce groupe rebelle congolais tutsi qui tire son nom d’un accord de paix signé par le gouvernement de la RDC et une ancienne milice pro-tutsi le 23 mars 2009. La réaction de Paul Kagamé n’a pas tardé. En effet, le lendemain de l’attaque en règle de Tshisékédi contre son pays à propos de la crise dans l’Est de la RDC, l’homme mince de Kigali a renvoyé la balle dans le camp de l’accusateur en ces termes : «il est urgent qu’il y ait la volonté politique de s’attaquer enfin aux causes profondes de l’instabilité dans l’Est de la RDC. Le jeu des reproches ne résout pas les problèmes ». Ces deux prises de parole laissent voir l’immensité du fossé qui existe entre les deux hommes quant à l’origine de la crise et de l’instabilité dans l’Est de la RDC. Pour le Congolais, derrière le M23 se cache Kigali. Ce point de vue est largement partagé en RDC. Et cela ne date pas seulement de l’avènement de Félix Tshisékédi au pouvoir. Sous ses prédécesseurs également, c’est-à-dire Kabila père et Kabila fils, Kigali était pointé du doigt dans l’instabilité à laquelle l’Est du Congo est en proie. Mais face à toutes les accusations, Paul Kagamé n’a pas varié d’un iota : la crise à l’Est du Congo a des origines endogènes. Subséquemment, il invite Kinshasa à revoir sa copie.
Chacune des deux parties a sa part de chemin à faire dans la normalisation des relations entre les deux pays
Car, a-t-il soutenu lors de cette assemblée générale de l’ONU et en réponse à son homologue congolais, « le jeu des reproches ne résout pas les problèmes ». Bien que cette 77e assemblée générale de l’ONU ait révélé au grand jour l’opposition entre Kinshasa et Kigali sur l’origine de l’instabilité dans l’Est du Congo, une lueur d’espoir de résolution du contentieux entre les deux capitales par le dialogue, a été constatée dans le même temps. Et cela, grâce à l’entremise du président français, Emmanuel Macron. En effet, à l’initiative de ce dernier, Tshisékédi et Kagamé se sont réunis autour du grand chef des blancs, entendez Emmanuel Macron. Et l’espoir est permis. Car, selon un communiqué de l’Elysée, les deux hommes sont convenus d’agir de concert pour obtenir au plus vite l’application des dispositions du processus de Luanda, le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants hors de la zone de Bunagana. Mais une chose est que les deux parties conviennent d’agir de concert pour obtenir le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants, une autre est de traduire tout cela dans les actes. En tout cas, on attend maintenant les actes. C’est tout le mal que l’on puisse souhaiter au Congo en général et aux populations meurtries de sa partie Est en particulier. Et sans forcément prêcher pour la chapelle de Tshisekedi ni pour celle de Kagamé, l’on peut se permettre de dire que Kigali a plus d’efforts à faire pour pacifier l’Est du Congo que Kinshasa. En effet, après que Mobutu a été chassé du pouvoir en 1997 par Laurent Désiré Kabila, cette partie du Congo est pratiquement sous contrôle de Kigali. Et ce sont les Tutsis congolais d’origine rwandaise qui servent de cheval de Troie à l’homme mince de Kigali pour semer la chienlit dans l’Est du Congo. A sa décharge, l’on peut évoquer le fait que le Congo abrite sur son sol, depuis le génocide, des groupes armés rwandais opposés au régime de Kagamé. De ce point de vue, l’on peut dire que chacune des deux parties a sa part de chemin à faire dans la normalisation des relations entre les deux pays. Et un signe fort dans ce sens est la rencontre entre les deux Premières dames des deux pays, à l’occasion de cette 77e assemblée générale de l’ONU. Et l’ambiance était bon enfant entre les deux. Un signal positif qui donne des motifs d’espoir aux termes de l’adage selon lequel « ce que les tresses de femme décident la nuit, la barbe l’exécute le jour».
Pousdem Pickou