HomeA la uneTOURNEE DU CHEF DE LA DIPLOMATIE UKRAINIENNE EN AFRIQUE : Dmytro Kouleba apportera-t-il la sécurité et le pain aux Ivoiriens ?

TOURNEE DU CHEF DE LA DIPLOMATIE UKRAINIENNE EN AFRIQUE : Dmytro Kouleba apportera-t-il la sécurité et le pain aux Ivoiriens ?


Le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba, est en visite officielle en Côte d’Ivoire pour parler de sécurité et agriculture. Dmytro Kouleba apportera-t-il la sécurité et le pain aux Ivoiriens ? On attend de voir. Mais une chose est certaine : l’Ukraine a une expertise avérée en matière d’agriculture, notamment la production du blé dont a besoin la Côte d’Ivoire pour réduire le prix de la baguette de pain qui, du reste, a failli créer des émeutes dans ce pays en proie aux menaces terroristes. Rappelons si besoin en était encore que le ministre ukrainien des Affaires étrangères a entamé sa tournée africaine d’un peu plus d’une semaine (du 4 au 13 octobre 2022), qu’il mettra à profit pour plaider la cause de l’Ukraine et renforcer la coopération entre son pays et le continent, au Sénégal. En plus clair, il s’agit de « consolider le soutien politique à l’Ukraine, des pays du Sud dans le contexte de l’agression russe », selon Kiev.  Le choix de Dakar pour donner le la à cette tournée africaine, n’est pas fortuit ; le président Macky Sall étant le président en exercice de l’Union africaine (UA).  Toute chose qui, immanquablement, fait de lui, un acteur-clé, un interlocuteur incontournable dans la stratégie de Kiev de se constituer un cercle d’amis et de soutiens face à la déferlante meurtrière russe.  Sauf que, on s’en souvient, dix-sept pays du continent, y compris le Sénégal, s’étaient abstenus de voter la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU sur l’Ukraine, qui exigeait de la Russie qu’elle « cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine ».  Ces pays se refusent ainsi à prendre parti dans cette guerre.  Une forte abstention qui sonnait en partie comme le retour sur le continent africain, de la politique de non-alignement des années 1960. En prenant une certaine distance par rapport au conflit, ces pays se gardent de s’engager dans un conflit qui ne les concerne pas directement.  Une posture heureuse, que de larges secteurs de l’opinion nationale africaine ont jugée sage.

 

l’Afrique n’en a pas fini avec ses propres problèmes

 

Bien évidemment, ce positionnement ne s’explique pas uniquement par la volonté de ces Etats de préserver une neutralité face aux deux belligérants.  Il traduit aussi, pour certains Etats africains, en phase avec le Kremlin, le désir de ne pas froisser leur puissant partenaire militaire russe.     Alors quelle chance pour le diplomate ukrainien, d’infléchir la position de ces pays africains concernés, à l’issue de sa tournée ? Macky Sall en sa qualité de président en exercice de l’UA, reverra-t-il sa position face aux arguments de son hôte ?  Même si le dirigeant sénégalais peut humainement éprouver de l’empathie pour le peuple ukrainien en ces durs moments de tourments, le mieux pour lui, serait de rester droit dans ses babouches de sorte à ne pas embarquer l’UA dans une affaire qui n’est pas celle de l’Afrique bien que cette guerre ne soit pas, il est vrai, sans conséquences pour le continent. Au demeurant, l’Afrique n’en a pas fini avec ses propres problèmes, notamment la grave crise sécuritaire qui continue de la secouer, particulièrement dans sa partie subsaharienne.  Une terrible infâmie qui continue de la prendre à la gorge et ce n’est pas la communauté internationale, en particulier l’Occident, qui aura franchement fait la preuve d’une solidarité agissante, loin s’en faut.   Quid, par exemple, du fameux G5 Sahel qui aura fini par être mis en bière, en grande partie à cause du manque de solidarité des grandes puissances face au défi sécuritaire au Sahel ?  En revanche, en réaction à la crise ukrainienne, on peut mesurer toute l’étendue de l’immense chaîne de solidarité déployée en soutien au peuple d’Ukraine, en termes d’équipements logistiques, d’armement, d’accompagnement financier, etc.  Il ne fait aucun doute que les pays africains gravement impactés par le terrorisme, auraient aujourd’hui assené un grand coup, sinon le coup de grâce à la bête immonde du Sahel, s’ils avaient bénéficié ne serait-ce que du quart du soutien immense et protéiforme apporté à l’Ukraine par l’Occident.

 

CBS


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