SYSTEME DE REMUNERATION DES AGENTS PUBLICS
Il faut crever l’abcès
Annoncée par le chef de l’Etat lors de son discours de nouvel an, la conférence nationale sur le système de rémunération des agents publics, a ouvert ses portes, le 12 juin dernier, à Ouagadougou. Si l’on peut polémiquer sur le schéma proposé, l’on ne peut, cependant, pas douter de la pertinence de cette conférence. Car, s’il est vrai que plus de 50% des recettes publiques sont consacrées à la masse salariale, cela voudrait dire que le Burkina est au bord du gouffre. Car, un pays qui n’est pas capable de réaliser des investissements, ne peut pas se développer. Mais, il convient de souligner tout de même que si l’on en est arrivé là, c’est parce que l’Etat s’est montré trop complaisant. Il faut bien le dire, il a manqué de vision. Mais comme le dit l’adage, il n’est jamais tard de bien faire. C’est pourquoi l’on se demande si la trentaine d’organisations syndicales qui se sont mises en marge de cette conférence, ont fait le bon choix. Car, l’histoire nous enseigne qu’en matière de négociations, aussi bien politiques que syndicales, la politique de la chaise vide n’a jamais payé. Cela est d’autant plus vrai que les décisions qui y seront prises, s’appliqueront à tous. C’est dire que les syndicats qui boycottent la conférence gagneraient à se raviser, d’autant que cette remise à plat du système de rémunération implique les autorités du pays et la Nation entière. De toute évidence, il faut un nouveau contrat social. Et plus tôt on le fera, mieux cela vaudra. La posture jusqu’au-boutiste que certains syndicats ont adoptée comme arme de combat, comporte des risques en ce sens que l’Etat pourrait, à un moment donné, se retrouver dans l’incapacité de payer les salaires des fonctionnaires. L’exemple le plus concret est celui du Tchad où les fonctionnaires avaient bénéficié d’une augmentation de salaire de 300 % en l’espace de 10 ans.
La nécessité de trouver un modus vivendi s’impose à tous
Aujourd’hui, le pays est incapable d’honorer les salaires de ses travailleurs. Quid du Gabon dont le président de l’époque, Omar Bongo, qualifiait les salaires versés aux travailleurs burkinabè, de perdiems ? L’Etat gabonais se « cherche » aujourd’hui. Franchement, certains Burkinabè font dans l’égoïsme. C’est pourquoi dame Rosine Coulibaly a maintes fois tiré la sonnette d’alarme. En vérité, à analyser de près l’attitude de certains travailleurs, on a le sentiment que tout ce qui les préoccupe, c’est de thésauriser, sinon, de sauvegarder leurs intérêts personnels au détriment de ceux des autres. Disons-le tout net. Le combat qui oppose le gouvernement aux syndicats n’est rien d’autre que celui de l’équité.
Cela dit, si certains syndicats persistent et signent, c’est peut-être aussi parce qu’ils estiment que le gouvernement ne donne pas toujours le bon exemple. Sans doute, y a-t-il lieu qu’il revoie sa copie. Cela dit, les richesses nationales ne peuvent pas être utilisées au seul profit des travailleurs car il faut aussi tenir compte des générations futures. Plus que jamais, les syndicats doivent comprendre que le contexte actuel oblige le gouvernement à mener une sérieuse réflexion sur la rémunération des agents publics. Si certains hommes politiques semblent soutenir les syndicats, c’est sans doute par pure démagogie. Le Burkina va droit dans le mur et il faut par conséquent crever l’abcès. Car, si l’on ne change pas de paradigme, on risque de tuer la poule aux œufs d’or. Or, si on en arrive là, l’Etat croulera. C’est pourquoi il est de bon ton que chacun mette de l’eau dans son vin afin que l’on puisse sauver ce qui peut encore l’être. Plus qu’une nécessité, c’est une obligation. Du reste, c’est un secret de Polichinelle que bien les sociétés privées ont mis la clé sous le paillasson, à cause des multiples luttes syndicales qui ont mis à mal l’économie nationale. Or, il faut avoir le courage de le dire, c’est le privé qui alimente les caisses de l’Etat. Que dire alors quand ce privé est à bout de souffle du fait des grèves perlées ? A ce rythme, il n’y aura même plus d’argent dans les caisses. C’est dire combien la nécessité de trouver un modus vivendi, s’impose à tous pour, non seulement sauver le secteur privé, mais aussi l’Etat.
Dabadi ZOUMBARA