RETRAIT DES USA DE L’OMS ET SUSPENSION DE L’AIDE ETRANGERE : Encore une occasion pour l’Afrique de s’assumer
Visiblement, le 47e président des Etats-Unis d’Amérique n’aura pas perdu de temps pour donner le ton de sa nouvelle gouvernance. En effet, à peine intronisé, il a pris une série de décrets et pas des moindres, certains prévoyant, notamment la sortie de l’accord de Paris sur le climat, la grâce des assaillants du Capitole. Mais l’un des décrets qui aura fait le plus de bruit, c’est assurément celui visant le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cet organisme de l’ONU dont il est pourtant l’un des membres fondateurs. Les réactions suite à cette mesure qui a provoqué un tollé général, ont, elles aussi, été immédiates. Une décision présidentielle ‘’cataclysmique’’, s’offusquent les uns ; ‘’une blessure grave sur la santé mondiale’’, déplorent les autres. Quant à l’OMS, elle dit regretter la décision du président américain et souhaite que celui-ci revienne sur son décret signé le 20 janvier dernier, quelques heures seulement après son investiture. Et ce n’est pas tout. L’organisation se dit même prête à engager un dialogue «constructif» avec l’Administration Trump afin de maintenir ce partenariat et ce, au bénéfice de la santé et du bien-être de millions de personnes dans le monde.
Cette mesure du président républicain, est lourde de conséquences
C’est dire si le retrait annoncé des Etats-Unis de cette agence sanitaire mondiale de l’ONU, n’est pas sans susciter des inquiétudes réelles sur la scène internationale, notamment au sein des plus avisés sur les questions de santé. Mais contre vents et marées, le truculent milliardaire aux propos virulents, qui a accusé l’OMS «d’escroquerie» sur la question des vaccins contre la pandémie de la Covid-19, est décidé à parachever l’œuvre qu’il a entamée en 2020, alors qu’il était au terme de son premier mandat. En effet, Donald Trump avait déjà essayé de retirer son pays de cette organisation qu’il accusait, à l’époque, d’être contrôlée par la Chine. Mais l’initiative avait été freinée par l’Administration Biden qui ne voulait pas être comptable d’une telle décision.
Donald Trump est bel et bien dans son bon droit de penser essentiellement aux Américains d’autant qu’il respecte là, une promesse de campagne. Mais en prenant une telle décision, n’est-il pas en train de jeter le bébé avec l’eau du bain? C’est la question que l’on se pose au regard du rôle important que joue l’organisation onusienne dans les questions de santé mondiales, malgré les insuffisances que l’on peut lui reprocher. En tout cas, une chose est sûre : cette mesure du président républicain aura de lourdes répercussions. D’abord, pour l’organisation onusienne elle-même. A coup sûr, l’impact premier, notamment sera d’ordre financier. En effet, ce départ, s’il est acté, sera un coup dur pour l’OMS qui se verra délestée de son plus grand bailleur de fonds.
Cette situation pourrait considérablement limiter ses capacités d’action dans le monde entier, surtout dans les zones les plus dangereuses et les plus difficiles d’accès. Ce faisant, il ne sera pas aisé de sauver des vies humaines. Et puis, il ne faut pas oublier le rôle salvateur de l’OMS dans la lutte contre les épidémies et autres pandémies.
Bien des pays africains ont des systèmes de santé très fragiles
Et s’il y a un continent où la décision américaine pourrait faire très mal, c’est bien l’Afrique. Pour cause, en matière de santé, le continent est à la remorque des grandes puissances. En effet, bien des pays africains ont des systèmes de santé très fragiles avec des budgets qui reposent en grande partie sur des financements extérieurs. En plus de décider du retrait des Etats-Unis de l’OMS, le nouveau dirigeant américain envisage de suspendre l’aide étrangère. Même s’il dispose d’environ trois mois pour décider ou non d’acter la mesure, il faut, d’ores et déjà, croire que de nombreux projets sur le continent, pourront être tout simplement interrompus.
D’autant que beaucoup d’organismes américains interviennent en Afrique, notamment dans le domaine de la santé. On ne sera donc pas loin d’un scénario-catastrophe dans certains pays du continent si l’aide américaine venait à y être suspendue.
Mais à quelque chose, malheur est bon. Au lieu de s’apitoyer sur son sort en se plaignant des décisions du président américain dont le souci premier est de s’occuper de ses concitoyens, l’Afrique doit plutôt y voir une belle occasion de s’assumer pleinement. La souveraineté tant proclamée. est aussi à ce prix
En tout cas, comme le dit bien le proverbe, «celui qui dort sur la natte du voisin, dort à terre». C’est dire si le moment est venu pour les pays africains, de prendre véritablement leur destin en main, d’apprendre à pêcher le poisson au lieu de toujours l’attendre un bon samaritain qui, lui, n’agira jamais sans intérêt.
«Le Pays»