HomeA la uneLASSINA OUATTARA, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE MPP

LASSINA OUATTARA, PRESIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE MPP


Le sondage mené par le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qui attribue la note de 4,72/10 au président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est diversement apprécié au sein de l’opinion nationale. En effet, pendant que l’opposition politique en a fait ses choux gras, estimant que cette note est la preuve que le Burkina va mal, il en va autrement pour la majorité présidentielle qui estime qu’un « sondage donne les opinions des sondés à un temps T ; ces opinions ne traduisent pas toujours la réalité… ». Ces mots sont du président du groupe parlementaire MPP, Lassina Ouattara alias «Oualass ». Il le dit dans un entretien qu’il nous a accordé, hier, 19 juin à Ouagadougou. Lisez plutôt !

« Le Pays » : Comment réagissez-vous au récent sondage qui donne 4,72 au président Roch Marc Christian Kaboré ?

D’abord, je salue les auteurs du « Présimètre » pour l’initiative et la constance de leur travail qui permet aux citoyens d’évaluer l’action publique, les politiques publiques. Sans détour, je fais un parallèle entre cette opinion des Burkinabè sondés et le discours de SEM le Premier ministre sur l’état de la nation dont les points saillants communs sont les préoccupations liées à la sécurité et le front social en ébullition continue. La conjonction de ces deux préoccupations crée un sentiment de peur et d’inconfort au sein de la population. Les Burkinabè disent au président du Faso et au gouvernement qu’ils attendent plus d’eux, qu’ils doivent faire plus et mieux ! Je ne doute pas qu’ils en sont conscients et qu’ils sont à l’œuvre. Et notre parti, le MPP, leur apporte son soutien et les encourage fortement à travailler sur ces défis. Cela dit, un sondage donne les opinions des sondés à un temps T ; ces opinions ne traduisent pas toujours la réalité qui peut être tout autre. Mais c’est bon à prendre et d’en tenir compte dans les actions futures qui, pour moi, doivent s’y référer pour redresser la courbe là où elle fléchit et consolider là où la tendance est jugée bonne ou satisfaisante. En un mot, mon conseil est d’analyser en détail les résultats de ce sondage et d’élaborer un plan d’actions pour qu’aux semestres suivants, la note globale et les actions spécifiques qui la sous-tendent s’améliorent au bénéfice des populations car, quoi qu’on fasse, ces dernières en sont les bénéficiaires. Dans un autre langage, je dirai qu’elles sont les clients ou consommateurs finaux. Donc, leur opinion compte car c’est cela qui déterminera leur appréciation et leur choix pour les prochaines élections.

D’année en année, la note du président va decrescendo. Est-ce la preuve que le Burkina va mal ?

C’est vrai, la courbe des notes de juin 2017 à juin 2019 montre une tendance baissière et cela interpelle et appelle à des actions fortes et énergiques à certains niveaux sur certains sujets qui ressortent des opinions exprimées, notamment les résultats au plan sécuritaire et la gestion des crises sociales dans leur ensemble et celle des travailleurs du public en particulier, qui impacte beaucoup le quotidien des Burkinabè. Les grèves à répétition et les échos des attaques terroristes constituent l’ambiance et l’effet de halo dans lequel ces opinions se sont exprimées. Le président étant le Chef, comme la sagesse africaine le dit, devient le déversoir, le défouloir public ! Tout ce qui va mal lui est imputé. Nous sommes à l’apprentissage des règles et principes de fonctionnement de la République. L’imputabilité des responsabilités y va avec. Le pays ne va pas à merveille, c’est une évidence ! Mais relativement, ce n’est pas l’apocalypse.

Pour certains, cette note signifie que le pouvoir en place n’arrive pas à répondre aux attentes des populations. Qu’en dites-vous ?

Cette note et cette tendance baissière des notes affectées au Président du Faso traduit également l’ampleur des défis auxquels notre pays fait face. C’est pourquoi il faut répondre à l’appel sincère et franc du Chef de l’Etat à la cohésion pour la défense de la patrie et au développement qui sont des choses communes qu’il faut placer au-dessus de nos ego et de nos divergences politiques et électoralistes. En accédant à la magistrature suprême, porté certes par une coalition de partis politiques, mais élu grâce au large suffrage des Burkinabè de tous les horizons, le Président Roch Marc Christian Kaboré n’a pas dit qu’il comptait y arriver seul. Bien au contraire, il a fait appel à un Burkina de solidarité, c’est écrit noir sur blanc dans son programme. Bien évidemment pour certains comme vous le dites, c’est une aubaine pour dire que le pouvoir n’arrive pas à répondre aux attentes des populations, et pour cela, ils disent de penser à eux comme alternative ; d’autres proposent même de les essayer. On se croirait dans une boutique de vêtements. Des boutiques d’essayage pour président, je n’en connais pas au monde ! Dois-je le rappeler, c’est un sondage d’opinion et ce n’est pas, dans l’absolu, le reflet de la réalité. Comme moi, vous connaissez les histoires sur les gaps entre les sondages et la réalité ; nous nous gardons d’ en énumérer. Vous remarquerez également que la baisse n’est pas aussi importante que cela ; elle est de 0,48% si on compare le point le plus élevé de juin 2017 à juin 2019. Mais je le dis, en toute responsabilité, nous en tenons compte dans nos actions en cours.

Cela ne vous fait-il pas craindre pour la présidentielle de 2020 ?

Nous ne craignons pas pour la présidentielle ni pour les autres suffrages à venir. Nous avons nombre de réalisations et d’acquis qui parleront pour nous. Il ne faut pas oublier, quand on parle de certaines questions, notamment la sécurité, l’emploi, les revenus des travailleurs du public etc., de tenir compte de la situation de départ, d’où nous sommes partis. Nous nous préparons sereinement et habilement. A l’heure réelle du bilan, nous confesserons nos insuffisances et nous mettrons le curseur sur nos acquis qui, nous le savons, pèsent et relativement plus lourd. Dans ce tableau de notes, le Président Roch Marc Christian Kaboré est comparé à lui-même, pas à autre éventuel challenger. Donc, en son temps, le peuple souverain du Burkina exprimera son choix et nous sommes confiants.

Un homme politique de l’opposition, en l’occurrence Ablassé Ouédraogo, pour ne pas le nommer, appelle, régulièrement, à la démission de Roch Marc Christian Kaboré. Que lui répondez-vous ?

Qui est Alasssé Ouédraogo, et qui est Roch Marc Christian Kaboré ? Allons à la découverte des deux hommes. A la présidentielle de 2015, le Président a recueilli 1 668 169 voix soit 53,49%. Quant à Ablassé Ouédraogo, il n’a obtenu que 60 134 voix, soit 1,94%. 1 608 035 de différence. Comparons ce qui est comparable. Une équipe de six-mètres ne joue pas dans un championnat de première division. Ablassé Ouédraogo est mal fondé pour parler de démission du Président du Faso. Je comprends qu’il soit pressé d’améliorer son score, mais le gap est abyssal et insurmontable. Je pense qu’il devrait suivre les conseils qu’un ministre a donnés à des artistes : se reconvertir à une autre activité. Vous savez, le Burkina a renoué avec la démocratie vraie, les principes de l’alternance sont une réalité. Croyons en la démocratie et œuvrons à inscrire notre pays au panthéon des nations de grande démocratie; ceci ouvrira la voie à la bonne gouvernance et au développement de notre chère partie.

Interview réalisée par Boundi OUOBA

 


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