HomeA la uneSITUATION NATIONALE : La transition, victime de ses péchés originels

SITUATION NATIONALE : La transition, victime de ses péchés originels


Les organisations de la société civile favorables à la transition ont tenu le samedi 7 février dernier,  un meeting à la place de la Révolution pour dénoncer les agissements du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). A l’unanimité et en des termes univoques et courageux, elles ont appelé à juste titre à son démantèlement. Malheureusement, cette fermeté et cette clarté n’ont pas été observées du côté des formations politiques, parties prenantes de la transition. Certains responsables de   partis ont tenu sur le sujet, des propos dont le clair-obscur pourrait être interprété comme de la couardise et de la lâcheté politiques. Pourtant, l’occasion était belle pour eux d’appeler le chat par son nom, pour peu qu’ils aient le souci de construire sur les ruines du système Compaoré, un bel édifice démocratique. En effet, dans aucun pays démocratique ou qui aspire à l’être, les oukases du RSP ne peuvent être tolérés. Et les partis politiques qui gèrent les organes de la transition, à l’exception de quelques uns, ne l’ont pas fait de manière tranchée. Certains sont allés jusqu’à dire que les mouvements d’humeur au sein du RSP sont des questions purement militaires.

Cette lecture des événements est une absurdité politique qui pourrait rattraper leurs auteurs, une fois au pouvoir. Les oukases du RSP sont d’autant plus inadmissibles qu’ils portent sur des nominations de personnalités militaires qui, d’une manière ou d’une autre, ont joué un rôle de premier plan dans la gestion autocratique et répressive du pays par Blaise Compaoré et qui se sont employés, après sa chute, à sécuriser sa sortie du territoire national. Certains de ces officiers qui sont aujourd’hui à la manœuvre à Kosyam, l’ont même accompagné en Côte d’Ivoire et au Maroc, puis sont revenus  en toute impunité reprendre les rênes du RSP, comme si les événements des 30 et 31 octobre 2014 n’étaient qu’une brise anodine. Ces officiers, de part la seule volonté du RSP, sont désormais, peut-on dire, les yeux et les oreilles de Blaise Compaoré auprès du président Michel Kafando. C’est le cas du lieutenant-colonel Moussa Céleste Coulibaly, ex-aide de camp de l’ancien président, nommé à la tête du RSP et du colonel Boureima Kiéré, fidèle parmi les fidèles de Blaise Compaoré, promu au poste de chef d’Etat-major particulier à la présidence du Faso.

Rien que ces deux nominations sur injonction du RSP suffisent pour battre en brèche l’idée selon laquelle plus rien ne sera comme avant. En effet, dites-nous, messieurs de la transition, comment  vous allez parvenir à sortir des placards les dossiers sales du système  Compaoré, tout en plaçant à des postes hautement stratégiques des personnalités militaires qui ont servi jusqu’au bout Blaise Compaoré, et qui seraient, à ce que l’on dit, toujours en contact avec lui.

La transition est en train de danser sur un volcan

A partir de ces postes, de toute évidence, ces officiers ont la latitude de faire barrage à la soif du peuple burkinabè de voir élucidées les zones d’ombre de la gouvernance de Blaise Compaoré. S’il y a un homme dont personne ne doit envier le sort aujourd’hui, c’est bel et bien Michel Kafando.

Car,  voici un président qui ne l’est que de nom et qui, de ce fait, se verra obligé, sous peine de subir le  même traitement humiliant qui avait été réservé au président de la transition malienne, Dioncounda Traoré par les sbires du général Sanogo, de se faire tout petit à Kosyam pour ne pas irriter ses plus proches collaborateurs militaires. De ce point de vue, ces nominations peuvent être lues comme une tentative de restauration du système Compaoré. De ce fait, la transition est en train de danser sur un volcan. Et si l’on n’y prend garde, Blaise Compaoré et ses partisans récupèreront ce qu’il ont perdu les 30 et 31 octobre 2014,  par la volonté du canon. Et le réveil des acteurs sincères de la transition sera douloureux, parce que Blaise Compaoré ne leur accordera pas la même mansuétude qu’ils sont en train d’observer vis-à-vis de ses partisans. Tous les disciples de l’angélisme politique, au sein des organes de la transition, qui prêchent à tout va, l’inclusion et le pardon sans condition, sont prévenus.

