HomeA la uneAZIZ DABO, secrétaire exécutif adjoint, porte-parole de la NAFA :

AZIZ DABO, secrétaire exécutif adjoint, porte-parole de la NAFA :


 

 

Les échéances électorales approchent à grands pas et c’est peu de dire que l’heure est au peaufinement des stratégies dans les états-majors des partis politiques. Aziz Dabo, porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), notre invité de Mardi Politique, ne dit pas autre chose quand il affirme que « nous allons à notre rythme pour la mise en place de nos structures, pour les futures échéances électorales. » En plus de la préparation de son parti pour affronter les prochaines élections, nous abordons avec lui, divers sujets d’actualité tels que la situation sécuritaire, le dialogue politique, la grève des avocats.

« Le Pays » : Votre parti a entrepris, ces derniers temps, la mise en place des structures au niveau des provinces. Est-ce déjà la précampagne?

Aziz Dabo (AzD) : Permettez-moi, tout d’abord, de souhaiter un bon mois de jeûne aux fidèles musulmans en ce mois saint de Ramadan. Pas plus qu’ailleurs, nous restons actifs comme tout parti politique. Et la vocation étant d’animer la vie politique nationale ainsi que nos structures à l’étranger, nous allons à notre rythme pour la mise en place de nos structures, pour les futures échéances électorales. D’ailleurs, nous venons d’installer les structures provinciales de Dori et Sebba. Mieux, nous sommes aussi à l’élaboration du projet programme du parti afin de répondre aux aspirations des populations des villes et des campagnes. Faire mieux que le scrutin passé, maintenir la base malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées dès la création du parti, sont nos principaux défis.

Il semble que 700 de vos militants ont démissionné pour rejoindre le MPP. Qu’en est-il exactement ?

C’est faux et archi-faux. Permettez-nous de rester concentrés sur les choses essentielles et importantes. C’est une mise en scène dont seuls les auteurs ont le secret.

Quelles sont vos ambitions, en tant que jeune avec les échéances électorales qui approchent ?

Comme tout jeune Burkinabè, j’ai tout d’abord pris le risque de m’engager car j’ai des espoirs et des projets pour mon pays que j’aime tant. Je n’hésiterai donc pas à me rendre disponible voire me lancer dans une démarche quelconque qui me permettrait de contribuer au développement de notre patrie et ce, malgré ma supposée jeunesse, bien sûr avec l’accompagnement et le soutien des aînés et de tous. Faire mieux que le scrutin passé, maintenir la base malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées dès la création du parti, sont les principaux défis de la NAFA. En tant que jeune, j’ai un message à l’endroit des jeunes et des femmes qui est ceci : « Engageons-nous et battons-nous pour impacter les lendemains du Burkina Faso. Armons-nous de patience, d’espoir, de courage et de détermination ».

Seriez-vous donc candidat à un quelconque poste électif ?

Pourquoi pas ? Tout le monde peut assumer une responsabilité un jour dans son pays, et à tout âge. Il faut encourager la participation de toutes les couches, et je suis de ceux qui pensent que les jeunes et les femmes doivent s’assumer et prendre part activement au débat politique via les instances décisionnelles du pays. Ce n’est que par ce mixage que le Burkina Faso amorcera certains changements.

De plus en plus, des voix s’élèvent pour le positionnement des femmes sur les listes électorales. Peut-on dire que votre parti est sensible à la question?

Je voudrais tout d’abord rendre un hommage à ces braves et vaillantes dames qui se battent nuit et jour pour leurs familles respectives. A la NAFA, elles sont organisées et très bien organisées. Elles prennent part à des formations en vue d’être opérationnelles politiquement et nous en sommes fiers. Dans tous les secteurs d’activité, nous retrouvons des femmes parfois plus brillantes que des hommes et il n’y a pas de raison que de nos jours, des postes de responsabilités leur soient refusés. Je milite pour qu’elles occupent davantage de postes de décision aussi bien dans les partis politiques que dans les administrations.

Comment avez-vous accueilli l’offre de dialogue politique faite par le président Kaboré?

