RESULTATS DES ELECTIONS LOCALES AU SENEGAL :Chaude alerte pour Macky Sall
Sale temps pour le président sénégalais Macky Sall. En effet, les résultats des élections locales qui viennent de se tenir dans le pays, ne sont pas bons pour lui. L’échec le plus retentissant aura été celui de son Premier ministre, Aïssata Touré. Elle a en effet perdu la bataille dans le Grand Yoff contre le maire socialiste sortant, Khalifa Sall. Cette débâcle du camp présidentiel n’est pas un non-événement. Certes, les élections locales sont des élections de proximité, d’individus, mais elles sont un baromètre pour mesurer le niveau de confiance, de foi que placent les électeurs en chaque candidat.
Il y a des leçons à tirer pour Macky Sall et son équipe
Tout comme celui des autres candidats du camp présidentiel, l’échec du Premier ministre qui avait pourtant le soutien de Macky Sall, est un échec du président lui-même. En tout cas, il devrait comprendre que si les Sénégalais n’ont pas voulu porter leur confiance sur ses candidats, surtout son Premier ministre, cela veut aussi dire qu’ils ne sont pas satisfaits de l’action de son gouvernement. Il faut aussi avouer que cet échec trouve ses origines dans le fait que de nombreux Sénégalais qui n’ont pas été satisfaits sous les mandats de Abdoulaye Wade, attendaient beaucoup de Macky Sall. Ils voyaient en lui le messie et cela était de nature à décupler chez eux le risque de désespoir si l’action du gouvernement venait à ne pas être à la hauteur de leurs attentes. C’est une secousse électorale et il y a donc des leçons à tirer pour Macky Sall et son équipe.
Mais au-delà de cette sérieuse alerte pour le chef de l’Etat sénégalais, c’est la maturité démocratique du pays qui retient le plus l’attention. En effet, la rapidité avec laquelle les résultats sont tombés, prouve que le Sénégal entend rester durablement dans la cour des grands en matière de démocratie. Les élections locales avec leur pluralité de candidats, nécessitent beaucoup de travail en matière de dépouillement, bien plus que les présidentielles. C’est connu. Pourtant, les Sénégalais ont pu donner les résultats dans des délais qui forcent l’admiration. Ce d’autant plus que sous nos tropiques, l’art de faire traîner la publication des résultats des consultations électorales relève du normal. La chose paraît si normale que très peu d’efforts sont faits pour que la donne change. C’est même un moyen pour bien des gouvernants de gagner du temps pour manipuler les chiffres au besoin, en leur faveur, en s’octroyant au passage des scores staliniens.
Le Sénégal a donc une fois encore montré la voie à suivre en matière de démocratie à bien des Etats africains.
Il faut espérer que ce nouvel exemple sénégalais fasse tâche d’huile en Afrique
En effet, de nombreux Etats africains font pâle figure face au Sénégal en matière de qualité dans l’organisation des consultations populaires. Dans ces Etats, il y a une pratique bien établie chez les dirigeants, qui veut qu’on n’organise pas une élection pour la perdre. En d’autres termes, tout est mis en œuvre pour que le parti au pouvoir sorte vainqueur de toute élection organisée dans le pays. On prend des dispositions pour laisser aux opposants juste une toute petite portion des voix pour pouvoir étayer l’argument selon lequel on a organisé des élections libres, ouvertes et transparentes.
Le pays de Léopold Sédar Senghor joue donc dans la cour des grands en matière de démocratie et c’est tout à son honneur. C’est un Etat responsable où Pouvoir et Opposition jouent un jeu suffisamment loyal sous l’arbitrage clairvoyant d’un peuple qui a donné toutes les preuves de sa maturité politique. En effet, c’est le peuple sénégalais qui a pris la décision de changer le pouvoir de camp, en élisant Abdoulaye Wade après le pouvoir de Diouf. C’est le même peuple qui, lassé des turpitudes de Gorgui, a su faire bloc pour le renvoyer de la présidence au profit de Macky Sall en 2012. Au Sénégal, on connaît l’engagement des individus et des mouvements de la société civile, qui permet la publication immédiate des résultats des élections par bureau de vote, grâce à la magie des technologies de l’information et de la communication. Cet engagement contribue non seulement à accélérer la publication des résultats officiels, mais aussi à rendre périlleuse, voire impossible toute tentative de tripatouillage desdits résultats. C’est dire que c’est un peuple qui sait ce qu’il veut et qui détient effectivement le pouvoir, comme l’exige toute gouvernance démocratique qui se respecte.
Il faut espérer que ce nouvel exemple sénégalais fasse tâche d’huile chez ses voisins et partout en Afrique. Que les élections soient traitées avec le plus possible de transparence, de diligence et d’honnêteté. Que ceux qui ont vraiment perdu une élection la perdent et que ceux qui l’ont réellement gagnée, la gagnent, en toute transparence. C’est l’un des moyens les plus sûrs pour l’avènement d’une démocratie apaisée et constructive en Afrique.
« Le Pays »