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LIBERATION DE PRISONNIERS POLITIQUES AU MALI


Objets d’arrestations extrajudiciaires lors du coup d’Etat du 18 août dernier qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), douze personnalités de l’ancien régime ont été libérées par les putschistes de Kati, le 7 octobre dernier. Au nombre de ces ex-prisonniers politiques, figurent l’ancien Premier ministre, Boubou Cissé, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné et les ex-ministres de la Sécurité et de la défense, dont on imagine aisément le soulagement et la joie de regagner leurs familles respectives. Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis son intrusion diversement appréciée sur la scène politique malienne, la junte militaire multiplie les gestes de bonne volonté pour mériter non seulement la confiance des Maliens, mais aussi celle de la communauté internationale à travers notamment la CEDEAO qui s’est immédiatement dressée contre elle. D’autant que l’institution sous-régionale ne cachait pas son scepticisme, attendant d’avoir davantage de gages des putschistes avant de desserrer l’étau des sanctions prises dans la foulée contre le Mali.

 

Reste maintenant la question de la dissolution officielle du CNSP

 

En tout cas, après la nomination, conformément aux exigences de la CEDEAO,  d’un Premier ministre civil à la suite de la désignation de l’officier de réserve, Bah N’Daw, à la tête de la Transition, ces libérations de prisonniers dont le seul tort était visiblement d’être du régime déchu, sont encore un pas dans le bon sens. Et, à défaut de dissiper totalement les nuages de la méfiance de la CEDEAO, cela devrait renforcer la confiance de l’institution sous-régionale dans la junte militaire qui semble avoir finalement mis beaucoup d’eau dans son thé. Reste maintenant la question de la dissolution officielle du CNSP (Conseil national de salut du peuple). Cela dit, après ce petit retard à l’allumage qui a contribué à crisper quelque peu l’atmosphère entre les putschistes et la CEDEAO, l’on espère que la Transition malienne est enfin prête à prendre son envol, dans un ciel plutôt dégagé. En tout cas, avec ces libérations qui viennent couronner un ensemble de concessions faites par Assimi Goïta et ses camarades sous la pression plus internationale que nationale, on peut dire que les tombeurs d’IBK se sont donné les moyens d’agir dans un climat plutôt apaisé. Car, cela pourrait permettre de calmer la tension sociale et d’aller à la réconciliation, quand on sait que ce genre de ruptures brutales dans l’histoire d’un pays, sont des parenthèses douloureuses qui se referment rarement sans laisser de cicatrices en termes de fracture et de rancœurs sociales en tous genres. C’est pourquoi, loin d’être anodin, c’est un geste d’apaisement à saluer à sa juste valeur, même si le communiqué officiel précise, à toutes fins utiles, que les intéressés restent à la disposition de la Justice. Toujours est-il que ce geste traduit la volonté des autorités de la Transition, d’inscrire leur action dans le cadre de la légalité et du respect des textes.  Et cela est bon pour le Mali.

 

Ces libérations constituent un bon signal pour la Transition malienne

 

Surtout dans ce contexte de précarité où l’on n’a pas besoin d’en rajouter à la complexité de la situation avec des réflexes de régime d’exception, quand on sait l’immensité des défis qui attendent la nouvelle équipe qui, avec le souffle permanent de la menace djihadiste dans la nuque, a pour mission principale de conduire le Mali à des élections libres, transparentes et crédibles, pour signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal. C’est pourquoi l’on peut s’attendre à ce que le président en exercice de la CEDEAO, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, qui est annoncé cette semaine dans la capitale malienne, félicite, au passage,   les autorités intérimaires de Bamako, pour ces libérations. Une visite qui serait le couronnement d’un mois et demi de fortes tractations, pour mettre le train de la transition malienne sur les rails. Mais, au-delà de la CEDEAO, la satisfaction des Maliens serait beaucoup plus aboutie si le feuilleton de la libération annoncée du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, et de l’otage française, Sophie Pétronin, connaissait une fin  heureuse, après les espoirs froidement douchés des premiers jours, qui ont plongé leurs familles et leurs proches dans une attente encore plus angoissante. En tout état de cause, ces libérations constituent un bon signal pour la Transition malienne. Car, ce sont autant de points positifs marqués par les autorités locales pour le bonheur des Maliens et des démocrates du continent.  Il leur appartient à présent de se montrer à la hauteur de l’histoire et de leur mission, en conduisant le bateau de la transition malienne à bon port, à l’horizon 2022. En attendant, par ce geste, on peut dire que le président Bah N’Daw et son équipe ont prouvé à la CEDEAO qu’ils sont dignes de confiance. A l’institution sous-régionale de savoir le leur rendre en aidant au mieux le Mali à traverser cette difficile parenthèse de son histoire plutôt mouvementée.

 

 « Le Pays »

 

 


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