En tant que patriote engagé, et démocrate, c’est avec grand intérêt que j’ai accueilli cette offre de dialogue que je salue au passage. De mon expérience récente sur l’initiation à la démocratie du Danemark, j’ai retenu cette phrase très importante : « La Démocratie, c’est l’art de gérer les désaccords ». Pour gérer le Burkina Faso, nous avons absolument besoin d’un dialogue franc afin de partager nos idées en vue de construire une nation plus forte, surtout en ces périodes difficiles et sur les questions prioritaires de la Nation. Mais permettez-moi d’émettre des réserves et de la prudence sur certaines questions qui méritent d’être débattues plus au fond par la majorité et l’opposition, d’où la nécessité, pour les deux parties, d’instaurer un cadre de dialogue permanent pour discuter des questions d’intérêt national en vue de prévenir certaines situations. La situation socio-politique de notre pays nécessite que toutes les forces vives transcendent leurs divergences pour y parvenir.

Quelles sont vos attentes en tant que militant d’un parti d’opposition?

En tant que parti d’opposition, nos attentes sont grandes, surtout pour remédier aux difficultés que vivent les populations des villes et des campagnes. Le parti au pouvoir doit y répondre après les promesses faites. La clarification des priorités est essentielle pour arriver à des résultats car si tout est prioritaire, rien ne l’est en réalité. Pour le moment, il faut pacifier le pays. Tout n’a pas encore été fait dans ce sens. La question sécuritaire avec toutes les répercussions socio-économiques aujourd’hui, est une des priorités majeures que doivent gérer les autorités. Il faut ajouter à cette question, les différentes tensions sociales qu’il faut à tout prix affronter via un débat franc et trouver des compromis rapidement, tout en acceptant de faire certains sacrifices énormes. Je suis certain que les travailleurs comprendront et accepteront de consentir des sacrifices si la situation l’impose et si les interlocuteurs eux-mêmes sont des exemples dans la gestion efficace et efficiente des deniers publics. Aucun sacrifice n’est de trop pour parvenir à l’union des filles et fils de ce pays ; d’où l’énorme nécessité de penser rapidement aux mécanismes de la justice, du pardon et de la réconciliation nationale pour affronter les défis.

Il est reproché à l’opposition de passer le temps à s’opposer en critiquant. Qu’en dites-vous?

Je reprendrais les mots du Chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, selon lesquels « l’opposition n’est pas la boîte à lettres du pouvoir MPP». Dans toutes les écoles politiques, il est enseigné que l’opposition s’oppose et la majorité gouverne. Au Burkina Faso, il y a une minorité réfléchie qui ne manque pas de critiquer et propose des pistes de solutions. Cela démontre qu’il s’agit d’une opposition républicaine, qui se soucie de l’intérêt supérieur de la Nation.

Quelles recettes proposez-vous pour lutter contre l’insécurité qui sévit dans notre pays?

