HomeEchos des provincesRISQUE DE DETERIDRATION DU RIZ ETUVE STOCKE : L’UNERIZ lance un appel pressant à la SONAGESS

RISQUE DE DETERIDRATION DU RIZ ETUVE STOCKE : L’UNERIZ lance un appel pressant à la SONAGESS


Les étuveuses de riz du Burkina traversent des moments de grande angoisse depuis quelques mois.   Dans les unions départementales, des tonnes de riz étuvé  destiné à la consommation  sont stockées dans les magasins, sans la moindre idée de la date d’écoulement de ces produits locaux.  La Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire (SONAGESS), grand client de l’Union nationale des étuveuses de riz (UNERIZ)  qui a signé un contrat d’achat de plusieurs tonnes de riz étuvé, n’a pas encore commencé à se ravitailler. Du coup, avec la saison hivernale qui s’installe peu à peu, les risques de détérioration du riz étuvé stocké, les soucis de conservation des tonnes de riz étuvé ainsi que les risques réels de mévente stressent les étuveuses de riz qui appellent instamment les autorités à se pencher sur leur situation afin d’éviter le pire pour les étuveuses et les productrices de riz. Nous avons fait le tour de trois unions départementales d’étuveuses de riz pour toucher du doigt la réalité, les 2 et 3 juin 2017 à Bama et à Banzon dans la province du Houet et à Douna dans la province de la Léraba.

180 tonnes de riz étuvé stocké dans les magasins à Bama, plus de 100 tonnes de riz étuvé stocké dans les magasins à Banzon et 30 à 40 tonnes de riz décortiqué stocké sous un hangar, plus de 70 tonnes de riz dans des sacs de 100 kg  dans les magasins à Douna. C’est le constat que nous avons fait les 2 et 3 juin 2017, à notre passage dans les centres d’étuvage des trois localités, à savoir Bama, Banzon et Douna.

 

Une grande partie des différents stocks de riz est destinée à la SONAGESS qui n’a jusque-là pas signé les contrats d’achat

 

Lorsque nous avons voulu comprendre, par endroits, les étuveuses nous laissent nous émerveiller devant les centaines de tonnes de riz étuvé transformé ou décortiqué, entreposé en sacs dans les magasins. Pourquoi tant de stock de riz non encore écoulé ? La réponse est sans détour, dans une sorte d’agacement mêlé d’inquiétude chez la présidente de l’UNERIZ, Mariam Sawadogo. Une grande partie des différents stocks de riz est destinée à la SONAGESS qui n’a jusque-là pas signé les contrats d’achat, alors qu’elle a lancé la commande depuis fin 2016, nous a-t-elle confié. En effet, depuis décembre 2016, la SONAGESS a fait une commande de riz étuvé auprès de l’UNERIZ qui devrait, à partir des unions départementales, lui livrer les quantités de riz demandées après signature des contrats d’achat.  Depuis ce temps donc, les étuveuses de riz se sont employées à apprêter les quantités de riz commandées par la SONAGESS sur la base des commandes reçues, en attendant la signature des contrats d’achat au profit des Unions. En mars 2017, les étuveuses, à travers leurs différentes unions, ont signé des contrats de livraison de riz étuvé sur la base de la commande faite par la SONAGESS, chaque union son tonnage. Quant à la SONAGESS, après réception des contrats des unions des étuveuses, elle devrait à son tour signer les contrats d’achat qu’elle devrait leur faire parvenir afin que celles-ci conditionnent le riz étuvé dans des sacs SONAGESS de 50 kg qu’elles vont acheminer ensuite à Ouagadougou, à bonne date, selon les explications des étuveuses de riz. Mais, jusqu’au 3 juin dernier, la SONAGESS n’avait encore fait parvenir à aucune des unions un contrat d’achat de riz étuvé.  Une situation incongrue que Mariam Sawadogo et ses collègues n’arrivent pas à comprendre jusque-là, puisque, d’habitude, la signature de contrat n’excédait pas 30 à 45 jours. « Nous avons approché la SONAGESS où on nous a fait savoir qu’il y a des changements en cours à la SONAGESS. Nous n’en savons rien et nous ne comprenons pas pourquoi jusqu’à aujourd’hui, la SONAGESS n’a pas encore payé le riz étuvé qu’elle a pourtant commandé », affirme-t-elle. Visiblement agacées et apeurées du fait de la saison hivernale qui s’est installée, les étuveuses de riz n’ont pas caché leurs craintes. « Avec l’humidité, le riz conditionné dans les sacs doit être resseché. Cela fait perdre du temps, parce qu’il y a encore du riz qu’il faut étuver. L’hivernage s’est installé, il faut libérer les femmes qui travaillent au centre pour qu’elles retrouvent le chemin des champs. Nous demandons à la SONAGESS d’accélérer la signature des contrats, puisque c’est après le paiement du riz par la SONAGESS que les étuveuses sont rémunérées. Actuellement, tout cela attend », a confié Léotitia Meda, gestionnaire du centre d’étuvage de riz de Douna. Le riz stocké dans les magasins ou sous les hangars peut subir l’effet de l’humidité, si ce n’est l’eau de pluie qui va détruire la denrée, a fait observer plus d’une, ce qui va constituer une perte considérable.

 

La SONAGESS, meilleure cliente des étuveuses de riz

 

Les unions se sont endettées auprès des banques pour acheter la matière première (le riz paddy) chez les producteurs (trices)  de riz. A titre d’exemple, l’Union départementale des étuveuses de riz de Douna est endettée à hauteur de 43 000 000 de F CFA. Celle de Bama doit rembourser un crédit de 50 000 000 de F CFA à la banque et le remboursement devrait commencer le 15 mai 2017, selon Mariam Sawadogo.  Même endettement pour l’Union départementale des transformatrices et étuveuses de riz de Banzon,  qui doit quelque 55 000 000 de F CFA à la banque.  « Lorsque l’échéance de remboursement du crédit arrive à terme et que vous n’avez pas payé, il y a des pénalités que vous payerez à la banque », nous a-t-on signifié sur le terrain. Avec le non- écoulement des stocks de riz, les activités sont quasiment paralysées dans les centres d’étuvage et les étuveuses qui comptaient sur la vente de riz pour espérer faire face à certaines charges familiales, sont dans l’embarras. La SONAGESS est le plus grand acheteur de riz étuvé, le plus gros client de l’UNERIZ, soit 80% des achats, selon Ibrahim Zerbo, agent commercial à l’UNERIZ.  Pour l’année 2017, la signature d’un contrat d’achat de 1 400 tonnes de riz est attendue de la SONAGESS.  Les étuveuses ont lancé un appel aux autorités pour que le contrat d’achat de riz de la SONAGESS soit exécuté le plus vite possible afin d’éviter la détérioration des stocks de riz, la mévente ou  l’arrêt total des travaux dans les centres d’étuvage. Ce qui aurait de graves conséquences pour les étuveuses et les productrices de riz.

 

Lonsani SANOGO

 

 

 

 


No Comments

Leave A Comment