Cela dit, ce retour en grâce annoncé de Blaise Compaoré via le RSP et ses partisans politiques dont certains ont déjà poussé l’indécence morale et politique jusqu’à ne retenir de lui que l’image de « bâtisseur »,  était dans l’ordre  naturel des choses. En réalité, la transition est en train de payer l’addition de ses péchés originels. Et ceux-ci sont, entre autres, celui d’avoir laissé l’armée confisquer la révolution du peuple, celui d’avoir permis aux hommes forts du RSP d’organiser et de sécuriser la fuite de Blaise Compaoré et de celle de son clan, et le péché de n’avoir pas travaillé dans l’immédiat à créer les conditions pour le démantèlement du RSP avec lequel, Blaise Compaoré lui-même avait, par moments, maille à partir. Si le RSP a pu sévir contre son géniteur, contre qui ne sévira-t-il pas aujourd’hui et demain ? De ce qui précède, la question prioritaire n’est pas d’organiser coûte que coûte et à n’importe quel prix des élections, fussent-elles transparentes, comme beaucoup de gens le laissent entendre aujourd’hui, mais de tout faire pour que la « Compaorose » ne revienne plus jamais au Burkina.

Et toutes les pathologies de cette « Compaorose » sont connues. L’heure n’est pas de les égrener sous forme de tirades en se lamentant, mais de leur apporter des traitements à la hauteur des attentes des insurgés des 30 et 31 octobre. Et la dissolution du RSP, comme l’exigent les organisations de la société civile, pourrait aller dans ce sens. Michel Kafando, avec le soutien sans faille du peuple burkinabè, pourrait y arriver. Mais pour cela, il lui faut une bonne dose de courage politique et de patriotisme. Les aura-t-il ? L’histoire nous le dira.

Pousdem PICKOU


Comments
  • Cet article est Claire comme l’eau de roche. Merci et félicitations!

    8 février 2015
    • Bonjour
      je suis ici depuis peu , et donc je ne ferais aucune critique , le fait de venir au Burkina Faso pour y travailler et ton choix bien réfléchis, je ressens une tension permanente dans le pays , et je peux le comprendre les gens sont divisés et attente beaucoup.
      Mais je suis persuadé que c est unis que les choses avanceront, il y a tant de choses a faire dans ce beau pays

      10 février 2015
  • Merci pour votre analyse. Les propos de certains responsables de partis ont été. C’est comme s’ils n’avaient pas encore une bonne lecture des évènement que notre pays a connu, notemment la soif de changement de gouvernance. Le RSP n’a pas sa place dans nouvelle gouvernance car ce corps et ces hommes ont été formatés pour sa protection et celle de son clan et de son système. Voilà pourquoi le RSP et ses éléments n’ont jamais hésité à exercer la violence contre quiconque était comme une menace jusqu’aux tueries des 30 et 31 octobre dernier.

    9 février 2015
  • Merci pour cette analyse. Les déclaraions de certains responsables politiques sont décevants. En effet ils donnent le

    9 février 2015
  • Merci pour cette analyse. Les positions sur le RSP de certains hommes politiques sont décevant. Ils donnent le sentiment d’une mauvaise lecture des évènement que notre pays a connu notemment la soif d’une nouvelle gouvernance. Et le RSP, l’un des piliers du système Blaise Compaoré, n’a pas sa place dans cette nouvelle gouvernance. Pourquoi? Parce que le RSP et ses hommes ont été formatés pour la protection de l’ancien président, de son clan et de son système. Ce formatage a conduit le RSP et ses hommes à exercer la violence contre quiconque était comme une menace jusqu’aux tueries des 30 et 31 octobre dernier.

    9 février 2015
  • Après le avoir mis de l’ordre au sein du RSP, le clan compaoré acceptera “une reforme” voir même une dissolution du RSP qui en réalité sera le parachèvement de sa main mise sur les autres composantes de l’armée national.

