SACCAGE D’UN CENTRE D’ISOLEMENT AU LIBERIA :Ebola a encore de beaux jours devant lui

Le dimanche 17 août 2014, un fait étrange a eu lieu dans la capitale libérienne, Monrovia. Dans cette ville en proie au virus Ebola, des hommes armés de gourdins, et scandant des slogans hostiles à la présidente Ellen Johnson Sirleaf, ont saccagé un centre de soins temporaire qui accueillait des malades du virus, arguant qu’il n’y avait pas d’épidémie Ebola dans leur pays.

 

Les jeunes vandales ont été mal inspirés

 

Qu’est-ce qui a bien pu pousser ces jeunes à agir de la sorte ? Cet acte, qui dépasse l’entendement et la rationalité par ces temps qui courent, est-il l’expression d’un sentiment de frustration ou de colère face à l’envahissement du centre par des malades venant d’horizons divers, une défiance de l’autorité de l’Etat ou une dénégation de la maladie dont on sait que certains doutent encore de l’existence ? En tout cas, avec ce développement, l’on peut dire que le virus Ebola a encore de beaux jours devant lui, car ce n’est pas demain la veille que l’on en viendrait à bout.

Quoi qu’il en soit, ces jeunes vandales, qui ont même emporté certains matériels, ont été mal inspirés, car les conséquences de leur action sont désastreuses, surtout avec la quinzaine de malades qui ont pris la poudre d’escampette, et qui sont de véritables foyers ambulants du virus. Déjà, dans leur fuite, ces derniers ont bien pu contaminer d’autres personnes. Et tant qu’ils resteront dans la nature, ils constitueront une véritable menace car, il y a lieu de craindre une propagation plus rapide de la maladie, dans une ville qui compte environ un million d’habitants. Or, l’Organisation mondiale de la Santé vient de déclarer qu’elle focalisait ses efforts sur ce pays qui compte, au bas mot, environ 410 victimes sur le millier de morts dans la sous-région. Cela pourrait, du reste, bien se comprendre, pour espérer donner une riposte conséquente, dans la mesure où le fameux sérum américain Zmapp qui y est en expérimentation, reste aujourd’hui le seul espoir connu de vaincre la maladie. Aussi, cette action vient mal à propos, car elle vient quelque peu saper les efforts entrepris jusque-là.

 

Les autorités sont appelées à plus de vigilance

 

Mais les autorités libériennes ne sont pas non plus exemptes de tout reproche, malgré les efforts fournis. Transformer un lycée de banlieue en centre d’isolement, n’est certainement pas l’idée la plus brillante qui soit, même en ces temps de vacances scolaires. Primo, la proximité avec les habitations, dans un environnement où les mesures d’hygiène laissent à désirer, ne met pas les populations riveraines à l’abri. Secundo, tout porte à croire qu’il n’y avait pas de mesures d’accompagnement conséquentes, notamment en termes de sécurisation du site, compte tenu de la menace. Tertio, si les locaux ne sont pas, après utilisation, correctement désinfectés, il faudra craindre, avec la rentrée qui s’annonce, que ce centre ne devienne un foyer de propagation plus rapide du virus. Et connaissant le laxisme légendaire des gouvernants africains, une telle éventualité n’est pas à écarter. D’un autre côté, l’on peut se demander aussi si la sensibilisation a été bien faite, et si le message est vraiment passé, face à certaines résistances de populations qui mettent en doute l’existence même de la maladie, malgré les ravages qu’elle fait dans le pays. Certes, il s’en trouvera toujours des têtes brûlées qui refusent de croire en l’existence d’Ebola comme on en trouve qui nient l’existence du SIDA. Pour preuve, le SIDA, la vache folle, la grippe aviaire sont autant de maux qui ont aussi connu le scepticisme de certaines populations. La conséquence est que cela a favorisé la propagation de ces maladies et en a augmenté le nombre des victimes.

La situation est donc suffisamment grave et les autorités sont appelées à plus de vigilance, car il ne faudrait rien négliger. A défaut, les efforts qui sont faits en amont pour contrer la maladie risquent d’être compromis en aval. C’est aussi le lieu de penser à mieux sécuriser les centres d’accueil, pour éviter la répétition de ce genre de situations.

 

Outélé KEITA