HomeA la uneASSASSINATS REPETES AU BURUNDI : Nkurunziza, seul responsable

ASSASSINATS REPETES AU BURUNDI : Nkurunziza, seul responsable


Sale temps pour un dictateur ! C’est bien ce qu’il convient de dire, au regard de la situation sociopolitique qui prévaut aujourd’hui au Burundi. Une situation que l’on pourrait qualifier d’explosive et qui rappelle, à bien des égards, la guerre civile de 1999 qui avait finalement permis l’arrivée du Pasteur Pierre Nkurunziza à la tête du pays. En effet, depuis le tour de force de Nkurunziza pour se maintenir au pouvoir, les assassinats politiques se succèdent : leaders politiques, membres de la société civile, journalistes ou même simples citoyen hostiles à Pierre Nkurunziza, sont froidement abattus. Cette escalade de la violence qui confirme du reste les craintes maintes fois exprimées par certains analystes de la scène politique burundaise est, il faut le dire, un mauvais signal pour la paix dans ce pays, mais aussi pour la stabilité de la sous-région. Les hommes politiques burundais ont-ils vraiment la mémoire courte au point d’oublier le drame que leur pays a traversé et qui ne s’en est sorti que grâce à l’accompagnement de la communauté internationale ? Sont-ils assez stupides pour vouloir remettre à feu et à sang ce beau pays, juste pour leurs seuls intérêts égoïstes ? Il faut bien espérer que non. Mais en attendant, l’assassinat, le mardi 4 août dernier, d’un représentant du parti au pouvoir, tend malheureusement à prouver plutôt le contraire, et surtout à laisser croire que le pouvoir n’a plus le monopole de la violence au Burundi. Cet assassinat, comme celui, il y a quelques jours, du Général Adolphe Nshimirimana, bras droit du président, vient en représailles aux meurtres et autres violences perpétrées par les milices de Nkurunziza à l’encontre de militants ou leaders de l’Opposition politique. Ce regain de violence a enclenché une dynamique meurtrière dont personne ne peut prédire jusqu’où elle ira. Désormais, ceux qui sont au pouvoir savent qu’ils ne sont plus les seuls à pouvoir donner la mort ; si le bras politique de l’opposition est plus ou moins timide, à la limite malléable, (le ralliement de Agathon Rwasa en est une preuve), cela ne semble pas être le cas de son bras armé. En tout cas, jusque-là, il donne l’impression d’avoir les moyens de sa politique. Et c’est bien ce qui va durablement troubler le sommeil du dictateur Nkurunziza. C’est bien ce qui va lui pourrir ce mandat acquis au forceps.

Il doit savoir que porter un gilet pare-balles, pas plus que s’abriter derrière une vitre blindée, n’offre aucune garantie de sécurité quand on a dressé son peuple contre soi. Cette logique de la violence qu’il a lui-même enclenchée, risque fort de l’emporter. A moins qu’il ne se ravise. Et il n’est pas encore tard pour le faire.

Une guerre civile burundaise pourrait mettre en danger la fragile stabilité de la sous-région

Cela dit, il faut reconnaître que si le Burundi replongeait dans la guerre civile, Nkurunziza n’en serait pas l’unique responsable. Il y aussi tous les chefs d’Etat des pays voisins qui n’auront rien fait pour ramener leur homologue à la raison. Ils seront tous comptables des massacres, de la famine, des viols et des déplacements de populations. Mais le pire dans tout cela, est qu’une guerre civile burundaise pourrait se déporter chez les voisins de ce pays, et mettre en danger la fragile stabilité de la sous-région.

La communauté internationale aura aussi sa part de responsabilité morale pour sa mollesse dans la recherche de sortie de crise au Burundi.  Jusque-là, en effet, elle se contente de demander l’instauration d’un dialogue, alors qu’elle ne fait rien pour amener Nkurunziza à vaincre sa boulimie du pouvoir. International crisis group a tiré la sonnette d’alarme : la guerre civile n’est pas loin. A la communauté internationale de prendre ses responsabilités, pour éviter que l’histoire se répète.

Dieudonné MAKIENI


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