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FORUM NATIONAL DE L’ECONOMIE INFORMELLE


 

La 3e édition du Forum national de l’Economie informelle (FNEI) s’est tenue à Ouagadougou du 18 au 22 juillet 2019, sous la présidence du Premier ministre, Christophe Dabiré. Le thème était le suivant : «  Quelle stratégie pour une formalisation plus accrue et une facilitation des activités des unités économiques informelles agricoles et non agricoles ? » Environ 1000 participants issus des acteurs de l’économie informelle des 13 régions du pays, y ont pris part. L’objectif poursuivi est de mettre en place un Plan national pour la transition vers l’économie formelle. Ce qui induira, à en croire le gouvernement, la création d’emplois décents et productifs. En tout cas, nul ne peut douter de la noblesse de ces objectifs. L’on ne peut pas non plus remettre en cause l’importance du secteur informel dans l’économie nationale. Et sur ce dernier point, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, selon les statistiques de l’enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel, réalisée en 2015 par l’INSD, 95,2% des actifs occupés au Burkina Faso, exercent dans le secteur informel contre à peine 5% dans le secteur formel. A cela, il faut ajouter que ce secteur contribue en moyenne à 30% du produit intérieur brut (PIB). L’on peut donc saluer la volonté du gouvernement d’organiser ce secteur dans la perspective de le formaliser dans l’intérêt non seulement des acteurs, mais aussi de l’économie nationale. Mais une chose est de vouloir, une autre est de pouvoir. Et pour cause. Premièrement, il est très difficile voire impossible d’organiser le secteur informel. Les sociologues, pour évoquer le secteur, parlent du secteur de la rue. Cette expression dénote toute la difficulté qu’il y a à le formaliser. Dans ce fourre-tout, si on peut s’exprimer ainsi, il y a une panoplie de métiers. Du cireur de chaussures jusqu’au petit mécanicien installé anarchiquement en passant par le boucher du quartier. De ce point de vue, l’on peut avoir du mal à formaliser tous ces métiers.

On aimerait être démenti par la suite qui sera donnée à ce forum

Pour certains, à la limite, on peut le tenter, mais pour d’autres, ce serait la croix et la bannière. Et cette réalité n’est pas propre au Burkina. Elle l’est pour l’ensemble des pays en voie de développement. Il suffit, pour cela, de faire un tour à Abidjan, Niamey ou encore à Nairobi et on s’en rendra vite compte. A l’analyse, on peut aboutir à la conclusion suivante : bien des métiers du secteur informel sont nés des entrailles de la pauvreté et de la misère. Il est donc difficile de chercher à soigner les conséquences tout en laissant intacte la cause. La deuxième raison qui rend prequ’impossible la transition du secteur informel vers le formel, est liée à ceci : les acteurs du secteur ont horreur des taxes et autres impôts. Or, plus le secteur va se formaliser, plus il offrira à l’administration fiscale, les moyens de l’imposer. Par conséquent, l’on peut comprendre pourquoi les acteurs du domaine rechignent à faire dans la formalisation. Sans donc l’adhésion consciente des acteurs du domaine au projet du gouvernement, l’on peut parier sans grand risque de se tromper, que celui-ci sera voué à l’échec. En réalité, la meilleure manière de traiter un problème avec la certitude de ne pas trouver la solution la plus appropriée, c’est de le soumettre à la réflexion d’un forum. En tout cas, au Burkina, c’est très souvent le cas. On y vient très souvent pour des motivations différentes. L’on peut craindre que ce soit le cas du Forum national sur l’économie informelle. Certains participants peuvent y être venus sans savoir ce pour quoi ils ont fait le déplacement de Ouagadougou. D’autres peuvent avoir fait le déplacement parce que c’est l’occasion d’engranger quelques subsides. Et ce qui est valable pour les participants, peut aussi l’être pour les organisateurs. Autre chose que l’on peut ajouter à propos des limites des foras, c’est que ces cadres sont très souvent utilisés à des fins électoralistes. Et dans le cas d’espèce, la cible a été bien choisie. En effet, le secteur informel draine un grand monde. Lui faire miroiter des promesses d’œuvrer à son épanouissement via la formalisation de ses activités, est un atout en terme de mobilisation politique. On aimerait être démenti par la suite qui sera donnée à ce forum. En tout cas, c’est aux résultats que l’on appréciera. Le forum qui vient de se terminer, est le 3e du genre. Et l’on en est encore à réfléchir à la mise en place d’un Plan national pour la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle. Cela peut venir corroborer nos inquiétudes. Autre chose qui peut conforter notre position par rapport au forum, c’est qu’il était prévu dans le chronogramme, un échange direct des participants avec le président du Faso. Il n’y a donc pas meilleure tribune politique que ce format. D’ailleurs, l’on ne croit pas si bien dire, puisque cette édition était placée sous le très haut patronage de Roch Marc Christian Kaboré himself. A quelques encablures de l’élection de 2020, cela n’est pas anodin.

Sidzabda


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