HomeA la uneREUNION DE LA BAD A SEOUL SUR L’INDUSTRIALISATION DE L’AFRIQUE

REUNION DE LA BAD A SEOUL SUR L’INDUSTRIALISATION DE L’AFRIQUE


Eviter le copier-coller

La Banque africaine pour le développement (BAD), institution panafricaine ayant pour but d’aider le continent africain à financer son développement, tient, depuis le 21 mai et ce jusqu’au 25 du mois, ses assemblées annuelles 2018 à Busan en Corée du Sud. La délocalisation hors du continent de la rencontre, aurait été des plus curieuses si le thème à l’ordre du jour des échanges n’avait pas été l’industrialisation, un domaine où l’Afrique a le plus à apprendre du dragon du Pacifique. Pour la BAD, il s’agit donc de profiter de l’expérience de la Corée pour amorcer l’industrialisation de l’Afrique qui apparaît aujourd’hui comme une priorité stratégique pour accélérer le développement.
A priori, l’on ne peut remettre en cause le choix ainsi motivé de l’institution financière panafricaine. Car la Corée du Sud, dans les années 1960, présentait des perspectives industrielles moins favorables que la plupart de certains pays d’Afrique, mais elle a réussi à se défaire de ses handicaps pour se hisser au sommet des nations développées, se construisant une solide renommée internationale à travers ses produits électroniques de haute gamme comme Samsung, par exemple. L’expérience sud-coréenne a donc de quoi épater toute l’Afrique qui représente à peine 2 % de la production industrielle mondiale, et elle veut s’inspirer du miracle sud-coréen pour jeter les bases de son industrialisation.

Cela dit, la question que l’on peut se poser est de savoir si l’Afrique remplit objectivement les conditions d’un vrai décollage industriel, à l’instar de la Corée du Sud. A priori, l’on peut répondre par l’affirmative. Car, le continent regorge de richesses minières et dispose d’un dynamisme démographique qui en fait une importante source de main-d’œuvre et un marché de consommation très porteur.

Il s’agit, pour l’Afrique, de tirer les fondamentaux structurants de sa transformation industrielle

Mais le hiatus avec la trajectoire nord-coréenne réside dans le fait que l’Afrique n’arrive pas à se libérer du diktat des multinationales et autres entreprises internationales, passées maitres dans la production des prêts-à-porter qu’elles exportent et imposent aux pays du continent. Le second hic est qu’en Afrique, c’est le manque de vision et la mauvaise gouvernance. En effet, alors que les élites s’enferment dans des modèles d’industrialisation, alimentées par un nationalisme étriqué, les têtes couronnées du continent ne rêvent que de pouvoir à vie et y consacrent toutes les ressources des pays au détriment des leviers qui devraient permettre d’accélérer le développement que sont prioritairement la mobilisation des capitaux, la formation qualifiée de la main-d’œuvre, la résolution du problème énergétique et la création des infrastructures de communication.
Cela dit, l’Afrique devrait éviter à tout prix le «copier-coller», même si l’expérience sud-coréenne est bluffante. La Corée du Sud n’a pas la même histoire que le continent africain. Elle a largement bénéficié des financements américains pour éviter une paupérisation qui aurait pu la disposer à la contagion communiste du voisin du Nord et dans le cadre de l’endiguement de l’influence chinoise dans le pacifique. Il s’agit donc, pour l’Afrique, de tirer de cette expérience coréenne différente, les fondamentaux structurants de sa transformation industrielle tout en évitant de s’enfermer dans une camisole de force. L’Afrique devrait aussi et surtout garder en tête que les produits sud-coréens dont elle est sous le charme, proviennent des matières premières du continent et que la Corée du Sud participe au pillage de nos ressources comme les autres puissances mondiales.

SAHO


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