    9 février 2015
  • peut être que la classe politique a une autre lecture des événements parce qu elle a mieux approfondi la réflexion que vous.
    Le problème est plus complexe que vous l imaginez Hélas avec de tel propos vous nous tirez loin du véritable débat. Dommage

    9 février 2015
  • RSP DEGAGE

    9 février 2015
  • Ah ça, c’est un Edito. je partage à 100% du début à la fin. Le RSP, n’a pas sa place dans le Burkina Faso actuel. Le Président du Faso n’a pas besoin d’un bataillon de 1300 personnes pour assurer sa sécurité. Un bataillon spécialisé de la gendarmerie devrait suffire à gérer sa sécurité.
    Quand au RSP actuel, il faut le dissoudre, le délocaliser de son actuel site. Rédéployer au moins la moitié de ses hommes dans les autres démembrements de l’armée. Et l’autre partie, il faudra en faire une force d’élite spécialisée dans la lutte contre le terrorisme et dont le commandement sera assuré par d’autres personnes que les responsables actuels.

    9 février 2015
  • Le rsp(à travers leur message du jeudi 4 Février 2015) veut se maintenir coûte et coûte à Kosyam pour être payé de façon gracieuse. IL VEUT TOUJOURS BÉNÉFICIER DES GROSSES ENVELOPPES FINANCIÈRES DES PRÉSIDENTS A VENIR. COMME L’ÈRE Compaoré. Le BURKINA doit se mobiliser pour le départ événtuel du rsp de Kossyam à travers des meetings mensuels car le rsp reste et restera une Grave Entrave pour la démocratie dès que leurs intérêts(rsp) seront menacés.

    LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ DEMANDE LA DISSOLUTION IMMÉDIATE DU RSP SANS CONDITION.

    LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ DEMANDE LA DISSOLUTION IMMÉDIATE DU RSP SANS CONDITION.

    LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ DEMANDE LA DISSOLUTION IMMÉDIATE DU RSP SANS CONDITION.

    Non aux militaires criminels
    Non aux militaires déstabilisateurs
    Non aux militaires manipulés depuis Yamoussoko
    Oui à la dissolution effective du Rsp
    Oui aux militaires recadrés contre le terrorisme
    Oui aux militaires recadrés contre le grand banditisme
    Oui à une armée indivisible et républicain.

    A NOS MARTYRS QU’ILS SE REPOSENT EN PAIX. QUE JUSTICE LEUR SOIT RENDUE RAPIDEMENT.

    VICTOIRE TOUJOURS AU BRAVE PEUPLE
    VIVE LA DÉMOCRATIE AU FASO
    VIVE LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ

    9 février 2015
  • Surtout les propos de Mr Roch Christian Kaboré du MPP et Ram Ouédraogo ont été empreintes de lacheté et de tentative de rapprochement avec le RS

    9 février 2015
  • ces hommes ont servis l’institution qui est la présidence du Faso et non la personne de Blaise. Ils ont accomplis leur mission avec Blaise et sont là pour continuer a travailler pour leur pays. Le RSP est une unité d’élite qui est plus que nécessaire actuellement en ces temps de “boko haram et autre” on peut les attacher de la présidence sans dissoudre le corps. Les colonels Kere et Coulibaly et Zida “votre saint” sont tous les éléments du RSP qui ont servis Blaise, si les deux premiers sont des ennemis du peuple, c’est que Zida en est un aussi.
    cultivons la paix et l’amour dans notre chère patrie.
    Vive le Burkina Faso, vive la transition

    9 février 2015
  • C’est bien et c’est clair. Ceux qui jouent à l’autruche, parce qu’il tourne la tête pour ne pas observer la réalité qui est en face (je pense à Roch Christian Kaboré d’abord) n’auront même pas d’yeux pour pleurer. La dispersion du RSP est la 1ère priorité. Pourquoi des militaires d’autres unités de l’armée (en lieu et place du RSP) ne pourraient pas fournir des éléments pour la sécurité du président? Je pense à la gendarmerie par exemple. A moins que l’on ne ressuscite la Garde Républicaine!

    9 février 2015
  • le RSP est un régiment de honte pour le Burkina. Une hydre maléfique dont les sautes d’humeur empoisonne la vie des Burkinabè. Et les Burkinabè ploient la tête lorsqu’il faut la relever haut et fièrement pour lui cracher dessus.

