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AN VI DE L’INSURRECTION POPULAIRE


Cela fait six ans qu’acculé par une rue en colère, le président Blaise Compaoré, après 27 ans de règne sans partage, quittait le pouvoir pour se refugier en Côte d’Ivoire. Cela faisait suite à sa volonté de modifier l’article 37 de la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Opposés donc à toute forme de patrimonialisation du pouvoir, les Burkinabè ont vite fait de lui faire valoir ses droits à la retraite. Comme le temps passe si vite, cela fait déjà six ans que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) n’est plus au pouvoir. A défaut de parler de renouvellement de la classe politique, on peut dire que le Burkina a connu une mutation de son personnel politique. Je le dis  parce qu’il y a des visages que j’avais l’habitude de voir à l’écran, qui ont complètement disparu. Certains ont quitté le pays. D’autres sont là mais ont choisi de rester très discrets, espérant ainsi se faire oublier. Je ne citerai  le nom de personne mais chacun peut se faire une idée de ces gens-là qui sont là sans être là. Cela dit, six ans après la chute de Blaise Compaoré, qu’est-ce qui a changé au Burkina ? Vouloir répondre à cette question reviendrait à dresser le bilan de Roch Marc Christian Kaboré. Or, tel n’est pas mon objectif. A l’orée de la campagne pour la présidentielle, je ne vais rien dire qui puisse donner l’impression que je soutiens tel candidat ou compromettre les chances de tel autre. Ce n’est pas ce que je  recherche ici. Non ! Je vais me borner à peindre la situation telle que je la vis. Six ans donc après l’insurrection populaire, le Burkina a enregistré certains progrès, notamment sur le plan judiciaire où plus qu’une simple vue de l’esprit, l’indépendance des juges est devenue une banale réalité. En témoignent les nombreux procès perdus par le gouvernement face parfois à de simples citoyens. Toute chose qui paraissait, pour le moins imaginable sous le régime de Blaise Compaoré où aucun juge ne voulait prendre le risque d’aller contre la volonté du prince régnant de l’époque.

 

De plus en plus, les gens ont peur

 

Le faire aurait été s’exposer à la diète. Ce n’est pas moi qui le dis. Les faits parlent d’eux-mêmes. L’autre acquis à mettre à l’actif de l’insurrection populaire, est la réouverture des dossiers de Thomas Sankara et de Norbert Zongo.  En effet, nombreux sont les assassins présumés de ces deux personnalités, qui ont soit été arrêtées soit été inculpées. Or, sous Blaise Compaoré, ces dossiers, pour  des raisons que chacun de nous pouvait deviner, étaient classés sans suite au grand dam des familles des victimes qui n’avaient que leurs yeux pour pleurer. Cela dit, je m’en voudrais de ne pas reconnaître qu’après la chute de Blaise Compaoré, la gestion des deniers publics a connu un relatif changement. Je ne dis pas que tout est devenu parfait. Mais de plus en plus, les gens ont peur. Ce qui n’était pas le cas avant. Toutefois, s’il est vrai qu’il y a des signaux positifs, six ans après l’insurrection, on se doit de reconnaître que tout n’est  pas… beau. Car, le Burkina, depuis quelques années, traverse une grave crise sécuritaire tant et si bien que des familles sont endeuillées chaque jour que Dieu fait. A ce jour, il  y a des régions entières qui  sont sous la coupe réglée de groupes armés de tout acabit. Les communautés s’étant dressées les unes contres les autres, le vive-ensemble est plus que jamais menacé. En tout cas, il faut le reconnaître, le Burkina va mal voire très mal. C’est pourquoi face à cette situation, d’aucuns estiment qu’il urge d’aller à une véritable réconciliation nationale aux fins de rassembler tous les fils et filles du pays contre l’ennemi commun.

 

« Le Fou »


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