HomeA la une RUMEUR PERSISTANTE SUR LA MORT DE L’HOMME FORT DE TOBROUK

 RUMEUR PERSISTANTE SUR LA MORT DE L’HOMME FORT DE TOBROUK


Que serait la Libye sans le maréchal Haftar ?

En Libye, c’est toujours l’incertitude autour de l’état de santé du maréchal Khalifa Haftar, qui inquiète au point d’alimenter les supputations. En effet, alors que son entourage se montre discret sur la question, depuis la confirmation, il y a quelques jours, de son hospitalisation dans un hôpital parisien, les rumeurs les plus folles circulent en Libye où des salafistes accusent l’ANL (Armée nationale libyenne) de cacher la mort de l’homme fort de Tobrouk, à l’Est du pays. Ainsi, le 15 avril dernier, ils ne sont pas passés par quatre chemins pour affirmer sur les réseaux sociaux, que «la vérité sur la mort du maréchal, n’est plus un secret pour personne », invitant du même coup les autorités de la région « à ne pas mentir sur le sort de Khalifa Haftar et à annoncer son décès aux Libyens ».

L’homme fort de l’Est, un personnage pratiquement incontournable dans la résolution de la crise libyenne

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le sort du maréchal Haftar est loin de laisser les Libyens indifférents. Comment le pourrait-il, quand on sait comment l’homme a pesé de tout son poids dans la « stabilisation » de la Libye post-Khadafi, plus spécialement la région de l’Est qui avait été mise sous coupe réglée par des groupes armés et dont il a réussi à prendre le contrôle, à la tête de combattants parmi lesquels on compte de nombreux salafistes sur lesquels il s’est beaucoup appuyé pour combattre les islamistes ? En vérité, beaucoup plus que le gouvernement d’union nationale du Premier ministre,  Fayez al-Sarraj, qui peine véritablement à installer son autorité à Tripoli, malgré le soutien des Occidentaux, l’homme fort de l’Est a la particularité d’avoir su tenir ses troupes et les territoires sous son contrôle, au point de devenir un personnage pratiquement incontournable dans la résolution de la crise libyenne. L’on comprend alors que si un tel homme venait à disparaître, cela pourrait changer la donne politique au pays de Kadhafi. C’est pourquoi l’on ne peut s’empêcher de se demander ce que serait la Libye aujourd’hui, sans le maréchal Haftar. La question est d’autant plus pertinente que s’il venait à disparaître, la question de sa succession risque de se poser au sein de son armée de combattants dont il semble être aujourd’hui le principal ciment. Et les agitations des salafistes qui constituent une part non négligeable de ses forces, avec plusieurs brigades actives et de nombreux officiers nommés à des postes de hautes responsabilités, sont peut-être les signes avant-coureurs d’une guerre de positionnement dans l’optique de la succession du maréchal. Et il y a lieu de craindre que cela n’ait des répercussions dommageables sur le pays. Car, dans le meilleur des cas, on pourrait assister à des tiraillements internes qui risquent de fragiliser ses troupes et, au pire des cas, à un éclatement de cette armée, avec la prolifération de groupes armés cherchant, chacun, à contrôler une partie du territoire. Un tel scénario-catastrophe serait un coup dur pour la Libye. Ce n’est donc pas souhaitable, car ce serait un recul dans la volonté de pacification et de réunification du pays. Même si aujourd’hui, l’homme fait quelque peu de l’ombre au gouvernement d’union du Premier ministre Fayez al-Sarraj, il y a lieu de lui reconnaître le mérite d’avoir mis un peu d’ordre dans le chaos libyen où après l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le pays était transformé en une sorte de vaste arène où tout le monde se battait contre tout le monde.

Un tel homme ne se remplace pas au pied  levé

Il s’est imposé non  seulement en prenant le contrôle de la situation et en contraignant de nombreuses milices à rentrer dans les rangs, mais aussi en réussissant le tour de force de passer pour un homme avec qui il faut compter, à défaut d’avoir pu se placer comme l’homme de la situation, accepté par tous.  Par ailleurs, en réussissant à se faire une certaine reconnaissance internationale, l’homme a fini de prouver qu’il est un pion essentiel dans la sphère politique libyenne qui, en plus de la force militaire dont il dispose et des appuis politiques extérieurs qu’il a réussi à se tisser, s’est aussi assuré une force financière par le contrôle des terminaux pétroliers du golfe de Syrte. C’est dire si sans être un chef d’Etat, Khalifa Haftar en a presque tous les attributs. L’on comprend alors pourquoi tout ce mystère autour de son état de santé. Car, outre les enjeux politiques pour combler le vide qu’il laisserait en cas de disparition, la question de la santé des dirigeants et autres personnalités de haut rang, reste un sujet délicat voire tabou en Afrique. Aujourd’hui, la Libye a besoin d’un homme de consensus pour remettre le pays sur les rails. Or, en plus de bénéficier de la confiance de nombreuses tribus et autres milices, le maréchal Haftar semble avoir gardé une certaine proximité avec Saïf al Islam, le fils du Guide. Un tel soutien n’est pas rien, surtout que Saïf semble avoir gardé toute son aura et toute son influence sur certaines populations. Un tel homme ne se remplace donc pas au pied  levé et l’on comprend pourquoi toute cette omerta autour de son état de santé.

« Le Pays »


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