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CONCERTATIONS TOUS AZIMUTS AU MALI


Après des personnalités influentes comme l’ancien président Moussa Traoré, la junte militaire au pouvoir au Mali depuis le 18 août dernier, a rencontré, le 1er septembre dernier, les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger pour échanger, entre autres, sur la poursuite de l’application de l’accord et sur les modalités de la Transition politique. Ce week-end, elle organise des « journées de concertation nationales sur la gestion de la transition », avec, comme invités, les opposants du M5-RFP, les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicats et les groupes armés. Des concertations tous azimuts qui devraient permettre de dresser une feuille de route  claire pour la conduite de la transition. La question que l’on peut se poser est de savoir si le changement de régime, va permettre de remettre le pays sur les rails. Bien malin qui saurait y répondre tant que les contours de la transition à mettre en place, ne seront pas clairement définis. En attendant, c’est une chance inouïe pour le pays de repartir du bon pied, quand on sait que le fameux accord de paix d’Alger censé sortir le Mali de la crise qu’il traverse depuis 2012, a pratiquement cessé de battre de l’aile pour être aujourd’hui dans l’impasse.

 

La tenue de ces concertations peut être un motif d’espoir

 

Sans oublier toutes les tares du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), qui ont conduit à la situation que l’on sait. C’est dire si c’est une véritable nouvelle ère qui s’ouvre pour le Mali en cette période post-IBK, où la junte est attendue, par la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), au pied du mur de la transmission du pouvoir aux civils dans les délais les plus courts, pour lever ses sanctions. En attendant, on nage encore en plein flou et il appartient à la junte de clarifier et décanter le plus vite possible, la situation en vue de la mise en route de la transition dans les meilleurs délais.  C’est pourquoi la tenue de ces concertations tous azimuts peut être un motif d’espoir, pour peu que chacune des parties puisse exposer ses aspirations et soit animée par des intentions qui mettent en avant l’intérêt supérieur de la Nation plutôt que les intérêts partisans. C’est dire si les exigences maximalistes ou à visées exclusionnistes ne doivent pas avoir leur place dans ces concertations entre frères maliens qui peinent aujourd’hui encore, pour certains, à fumer le calumet de la paix. La junte militaire qui a le devoir d’aller vite et bien en besogne pour donner des signes et des gages de sa bonne foi, a donc du pain sur la planche. Car, comment fédérer toutes ces énergies pour une synergie d’actions sans laisser quelqu’un sur le bord de la route ; tant la volonté de participer à cette transition semble forte de tous les côtés ? Si en pareille situation, il est souvent impératif d’éviter de braquer les gens, il faudra aussi, à la junte, pour autant qu’elle soit sincère dans sa volonté de transmettre le pouvoir aux civils, faire preuve de lucidité pour ne pas rater le coche, au risque de se casser les dents ou de faire un mauvais casting.

 

Plus la junte traînera les pieds dans la mise en route de la transition, plus le doute s’installera dans les esprits

 

En tout état de cause, la sincérité, dans ces concertations, apparaît aujourd’hui comme le maître-mot et même la condition sine qua non de leur réussite. Car, à ce genre de rencontre, négocier avec un couteau dans le dos, n’a jamais été productif. Et les Maliens sont bien placés pour le savoir ; eux qui sont engagés depuis maintenant près de cinq ans dans une sorte de danse du tango qui rythme l’application de l’accord de paix d’Alger aujourd’hui plongé dans une léthargie totale. C’est pourquoi l’exemple doit d’abord venir de Assimi Goïta et de ses camarades qui doivent donner la preuve de leur bonne foi, en sortant le plus rapidement possible de ce qui ressemble jusque-là à un pilotage à vue, pour proposer une feuille de route claire assortie d’un chronogramme précis de sa mise en œuvre. Et on a des raisons de croire que c’est sur ce terrain-là que l’attend la communauté internationale, particulièrement la CEDEAO, pour savoir la conduite à tenir relativement aux sanctions et au blocus qui commencent à faire leurs effets sur le Mali. Le temps n’est donc pas aujourd’hui un allié pour la junte et il ne sert à rien de jouer la montre. Car, plus elle traînera les pieds dans la mise en route de la transition, plus le doute s’installera dans les esprits. Aussi bien des Maliens qu’au sein de la communauté internationale. Et cela risque de compliquer davantage la situation. C’est dire si ces concertations tous azimuts peuvent effectivement être une chance pour le pays de rebondir. Mais encore faudrait-il pouvoir la saisir. C’est là la véritable question.

 

 « Le Pays »

 


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