La situation sécuritaire de notre pays est de plus en plus inquiétante malgré les efforts des Forces de défense et de sécurité (FDS) à qui je rends un vibrant hommage au passage. Cette situation a conduit à des crises intercommunautaires dans certaines localités, avec des conséquences incommensurables jamais vues dans notre pays. Je voudrais partager cette expression du Dr Rasablga, directeur exécutif de Free Afrik : « Il faut refonder la vision, la mission et l’identité des FDS». C’est très important car au vu de certaines informations que nous avons, il est primordial que la coopération FDS-population soit renforcée en vue d’anticiper et prévenir les attaques à venir et de s’organiser aussi pour riposter tout en détruisant les foyers de résistance, d’où la réorganisation de toute la chaîne du renseignement de proximité. Il faut à tout prix renforcer la formation et acquérir les équipements adéquats pour les FDS. Les dotations en logistique et autres besoins élémentaires des hommes au front, doivent permettre qu’ils soient dans les conditions décentes et optimales pour affronter les péripéties du combat. Il faut travailler à taire les rivalités probables au sein des Forces de défense et de sécurité, qui dispersent les énergies et posent un problème de centralisation de l’information, du renseignement et des prises de décision. De cette cohésion, il serait plus facile de renforcer les différentes coopérations militaires en vue du partage d’informations et d’expériences car le terrorisme n’a plus de frontières. La lutte contre le terrorisme est aussi liée au développement des zones délaissées. L’administration au haut niveau ainsi que les services de base, doivent obligatoirement fonctionner pour assurer le minimum décent aux populations. Des secteurs clefs ont été identifiés, qui méritent d’être accompagnés d’un effort durable en matière de développement. Il s’agit notamment de l’éducation et l’employabilité des jeunes, l’agriculture, le développement rural et la sécurité alimentaire, l’énergie et le climat, la gouvernance, la décentralisation et l’appui au déploiement des services de base, la sécurité intérieure. A cet effet, il serait très important que le Programme d’urgence du Sahel (PUS) soit rediscuté et réadapté avec le concours des populations afin que ce projet garantisse un mieux-être adapté face aux enjeux et aux priorités réels du moment. La Justice joue un rôle très important dans l’équilibre des classes sociales au sein d’une communauté. Elle gagnerait à être équitable, indépendante, impartiale pour tous afin d’éviter que certains citoyens ne décident de se rendre justice du fait de l’incapacité de l’Etat. Il est difficile d’aborder la question sécuritaire sans effleurer les Kogl-wéogo, « gardiens de la forêt», milices d’autodéfense organisées pour pallier l’insuffisance du maillage sécuritaire du pays. Ils méritent d’être encadrés pour faire face à la nouvelle menace et l’Etat doit rester fort et les forces régulières, les seules détentrices du pouvoir de répression.

Parlant de la Justice, les avocats ont lancé un mot d’ordre en suspendant leurs actions dans les tribunaux. Quel commentaire en faites-vous ?

Effectivement. Plus rien ne sera comme avant. Mais c’est pour vous dire que le combat que nous menons pour une Justice équitable, indépendante, impartiale, qui respecte les droits de l’Homme, est bien une réalité. Lorsque j’ai vu Maître Pacéré Frédéric Tintinga et d’autres aînés faire partie de la marche, j’ai tout simplement compris que nos autorités devraient emprunter le chemin de la sagesse pour régler rapidement ces questions essentielles.

Une église dans la localité de Dablo vient d’être attaquée par des hommes armés non identifiés (HANI). Faut-il craindre des représailles?

Ne nous trompons pas d’adversaire dans cette guerre asymétrique. L’ethnie et la religion sont des sujets assez délicats pour une nation qui voudrait s’éloigner de profondes crises car nous avons toujours vécu en parfaite harmonie ethnique et religieuse. Il ne faudrait pas tomber dans le piège de la stigmatisation qui pourrait exacerber les tensions et mettre à mal la cohésion et l’union nationales déjà fragiles.

L’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, aurait exprimé sa disponibilité à aider le gouvernement à lutter contre l’insécurité. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

Je salue déjà la démarche et j’invite les autorités à aborder toute option qui pourrait être utile au Burkina Faso, avec énormément de lucidité car aucun sacrifice n’est de trop pour sauver des vies humaines et ramener la paix. D’ailleurs, les dirigeants actuels ont été pendant longtemps les fidèles lieutenants du président Compaoré.

Récemment, des journaux ont évoqué la volonté du président Roch de négocier avec les terroristes. Quelle est votre réaction?

Si cette démarche est avérée, je voudrais tout d’abord m’offusquer que de telles révélations soient étalées sur la place publique. Dans toutes les nations, il y a des mécanismes officiels et officieux. En tout état de cause, mon souhait le plus ardent est que nous retrouvions un Burkina Faso “havre de paix” dans la sous-région et pour cela, le président du Faso étant le garant de l’unité nationale, il a le pouvoir discrétionnaire et les prérogatives de tout mettre en œuvre pour sécuriser les populations.

Votre mot de la fin ?

J’adresse tous mes remerciements à votre équipe. J’interpelle tous les acteurs politiques à jouer leur rôle pour des lendemains meilleurs au Burkina Faso. Comme l’a dit une grande personnalité politique : « Il n’arrive à l’homme que ce que Dieu permet. » Bon mois de jeûne aux fidèles musulmans. Que Dieu bénisse le Burkina Faso !

Propos recueillis par Drissa TRAORE

 


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