HomeEchos des provincesKOSSI : Quand la fusion de deux collèges et d’un lycée fait des gorges chaudes

KOSSI : Quand la fusion de deux collèges et d’un lycée fait des gorges chaudes


Depuis le 1er décembre 2016, les élèves des deux collèges d’enseignement général du continuum, communal 1 et 2 de Nouna, n’avaient plus fait cours et la seule conséquence immédiate était leur départ en congé du 1er trimestre sans bulletins de notes. Et pour cause, une fusion de ces deux établissements au compte du lycée provincial de Nouna a engendré une crise entre le personnel de ces trois établissements. C’est pour apaiser les cœurs et amener les différents acteurs concernés à regarder dans la même direction que  Clément Somé, Directeur régional de l’Education nationale et de l’alphabétisation de la Boucle du Mouhoun, a effectué une visite de concertation le 12 janvier 2017 à Nouna pour une véritable sortie de crise entre les principaux protagonistes.

 

Tout est parti d’une note datant du 1er décembre 2016 du Directeur régional de l’Education nationale et de l’alphabétisation de la Boucle du Mouhoun qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En effet, ladite note certifie que les élèves des CEG logés dans le lycée provincial de Nouna sont intégrés dans les effectifs dudit lycée. Cette disposition consacre d’une part la disparition temporaire desdits CEG  jusqu’à la construction de leurs locaux sur des sites propres à eux et d’autre part, le redéploiement du personnel existant dans le lycée. Aussi, tous les biens et matériels de ces CEG sont à reverser au profit du Lycée provincial de Nouna qui en assurera la gestion jusqu’à nouvel ordre.

Cette idée de fusion n’a pas été bien accueillie par le personnel et les partenaires de ces deux établissements qui reprochent au proviseur  Gustave Higo d’être en bonne intelligence avec le Directeur régional pour leur jouer un sale tour. Une allégation que ce dernier a démentie formellement en se justifiant qu’il ne peut qu’appliquer la décision de son supérieur hiérarchique. Ainsi est née une crise de confiance entre des collaborateurs et des amis d’hier. Certains professeurs du lycée qui intervenaient dans la vacation au sein de ces établissements ont refusé de donner cours à cause de cette fusion. Et comme pour ne rien arranger, les parents d’élèves regroupés autour des deux bureaux APE sont entrés dans la danse en contestant la légitimité de cette fusion et l’ont signifié à travers deux lettres dont l’une fut adressée au Haut-commissaire de la Kossi, Alfred Ouaré et l’autre au DRENA Mouhoun, Clément Somé. Dans la seconde lettre, ils disent rejeter la fusion desdits CEG et le lycée provincial de Nouna et leur disparition temporaire, pour la simple raison que les établissements en question ont résidé pendant deux ans hors du lycée provincial et dans des conditions difficiles. Les acteurs qu’ils sont, appuyés des personnels des deux CEG ont travaillé presque sans soutien pour que rayonnent aujourd’hui ces établissements. En son temps, aucune fusion ni disparition ne leur avait été proposée bien que c’était le moment idéal. Aussi, ils voudraient savoir les objectifs poursuivis par cette fusion et les raisons de l’intervention de cette décision en cours d’année et ce, au moment même où les populations estiment que ces établissements ont contribué à augmenter l’offre éducative dans la commune de Nouna. Ils ont par ailleurs souhaité que le Directeur régional intercède auprès du MENA, afin que leurs établissements autonomes logés dans des bâtiments d’emprunt, soient construits sur des sites choisis à cet effet dans la commune de Nouna.

Dans la lettre adressée au Haut-commissaire, les parents d’élèves l’invitent à prendre toutes les dispositions utiles pour que cette fusion n’ait pas lieu. Ils avertissent que toute disposition contraire pourrait conduire à des troubles dont les seuls responsables seraient le Directeur régional et le proviseur du lycée provincial de Nouna.

Cette situation  qui a conduit à l’arrêt des cours dans ces deux établissements, a mis en colère les élèves qui ont marché sur la DPENA Kossi et la mairie de Nouna pour exiger la reprise immédiate et sans condition des cours. Une attitude qui n’a pas été du goût du DPENA-maire, Issoufou Traoré, qui a indexé des individus malveillants qui auraient manipulé les élèves.

C’est pourquoi il s’est lui-même rendu dans les locaux de ces deux établissements pour sensibiliser les élèves, afin qu’ils se départissent de l’idée de toute marche qui pourrait compromettre leur avenir. Mais cela n’a pas empêché que les élèves partent en congé sans la disponibilité des bulletins de notes du premier trimestre.

C’est dans ce contexte de climat délétère que le DRENA Mouhoun s’est rendu précipitamment à Nouna le 12 janvier 2017 pour recueillir les avis ou les propositions des uns et des autres, afin de prendre la décision qui sied pour une véritable sortie de crise.

Dès son arrivée à 10h 30 mn, il a échangé avec les professeurs du Lycée avant de se rendre au CELPAC de Nouna où une foule survoltée de parents d’élèves l’attendait depuis 9 heures. C’est donc autour de 12h 30 mn qu’il s’est entretenu avec les parents d’élèves. « Je n’ai pas honte et je ne suis pas trop grand pour demander pardon ou présenter mes excuses quand j’ai tort », a-t-il dit.

Malgré sa tentative de convaincre les parents d’élèves quant à l’importance d’une telle fusion qui pourrait résorber le coût exorbitant de la vacation puisque des professeurs qui n’ont pas leurs heures officielles au Lycée enseignaient dans les deux CEG et percevaient leurs frais de vacation, son auditoire est resté droit dans ses bottes. Dans ses explications, le Directeur régional a soutenu qu’une fusion du même genre a été un succès à Toéni, à Ouarkoye, à Madouba, à Sono et dans les Banwa.

La crainte des parents se résumait à la crédibilité d’une telle fusion qui aurait des conséquences graves sur la qualité de l’enseignement au lycée provincial qui a du mal à convaincre avec 21 classes aux effectifs pléthoriques. En ajoutant encore les 8 salles de classes des 2 CEG, la tâche ne sera pas du tout facile, étant donné que cela peut jouer sur le rendement des élèves.

« Si vous vous hasardez à appliquer cette mesure, à la prochaine marche des élèves, je sortirai personnellement avec eux et je suis prêt à mobiliser les autres parents d’élèves pour faire échec à, ce projet »,  a affirmé un parent d’élève tout en gesticulant devant l’auditoire.

C’est sous cette tension empreinte de nervosité que le Directeur régional a émis le vœu d’aviser ses supérieurs avant de prendre une décision finale dans les jours à venir.

 

Madi KEBRE, Correspondant

 

 

 

 


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