HomeA la uneTSHIBALA A LA TETE DE L’UDPS SUR FOND DE POLEMIQUE : Jusqu’au bout de la félonie

TSHIBALA A LA TETE DE L’UDPS SUR FOND DE POLEMIQUE : Jusqu’au bout de la félonie


Depuis la mort de l’opposant historique, Etienne Tshisékédi, en février 2017, c’est à une véritable guerre de chiffonniers que se livrent ses héritiers politiques, pour le contrôle du parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Ainsi, le Premier ministre Bruno Tshibala, malgré son exclusion du parti, a organisé le week-end dernier avec quelques partisans, un congrès pour se faire porter à la tête dudit parti. Et cela, sans associer la branche de Limete acquise à la cause de Félix Tshisékédi, le fils de l’autre, et qui ne reconnaît aucune légitimité au PM qui s’est, selon elle, « auto exclu » du parti et qui, statutairement, n’est pas habilité à convoquer une telle instance. L’on semble donc bien parti pour une coupure définitive des ponts entre les deux partis, et Dieu seul sait où cela va conduire le plus grand parti d’opposition de la RD Congo qui risque de se retrouver, dans le meilleur des cas, dans des procédures judiciaires à n’en pas finir, au moment où elle a pourtant besoin d’union pour pousser le président Kabila vers la porte de sortie.

Tshibala est un sniper au service de Kabila

En attendant, beaucoup ne se gênent pas pour dire que le Premier ministre, Bruno Tshibala, est en mission commandée au profit du président Kabila dont il s’est fait l’obligé en acceptant le poste de Premier ministre qui ne lui revenait même pas de droit, aux termes de l’accord de la Saint Sylvestre. Car, in fine, c’est au locataire du palais de la Nation que cette situation profite. De là à voir sa main derrière ce qui s’apparente à une tentative de déstabilisation d’un  parti qui lui a souvent donné du fil à retordre et dont il ne voulait pas sentir le charismatique leader même en peinture, il y a un pas que beaucoup ont allègrement déjà franchi. C’est pourquoi ils sont nombreux à voir derrière les actes du PM une félonie destinée à semer la zizanie au sein de l’opposition en lutte pour l’alternance en RD Congo où le chef de l’Etat, après plus de 15 ans de règne et en fin de mandat depuis décembre 2016, fait toujours dans la résistance dans l’objectif de se maintenir contre vents et marrées au pouvoir. En acceptant déjà de devenir son Premier ministre et de composer avec un Kabila alors acculé,  Bruno Tshibala avait déjà porté un premier coup de Jarnac à la lutte de l’opposition congolaise. En essayant maintenant de prendre le contrôle du plus grand parti de l’opposition dans les conditions que l’on sait, Tshibala va jusqu’au bout de la félonie pour servir les intérêts du dictateur. Autrement, dès lors qu’il a été déclaré persona non grata au sein de l’UDPS, pourquoi n’a-t-il pas créé son propre parti pour continuer la lutte ? Par ailleurs, s’il n’avait pas bu à la coupe de la compromission en acceptant le poste de Premier ministre dans les conditions que l’on sait, Tshibala aurait pu encore bénéficier d’une certaine crédibilité et même de beaucoup plus de sympathie dans son action. Mais de la façon dont les choses se passent, l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il est un sniper au service de Kabila pour faire couler le navire de l’opposition. Et tout porte à croire que le fait de lui confier la primature visait non seulement à diviser davantage l’opposition, mais aussi qu’à son tour il joue le jeu de Kabila, même si l’on peut penser que c’est pour servir des intérêts œsophagiques. Et s’il réussit dans son entreprise de déstabilisation de l’UDPS, la RD Congo serait bien partie pour ne pas connaître l’alternance tant recherchée par le peuple. C’est dire si les prochaines semaines voire les prochains mois seront déterminants pour la lutte du peuple congolais.

Les partisans de Félix Tshisékédi n’ont pas dit leur dernier mot

En attendant, Kabila peut boire son petit lait. Car, petit à petit, il est en train de réunir les conditions de son maintien au pouvoir. Et si, par extraordinaire, il devait être contraint à le quitter, il pourrait être sûr que le poste échoirait entre les mains de quelqu’un de son sérail. Car, l’on ne voit pas comment une opposition affaiblie et divisée, avec une forte prégnance des ego de ses leaders, pourrait triompher d’un pouvoir « kabiliste » qui ne lésine pas sur les moyens. Cela dit, les partisans de Félix Tshisékédi n’ont pas encore dit leur dernier mot. Leur réaction est attendue. Mais puisque la hache de guerre a été déterrée par Bruno Tshibala et les siens, il faudrait s’attendre, à tout le moins, à une véritable guerre des tranchées pour le contrôle du parti. Toute chose qui ferait l’affaire de Joseph Kabila. En tout état de cause, la situation que vit aujourd’hui l’UDPS en RD Congo, vient une fois de plus rappeler la difficulté qu’ont les partis politiques en Afrique, de survivre à leur géniteur. L’exemple le plus récent et le plus emblématique étant le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, qui est devenu pratiquement l’ombre de lui-même sur l’échiquier politique ivoirien, suite à la guerre de clochers qui a fini de diviser ses héritiers politiques après l’incarcération de leur mentor à La Haye aux Pays Bas. Dans le cas de l’UDPS, Etienne Tshisékédi se serait sans doute retourné dans sa tombe, si la question de sa sépulture avait été résolue. Mais dix mois après son décès, force et de constater que son cadavre gît toujours en Belgique, otage qu’il est de la classe politique congolaise qui n’a pu s’entendre pour lui rendre le dernier hommage qu’il mérite. Toutes ces raisons et bien d’autres pourraient en partie expliquer la désaffection de plus en plus grandissante de certaines populations vis-à-vis de la chose politique, eu égard au comportement de certaines élites dirigeantes, qui répond plus à des raisons œsophagiques qu’à autre chose; en tout cas pas idéologiques. En tout état de cause, il faut croire que cette histoire de Bruno Tshibala à la tête de l’UDPS est une grande farce. Car, ce ne serait ni plus ni moins que tuer le fondateur du parti, Etienne Tshisékédi, pour la seconde fois.

 « Le Pays »

 


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