HomeOmbre et lumièreTROUSSEAU PEDAGOGIQUE POUR LES ENSEIGNANTS : Pourvu que la solution ne devienne pas le problème !

TROUSSEAU PEDAGOGIQUE POUR LES ENSEIGNANTS : Pourvu que la solution ne devienne pas le problème !


 

 

 

 

La signature du protocole d’accord entre la Coordination des syndicats de l’enseignement et le gouvernement, intervenue le   27 janvier dernier, a suscité un grand  ouf de soulagement au sein des populations, tant elles redoutaient, à juste titre, une année blanche. De tous les points qui ont été examinés favorablement, nous avons choisi de nous arrêter sur le point  lié à l’octroi d’un trousseau pédagogique aux enseignants. Il  sied, avant toute chose, de saluer la pertinence de la mesure. En effet, le trousseau pédagogique est  pour l’enseignant ce que représente l’arme pour le soldat. C’est un instrument de travail sans lequel l’enseignant court le risque d’être inefficace. C’est pourquoi il faut souhaiter que le trousseau pédagogique promis ne soit pas un leurre, juste pour se donner bonne conscience. A ce propos, l’on peut se permettre de suggérer quelques pistes. La première est de mettre à contribution les enseignants eux-mêmes et leurs encadreurs pédagogiques (instituteurs principaux, conseillers pédagogiques et inspecteurs) dans le listing des éléments du kit. Cette formule a l’avantage d’être participative. Il ne faudrait surtout pas confier le travail à des bureaucrates ou autres financiers, car ceux-ci sont complètement déconnectés des réalités du terrain. En outre, il y a, parmi eux, des agents indélicats qui sont susceptibles de profiter de cette mesure pour beurrer leurs  épinards au détriment de ceux qui tiennent la craie au pied du tableau noir, qui sacrifient leur sommeil pour préparer les cours et évaluer les productions des apprenants. La deuxième piste est de faire le point des besoins en mettant toujours à contribution les acteurs de terrain, d’en faire le devis et de remettre les sommes correspondantes aux bénéficiaires pour qu’ils se les procurent. L’objection que peut susciter cette formule pourrait être la suivante : « Et si les enseignants bénéficiaires de cette allocation l’utilisent pour faire autre chose que ce pour quoi elle est destinée ». L’on peut laisser à chacun  la latitude d’imaginer cet « autre chose ».

Il convient de bien penser le trousseau

 

A tous ceux qui peuvent avoir cette appréhension, l’on peut, tout en reconnaissant le bien-fondé de leur inquiétude, leur répondre ceci : d’abord, les enseignants sont des adultes. Mieux, des adultes à qui les Burkinabè ont confié la lourde tâche d’apporter des connaissances à leurs enfants. En outre, les enseignants sont des éducateurs, en ce sens qu’ils contribuent à encadrer le savoir-être des apprenants. Il convient donc de leur accorder  un  minimum de confiance. A une certaine époque à l’université, en début d’année, l’on accordait des espèces sonnantes et trébuchantes aux étudiants pour se procurer des trousseaux académiques. Si l’on a pu le faire pour des étudiants, pourquoi ne le ferait-on pas pour des enseignants  ? Pour la petite histoire, à l’époque, l’Etat servait par  étudiant, en début de chaque année académique au titre du trousseau, la somme de 20 000 F CFA. Toujours à l’endroit de tous ceux qui peuvent trouver matière à objection par rapport à cette approche, l’on peut ajouter que la meilleure manière de responsabiliser un adulte est de le traiter comme tel. L’on peut enfin dire aux plus   sceptiques que le ministère de l’Education nationale et de l’alphabétisation (MENA) dispose de  moyens humains efficaces pour rappeler à l’ordre les enseignants qui seraient  tentés d’utiliser l’allocation à des fins autres que pédagogiques.  Ces moyens humains se retrouvent dans tous les ordres d’enseignements (pré-scolaire, primaire,  post-primaire, secondaire). Il s’agit  essentiellement des directeurs d’école, des proviseurs et surtout des conseillers et des inspecteurs pédagogiques. La troisième et dernière piste serait de permettre aux enseignants et aux encadreurs de disposer d’ordinateurs portables avec des facilités de se connecter. Cette  approche, la meilleure de notre point de vue, a l’avantage de les amener  à consulter plusieurs  sources pour bâtir  leurs prestations. Cette formule est d’autant plus efficace que certaines informations et connaissances diffusées dans bien des manuels scolaires, sont sujettes à caution. Au regard de tout ce qui préside, il convient de bien penser le trousseau pédagogique de manière à ce que la solution ne devienne pas le  problème.

SIDZABDA


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