HomeOmbre et lumièreUTILISATION DES VEHICULES DE L’ETAT A DES FINS PERSONNELLES Tant qu’il y aura l’impunité

UTILISATION DES VEHICULES DE L’ETAT A DES FINS PERSONNELLES Tant qu’il y aura l’impunité


La Direction générale du parc automobile de l’Etat (PAE) a procédé à un contrôle de l’utilisation des véhicules de l’Etat les 7 et 8 juin 2014, dans la ville de Ouagadougou. Ce contrôle, qui est le premier de l’année 2014, a permis de saisir 31 véhicules.

Selon le chef de service de la sécurité publique de la police municipale, Victor Bazié, l’absence et l’irrégularité des ordres de mission sont les infractions les plus constatées. Ce dernier a, en outre, relevé que la plupart des véhicules qui ont été mis en fourrière étaient conduits par des responsables.

 

Le contribuable burkinabè a des raisons d’être indigné

Cette opération qui mérite d’être saluée pour son utilité publique évidente, offre plusieurs enseignements. D’abord, l’on peut relever que le phénomène de l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat s’est aggravé au regard des statistiques de la police. En effet, le dernier contrôle de l’année 2013, qui a concerné pourtant les trois plus grandes villes du Burkina, avait permis de saisir 15 véhicules. Celui qui a été opéré les 7 et 8 juin derniers et qui n’a concerné que la seule ville de Ouagadougou a permis d’en saisir 31. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le phénomène a pris de l’ampleur. Les Burkinabè ont l’oreille dure. L’on peut en conclure qu’ils n’ont rien à cirer des mesures réglementant l’utilisation des véhicules de l’Etat. C’est le cadet de leurs soucis. Le contribuable burkinabè, grâce à qui l’Etat a acquis des véhicules qu’il a affectés à certains citoyens, a des raisons d’être indigné et révolté de constater que des Burkinabè indélicats continuent d’abuser des biens de l’Etat, malgré la batterie de mesures que le gouvernement a prises pour encadrer l’utilisation de ces véhicules. Le plus grave c’est que le phénomène est en nette hausse.

Le deuxième enseignement que l’on peut tirer de cette opération est lié au profil des personnes qui étaient en infraction. Selon la police, la grande partie des « indisciplinés » étaient des cadres qui ont des responsabilités administratives. Le poisson, dit-on, pourrit d’abord par la tête. Ce constat s’applique parfaitement à l’administration burkinabè. En effet, ceux qui sont censés donner l’exemple aux autres par leur comportement, s’affichent le plus souvent comme de véritables prédateurs de la République.

Ce sont eux les plus grands fainéants et absentéistes, c’est encore eux qui disposent des biens de l’Etat comme ils veulent et quand ils veulent.

Les sanctions pécuniaires ont montré leurs limites

La République est pour eux un jardin potager dont ils peuvent jouir des fruits à leur convenance et en toute impunité. Avec des responsables de cet acabit, l’administration du Burkina Faso ne peut pas être une administration susceptible de susciter l’émergence et le développement.

Le comble c’est que ce sont ces gens-là dont l’incivisme est pourtant notoire, qui ont le pouvoir d’évaluer les agents placés sous leur autorité en se basant sur des critères qu’eux-mêmes bafouent allègrement. De ce point de vue, l’on peut comprendre que certains agents contestent souvent leur note. En effet, l’évaluateur lui-même, du point de vue de l’éthique professionnelle, est disqualifié pour se livrer à un tel exercice.

Le dernier enseignement que l’on peut tirer de ce contrôle est lié à l’impunité. Certains cadres de l’administration ne craignent pas de poser des actes indélicats parce qu’ils savent que leurs arrières sont protégés. A bien observer les choses, l’on peut avoir l’impression qu’ils se croient intouchables. Les structures de contrôle de l’Etat sont pour eux des tigres en papier qui les amusent. Leur statut politique leur donne une certaine immunité qui les installe dans une position de défiance permanente vis-à-vis des textes réglementaires de la République. L’on peut dire par conséquent que la lutte contre l’utilisation des véhicules de l’Etat sera âpre au Burkina.

Toutefois, des pistes de solution peuvent être esquissées pour réduire le phénomène, à défaut de l’éradiquer. L’on peut suggérer à cet effet le renforcement de l’arsenal de la répression. Les sanctions pécuniaires que l’on applique aux contrevenants ont montré leurs limites. Il faut peut-être envisager d’autres formes de sanctions susceptibles d’inverser les tendances. Une mise à pied, une suspension de salaire ou des peines d’emprisonnement pourraient dissuader plus. Mais cela ne peut être envisagé que dans le cadre d’une République où les institutions sont plus fortes que les hommes.

Ce qui est malheureusement loin d’être le cas aujourd’hui au Burkina où il y a des individus qui sont plus forts que les institutions.

Sidzabda


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