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ARRESTATION DE GENERAUX EN ALGERIE


 Les non-dits d’un ménage

Depuis dimanche dernier, cinq généraux de l’armée algérienne et pas des moindres, ont été placés en détention provisoire et se sont vu confisquer leur passeport. Sur la liste, on voit les noms du général Menad Nouba, ex-commandant de la Gendarmerie nationale. Y figurent aussi les généraux Habib Chentouf, Saïd Bey et Abderrazak Chérif, tous anciens chefs de régions militaires et enfin le général Boudjemaa Boudouaour, ex-directeur des finances au ministère de la Défense. Même si ce n’est pas  la première fois que Bouteflika fait le ménage au sein de la Grande muette,  l’événement, au regard de son ampleur et de la qualité des mis en cause,  est suffisamment rare pour être souligné. L’armée, en Algérie, en effet, du fait qu’elle constitue l’appendice du pouvoir, est une véritable carte. L’on comprend alors les regards interrogateurs de l’opinion. Que peuvent être les non-dits de ce coup de balai dans les hautes sphères de l’armée ?

Officiellement, l’on avance des malversations financières présumées. Les officiers supérieurs seraient mis en cause dans une affaire de biens mal acquis et de corruption. Cela n’arrive pas tous les jours. Mais si les accusations s’avéraient, l’on pourrait dire qu’il s’agit d’une opération de salubrité publique qu’il convient de saluer à juste titre. Mais l’on peut tout de même se poser la question de savoir pourquoi c’est à cet instant précis, que l’on choisit de nettoyer les écuries d’Augias et pourquoi l’on limite cette action d’hygiène publique à la seule armée.

A défaut de réponse claire à ces interrogations, l’on peut établir le parallèle avec le scrutin  présidentiel de 2019  déjà marqué du sceau de l’incertitude autour d’un cinquième mandat du président Bouteflika âgé de 81 ans et cloué par la maladie dans un fauteuil roulant. Et dans cette perspective, les hypothèses foisonnent.

Il faut craindre des rebondissements dans cette importante purge

En effet, l’on peut se demander d’abord si Bouteflika n’est pas hanté par le syndrome tunisien. Craignant d’être victime comme Habib Bourguiba autrefois, d’une révolution de palais, le vieillard aurait pris les devants pour désarmer la menace. Une autre hypothèse serait que les généraux limogés et mis à la retraite sont victimes d’une guerre de clans dans la perspective de l’après-Bouteflika et l’on pourrait penser que c’est la redistribution des cartes dans la sphère du pouvoir, qui est enclenchée par ces arrestations. L’on peut enfin penser que d’invisibles mains cherchent à faire le vide autour du vieux président pour préparer sa chute.

Cela dit, quels que soient les dessous, tout ceci s’apparente très clairement à un vaste théâtre d’ombres au sortir duquel le pouvoir de Bouteflika sortira soit grandi soit affaibli. 

En attendant de connaître l’épilogue de cette affaire dans la hiérarchie militaire, qui semble scrutée de près par les Algériens, l’on peut souhaiter que toute la lumière soit faite dans cette affaire. Car, les affaires militaires, on le sait, se règlent souvent à la gâchette et cela pourrait être préjudiciable aux Algériens qui ont longtemps vécu sous les bombes soit du fait de la guerre d’indépendance soit du fait du terrorisme islamiste. Il faut craindre des rebondissements dans cette importante purge car les pestiférés d’aujourd’hui peuvent avoir du répondant dans les troupes, au regard des postes qui ont été les leurs.

SAHO


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