    9 février 2015
  • Ceux qui pensent que les pessimistes au depart du soulevement populaire tiraient sur l’ armee en ont plein le ventre maintenant. Le RSP ne peut pas etre asimile a notre armee. C’est un gang qui seulement mieux organise que les gangs des bas-fonds. La revolution du peuple a ete confisquee. Blaise fuit, protegee par sa garde pretorienne. Deux mois apres, ces memes complices qui ont deserte de fait l’ armee reviennent et orchestrent un mouvement d’ humeur pour recuperer leur chose. Et on voudrait qu’ on aie la naivete de croire que les choses vont changer. Arretez- la.

    9 février 2015
  • Merci pour cette analyse perpiscace ! Il faut absolument tuer la compaorose car cette gangrène est mortelle. Il faut amputer la partie déjà pourrie, c’est-à-dire le régiment d’insécurité présidentielle.
    Si personne ne nie l utilité de corps d élite dans une armée républicaine mise en place sur des règles scientifique on ne saurait accepter cette. Milice personnel de Blaise !

    9 février 2015
  • Désolé Mr Pickou d’habitude vous êtes un peu perspicace mais cette fois vous tombez dans le simplisme .Lorsqu’un pays traverse ce genre de situation difficile il faut savoir s’élever au delà des ressentiments personnels et de l’analyse primaire voire primitive . Si des pays cherche le paix avec une torche en plein c’est parce que certains de leurs acteurs politiques et de la société civile ont commis l’erreur de vouloir tout résoudre par les bras de fer . Non dans cette affaire il faut de la mesure car pour gâter c’est facile .C’est construire qui est difficile .Peut être que vous êtes jeunes sinon vous devez vous rappeler que tous les malheurs de la RCA ont commencé par un certain capitaine Anicet et ses hommes dans les années 1990. C’est une mauvaise gestion des mouvements de cette unité qui a démarré tous les problèmes de la RCA pays qui est rentré dans des soubresauts depuis lors jusqu’à aujourd’hui .Alors Mr en tant que journaliste donnez vous la peine de fouiner un peu et vous comprendrez l’intérêt à aborder cette question du RSP avec tact

    9 février 2015
  • Vraiment Zida a montrer qu’il est avec le peuple , Kere a etée identifier dans des crimes et coulibaly a été tres proche de blaise ces temps si il ne peuve plus prendre des poste de commandement.
    Pourquoi blaise et les gens du CDP sont contre Zida et soutienne kere et coulilibaly il y’a que des gens aveuglé qui continue de dire des chose absurde.

    9 février 2015
  • Monsieur le journaliste, vous avez le droit de ne pas aimer Blaise Compaoré, mais vous ne pouvez empêcher dautres Burkinabè de le considérer comme un Bâtisseur. Son régime a au moins permis au fondateur de votre journal de rentrer d’exil (il avait fui sous la Révolution) pour créer Le Pays. Reconnaissez au moins ça

    9 février 2015
    • n’oubliez pas non plus que la Révolution, c’était SANKARA-COMPAORE-LINGANI ET ZONGO.

      10 février 2015
  • NON AU RSP NON AU RSP NON AU RSP. ABBAT LE RSP ABBAT LE RSP ABBAT LE RSP qu’il dégage du pays. IL se sont discrédité eux même quant on verse de l’eau on ne peut plus le ramasser il faudra impérativement bouter le RSP hors du pays puis de l’AFRIQUE.

    10 février 2015
  • Notre pays a besoin d’un corps d’élite comme le RSP; pas seulement pour la sécurité PRESIDENTIELLE. Mais pour la sécurité du PEUPLE tout entier. Pour cela, je propose qu’on continue à former nos frères et enfants pour les affecter ensuite dans toutes les garnisons de notre pays. Bien sûre qu’il faut changer Sa dénomination. En temps de besoin on pourra les regrouper pour la circonstance et que chacun rejoigne sa garnison une fois la mission achevée.
    Que nos présidents soient gardés à la fois par des éléments de trois corps d’habillés: l’ARMEE-la GENDARMERIE et la POLICE NATIONALE.

    12 février 2015
    • mon frere, tu as raison et ce sera parfait si rsp actuelle acceptait et que le president kafando avait les coudés franches et l’autorité suffisante pour négocier? IMPOSER?……

      12 février 2015

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