VISITE DE BENSOUDA EN RCA : La vue du gendarme sera-t-elle le début de la sagesse ?
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, était en visite le 25 février 2015 à Bangui, en république Centrafricaine (RCA), où elle s’est entretenue avec les autorités de la transition centrafricaine. Il était question des axes de coopération future entre son bureau et Bangui. Il s’est aussi agi de la future Cour pénale spéciale (CPS) que la RCA compte mettre sur pied, dans les prochains mois. Cette visite de Fatou Bensouda est d’autant plus importante qu’elle intervient au moment où les chefs des deux principaux protagonistes de la crise centrafricaine, à savoir Bozizé et Djotodia, appellent leurs combattants à la cessation des hostilités. Faut-il donc voir un lien de causalité entre cette visite et la nouvelle posture de Bozizé et de Djotodia, qui semblent de plus en plus disposés à aller à la paix? Certainement, oui. Surtout que la procureure Fatou Bensouda, au terme de sa visite lui ayant permis de rencontrer tour à tour les autorités de la transition, a déclaré être préoccupée par la précarité de la situation en matière de sécurité en RCA. La procureure de la CPI a aussi indiqué clairement qu’elle n’hésiterait pas à poursuivre les auteurs présumés de crimes relevant de la compétence de la Cour.
Il faut souhaiter que tous les crimes commis en RCA, fassent l’objet de jugement
Attention, la CPI arrive! Cette position ferme de la procureure Fatou Bensouda a sans doute fait réfléchir et fléchir Bozizé et Djotodia qui, sentant l’épée de Damoclès de la CPI planer sur leur tête, ont sûrement compris la nécessité de tout mettre en œuvre pour que leur pays retrouve la stabilité. C’est pourquoi l’on se demande si la vue du gendarme n’est pas finalement le début de la sagesse. Il faut l’espérer. Tout comme il faut souhaiter que tous les crimes commis dans ce pays, fassent l’objet de jugement, que ce soit par la CPS ou la CPI.
Cela aura le mérite de redorer le blason de cette juridiction à laquelle on reproche une certaine nonchalance, quant à son implication sur le terrain des exactions à grande échelle. En effet, pour certains, la CPI ne devrait plus attendre qu’il y ait une multiplicité de crimes avant de se mettre en branle. Histoire d’amener tous ces potentiels criminels de guerre à travers le monde, à se raviser. En tout cas, Fatou Bensouda qui a affirmé avoir l’entière disponibilité des autorités centrafricaines dans cette phase d’enquête mise sur pied en Centrafrique, a indiqué avoir mis deux équipes d’enquêteurs chargées de mener des investigations sur des crimes supposés commis par les ex-Seleka d’une part et les Anti-balaka, d’autre part. Ce sera tant mieux, si cela peut permettre à l’ex-Oubangui-Chari de se débarrasser des démons de l’instabilité qui l’ont, jusque-là, retardée dans sa marche vers le progrès et le développement.
Seydou TRAORE