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UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU:Les gérants de kiosque sommés de quitter les lieux


Les autorités universitaires ont pris la décision de déloger tous les kiosques au sein du temple du savoir. Nous avons effectué une visite au sain du campus, le 11 septembre 2014, pour recueillir le point de vue des détenteurs de kiosque.

 

Dans un kiosque, une femme, l’air triste et pensive, est assise sur une longue chaise, le bras sous le menton. Nous sommes au niveau du kiosque de Joséphine Zida située non loin de l’UFR Santé de l’Université de Ouagadougou, aux environs de 8h 30mn, le 11 septembre dernier. Après 9 ans d’activité, elle a reçu, comme tous les prestataires de kiosque, d’étalage, d’atelier de mécanique, de lavage et de cirage, la note de service leur demandant de libérer les espaces qu’ils occupent au sein de l’Université de Ouagadougou. Après nous avoir reçu, Joséphine Zida a confié qu’elle s’est installée comme gérante de kiosque pour son propre compte au sein de l’Université de Ouagadougou depuis 2005, après avoir été employée dans cette même Université depuis 1998. Elle emploie 6 filles qu’elle paie à 30 000 F CFA par mois. Grâce à cette activité,   elle s’occupe d’un ménage composé de 15 personnes.   Pour elle, cette décision est une pilule difficile à avaler car après avoir reçu la note de service, elle a cherché sans succès un autre lieu pour se réinstaller. Si certains approuvent la décision, d’autres, par contre, estiment qu’il faille réorganiser le secteur. Pour ce travailleur de l’université qui a voulu garder l’anonymat, la décision est bonne mais elle risque d’engendrer d’autres problèmes si rien n’est fait. Il a d’abord déploré l’occupation anarchique des espaces avant de souhaiter qu’il y ait une meilleure utilisation des espaces. Pour lui, si tous les gérants de kiosque sont chassés, cela entraînera des problèmes, car certaines personnes passent toute leur journée sur le campus.

Le vrai problème de l’université ne réside pas dans l’occupation des espaces

Les kiosques sont les lieux indiqués pour avoir de quoi manger. Un autre travailleur que nous avons rencontré, a estimé que la mesure est la bienvenue car certaines activités entravent la bonne marche des activités académiques. Pour lui, l’université est dans son plein droit de disposer de son espace comme bon lui semble.   Il a par ailleurs reconnu le rôle important des services que les occupants jouent dans la vie académique. C’est pourquoi, il a proposé comme solution, une réorganisation pour une utilisation rationnelle de l’espace au sein du campus. Un avis partagé par Kevin Kambou, étudiant en 7e année de Médecine parmi plusieurs autres étudiants. Selon lui, le déguerpissement aura un sens si et seulement s’il s’agit d’une réorganisation. Le vrai problème de l’université ne réside pas dans l’occupation des espaces par les gérants de kiosque mais est plutôt lié au retard des années académiques. «  Le grand problème de l’université est le retard de l’année académique. Pour parer à ce problème, on demande aux professeurs de faire des concessions en renonçant à un mois de leur congé au lieu de 2. Sur 3 ans, on pourra rattraper le retard et avoir une contrepartie avec l’Etat », a laissé entendre Kevin Kambou.

Après le groupe de travail de Kevin Kambou,  nous nous sommes entretenu avec Minata Ouattara, étudiante en année de licence en Droit à l’Université Ouaga 2.   Elle pense, comme tous les autres, que la situation pourrait être meilleure s’il s’agit d’une réorganisation. Pour un étudiant qui vient pour étudier sur le campus, a-t-elle poursuivi, il peut avoir tout ce dont il a besoin pour travailler sur-place, notamment les stylos, la craie et autres. Alors que si ces choses ne sont pas à l’université, les étudiants seront obligés d’aller les rechercher hors du campus. Ce qui va engendrer, selon elle, des coûts en termes de carburant et de perte de temps. Elle a déploré aussi la pratique de certaines activités telles que la vente de chaussures, de vêtements et l’installation de salons de coiffure sur le campus. L’inquiétude et l’anxiété étaient plus visibles chez Amidou Athanase Ouédraogo qui a dit ne plus savoir à quel saint se vouer. « Le problème est très délicat pour nous. Nous sommes vraiment inquiets. Certaines personnes sont sur le campus il y a plus de 15 ans. On leur demande de quitter les lieux. Où iront-nous ? », s’est-il interrogé avant de lancer un appel aux autorités afin qu’une solution rapide soit trouvée à leur préoccupation.

Autre lieu, autre inquiétude. Pour Nian Batian Prospère, connu sous le nom de « Pasteur photo », la décision n’est pas mal en soi, mais il serait bon de réorganiser en construisant des boutiques par secteur d’activité qu’on pourrait mettre en location. Toute chose qui permettra de cadrer les activités pour le bonheur de tous. Selon les gérants de kiosque que nous avons rencontrés, leurs patrons et les autorités universitaires se sont rencontrés, mais il n’y a pas eu d’accord.

Issa SIGUIRE

 


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