HomeA la uneSOMMET DE NIAMEY SUR LA SECURITE : Vers un front infernal contre le terrorisme

SOMMET DE NIAMEY SUR LA SECURITE : Vers un front infernal contre le terrorisme


 

Niamey a abrité, le 24 janvier 2017, un mini-sommet sur la sécurité. Cette rencontre a permis aux chefs d’Etat du Burkina, du Mali et du Niger, d’accorder leurs violons en matière de lutte contre le terrorisme, le grand banditisme et la criminalité transfrontalière. On peut dire qu’on se dirige donc vers la mise en place d’un front infernal contre le terrorisme. Ce qui est de bonne guerre car l’insuffisance de coopération sécuritaire entre ces pays de la bande sahélo-saharienne, sert grandement les intérêts des terroristes et autres bandits qui écument la région. Quand on se penche sur le cas des terroristes qui, toutes proportions gardées, n’est pas bien différent de celui des bandits et autres criminels transfrontaliers aujourd’hui, on voit bien qu’il est aisé, pour les « barbus », de frapper un Etat en se servant du pays voisin comme base-arrière. C’est, du reste, ce qui s’est passé à Nassoumbou en décembre dernier dans le sahel burkinabè où les assaillants venus du Mali voisin, se sont dépêchés de retraverser la frontière, une fois leur forfait commis au pays des Hommes intègres. Le Burkina, le Mali et le Niger ont chacun servi de base-arrière aux ennemis de leurs voisins respectifs, les terroristes. Et ce, pendant très longtemps. Cette situation n’a que trop duré et il faut y remédier au plus vite en améliorant, entre autres,  le partage de renseignements entre acteurs de la lutte anti-terroriste dans les pays concernés. A la faveur des attaques répétées dans les localités frontalières de la zone, autoriser le droit de poursuite qui permette à chaque pays d’aller au-delà de ses frontières dans la traque des terroristes et autres délinquants transfrontaliers, est plus que nécessaire. Il va sans dire que la coopération sécuritaire entre forces de défense et de sécurité de divers pays, est aussi un atout non négligeable dans la prévention des actes terroristes et la traque des auteurs d’attentats. C’est, du reste, ce qu’a démontré la coopération entre le Mali et la Côte d’Ivoire, qui a permis d’opérer des arrestations au pays de Soundjata Kéita dans le cadre des enquêtes sur l’attaque de la plage de Grand-Bassam.

Avec le droit de poursuite, les terroristes voient leur liberté et leur marge de manœuvre se réduire de façon drastique

Quant au droit de poursuite, on peut se faire une idée sur ce que sa mise en œuvre entre deux ou plusieurs pays, peut avoir comme effets bénéfiques, en se référant à la lutte contre Boko Haram. En effet, depuis que les armées tchadienne et camerounaise ont été autorisées à franchir les frontières du Nigeria, Abubakar Sekhau et ses affidés ont le sommeil trouble. On a pourtant fraîchement en mémoire la démonstration de force de ce groupe terroriste quand chacune des armées concernées, était cantonnée dans les limites territoriales de son pays, pour affronter le fléau djihadiste. C’est dire qu’avec le droit de poursuite, les terroristes voient leur liberté et leur marge de manœuvre se réduire de façon drastique. Plus question, pour eux, de frapper un pays et de se sentir en sécurité dès qu’ils franchissent la frontière du pays voisin. La collaboration sécuritaire entre le Burkina, le Mali et le Niger est d’autant plus indispensable que la bande sahélo-sahélienne dans laquelle ils ont en commun une longue frontière, est infestée de terroristes. Et ces groupes eux-mêmes n’hésitent pas à se rendre service les uns les autres en cas de besoin. Ce serait donc une erreur pour les autorités qui doivent œuvrer à les neutraliser, de ne pas se donner la main. Il serait donc judicieux d’opérationnaliser des patouilles mixtes le long de frontières, d’échanger les informations utiles et en temps opportun. Et ces informations n’auront de plus-value que si elles sont de qualité et données à temps. De même, la traque doit être simultanée et coordonnée pour avoir toute l’efficacité requise. La lutte contre le terrorisme, le grand banditisme et la criminalité transfrontalière nécessite, comme on le sait, des moyens colossaux que chacun des pays ne peut pas parvenir à mobiliser à lui tout seul. Même avec la mutualisation de leurs efforts et moyens, les trois pays auront également besoin de l’appui d’autres pays partenaires. Cette coopération ne devrait donc être qu’une étape. En tout état de cause, les trois pays ne doivent pas lésiner sur les moyens et stratégies tant l’ennemi commun est redoutable et de taille. Comme le dit l’adage, « aux grands maux, les grands remèdes ».

Relwendé Auguste SAWADOGO


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