VIOLENCES EN RD CONGO : Kabila ou le Néron des Grands lacs
Que se passe-t-il en RD Congo ? En effet, moins d’une semaine après la découverte de plus de 400 cadavres dans une fosse commune à Maluku, 19 personnes viennent d’être tuées à la machette, hier 16 avril, dans l’Est du pays. Pendant ce temps, le mystère reste entier sur le sort de ces jeunes activistes congolais arrêtés à Goma avec les militants des mouvements « Y en a marre » du Sénégal et « Balai citoyen » du Burkina. Ces Congolais sont-ils toujours maintenus dans les cachots de l’Agence nationale des renseignements (ANR) ou ailleurs ? La question devrait avoir de quoi gêner aux entournures, les autorités congolaises. Quoi qu’il en soit, il faut craindre le pire pour la vie de ces Congolais. Pour rappel, ces hérauts de la citoyenneté avaient été interpellés manu militari par les sbires de Kabila, le 15 mars dernier, à la suite de leur conférence de presse sur l’importance de l’engagement des jeunes dans le processus électoral. Si les trois leaders sénégalais et leur confrère burkinabè avaient, eux, été relaxés, expulsés et déclarés persona non grata en RDC, leurs camarades congolais n’ont pas eu la même chance. Jusque-là, on reste sans nouvelles d’eux et rien ne permet de dire que leur intégrité physique n’a pas été atteinte. D’où la légitime réaction de leurs codétenus d’hier qui, naturellement inquiets, viennent de sonner le cor. En donnant ainsi de la voix, ils espèrent sonner la mobilisation internationale. Et c’est de bonne guerre ; il y a urgence à agir vite et bien, avant qu’il ne soit trop tard. Car, connaissant la férocité du régime de Kabila, il faut s’attendre à tout, même au pire. Pauvres de ces activistes qui croyaient naïvement que la RDC est un Etat normal où ils seraient allés prêcher tranquillement les vertus de l’engagement citoyen aux jeunes Congolais. Et qu’ils en seraient revenus satisfaits d’avoir contribué, à leur façon, à fertiliser le terreau ingrat de la démocratie en RDC. On connaît la suite : le sang de Kabila n’a fait qu’un tour, lequel y a vu un complot en préparation pour le descotcher de son fauteuil. Fadel Barro et compagnie apprendront ensuite à leurs dépens que la RDC marche sur la tête.
Qui pour faire entendre raison à Kabila ?
Il faut dire que ce pays fonctionne dans un cadre législatif et réglementaire pour le moins bizarre ! Sinon, comment comprendre que plus d’un mois après l’affaire, ces activistes congolais n’aient jusque-là pas été présentés à un juge ? La promesse du gouvernement congolais de le faire, 48h après leur interpellation, n’aura donc été que du vent ! On comprend aisément le coup de gueule de Ida Sawyer de l’organisation Human Rights Watch, selon qui : « Dans la loi congolaise, les détenus doivent avoir accès à leurs familles, leurs avocats. Ils doivent être présentés devant un juge. Et là, le délai est passé et nous sommes très inquiets pour leur sécurité“. Assurément, on se croirait en pleine « République du Gondwana », tant ce pays est à part. Et c’est pourquoi il faut saluer l’action engagée par les confrères des activistes congolais. Aujourd’hui, bien que libres, ils ont visiblement mauvaise conscience, de savoir leurs camarades croupissant toujours dans les geôles congolaises. Si leur corps est aujourd’hui en liberté, leur esprit et leur âme sont, eux, toujours derrière les barreaux, par solidarité avec leurs amis toujours détenus. En réservant un tel sort à ces derniers, Kabila assassine leur liberté. Si les jeunes ne peuvent plus se réunir pour parler de l’avenir du pays, de leur avenir, alors où va la RDC ? Qui pour faire entendre raison à Kabila ? La communauté internationale peut faire quelque chose en exerçant des moyens de pression sur le satrape congolais. L’Union africaine à travers sa présidente, devrait également sortir du bois, comme elle l’a si opportunément fait en mêlant récemment sa voix à la querelle politique burundaise. Une pression qui devrait être menée aussi à l’intérieur, par la société civile congolaise. Dans sa logique de satrape, Kabila n’est pas à ses premières entraves graves aux libertés ainsi qu’aux droits humains. Et ce n’est pas la voix brisée des sans-voix, le militant congolais des droits de l’homme, Floribert Chebeya, qui reviendra du séjour des morts pour soutenir le contraire. C’est dire s’il faut agir vite. Autrement, le risque est grand que la RDC n’en finisse pas d’exhaler les odeurs pestilentielles des charniers. Et le dernier en date est connu : celui de Maluku, même si les autorités congolaises se sont lancées dans une campagne nauséeuse de communication visant à faire prendre au reste du monde, des vessies pour des lanternes.
“Le Pays”