HomeA la uneVISITE DU SG DE L’ONU EN RCA : Un médecin nommé Guterres  

VISITE DU SG DE L’ONU EN RCA : Un médecin nommé Guterres  


 

Le 24 octobre 2017, le nouveau Secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), le Portugais Antonio Guterres, a entamé une tournée de quatre jours en République centrafricaine (RCA). Cette tournée qui l’amènera, entre autres, à Bangui et à Bangassou, permettra au nouveau patron de l’ONU de prendre le pouls de la situation sociopolitique de ce pays qui semble marcher à reculons, avec une situation sécuritaire des plus préoccupantes sous l’action de groupes armés qui sont en passe de mettre le pays sous coupe réglée. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une telle visite, pour autant qu’elle ne rentre pas dans l’ordre normal des choses, en valait la peine, vu l’état de santé du patient. En effet, depuis la prise de pouvoir du président Faustin Archange Touadéra, la Centrafrique présentait l’image d’un malade en pleine convalescence au point de faire naître l’espoir d’un retour progressif à la normale. Mais, sans que l’on ne sache véritablement trop pourquoi, son état s’est à nouveau brusquement dégradé au point que des groupes armés ont réapparu, dictant leur loi dans un pays naguère déchiré par une guerre fratricide à fort relents ethniques et religieux. Ainsi, ces derniers mois ont été caractérisés par des attaques de miliciens qui commettent des exactions sur les populations dans plusieurs villes et villages du pays dont Bangassou, qui reste aujourd’hui l’épicentre. Et cela, dans un contexte de quasi-impuissance  des Casques bleus face aux attaques répétées des groupes armés contre les civils. En début octobre dernier, il a fallu que les soldats de la paix bandent les muscles contre un de ces groupes armés pour ramener le calme à Bocaranga. Au moment où la question du renouvellement du mandat de la force onusienne se pose, peut-être faudrait-il aussi songer à l’adapter au contexte et à la réalité du terrain qui requiert parfois de passer à l’offensive pour mettre certains groupes armés au pas.

L’ONU doit nécessairement reprendre la main et le contrôle total de la situation

C’est pourquoi cette visite du patron de l’ONU en RCA ne pouvait pas mieux tomber, au moment où le pays fait à nouveau face à une recrudescence de la violence et que le retrait des forces françaises se fait sentir avec acuité. Et l’on se demande si les 900 soldats de la paix supplémentaires qu’il demandera en renfort des 10 000 déjà présents sur le terrain, permettra de faire convenablement face à la situation. Rien n’est moins sûr. Surtout tant que les protagonistes eux-mêmes ne seront pas dans des dispositions d’esprit d’aller à la paix et de désarmer les cœurs et les mains. C’est pourquoi à côté de la solution militaire, il faudrait aussi travailler à se donner les moyens d’engager un processus de sortie de crise pour le retour d’une paix durable en Centrafrique. Cela passe nécessairement par une opérationnalisation du processus de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) qui permettrait à la RCA d’amorcer un nouveau départ. Mais pour le moment, l’on en est loin. Et l’ONU doit nécessairement reprendre la main et le contrôle total de la situation, pour ne pas laisser les groupes armés reprendre du poil de la bête. Il appartient donc au médecin Guterres, au-delà du soutien moral que représente cette visite,  de faire son diagnostic de la situation et de prescrire l’ordonnance la mieux adaptée au patient centrafricain. En tout état de cause, l’on attendra de voir  l’effet que produira son passage dans la capitale centrafricaine.

Outélé KEITA


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