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MORT ACCIDENTELLE DE DJ ARAFAT


Alors que les hommages fusent de partout et que se préparent les obsèques de la star ivoirienne du « coupé décalé », DJ Arafat, arraché à l’affection des siens et de ses adulateurs, le 12 août dernier, à la suite d’un accident de moto, bien de ses fans, au-delà même des frontières de sa Côte d’Ivoire natale, ont encore du mal à admettre la triste réalité. Et pourtant, il va falloir s’y faire. Le roi de la scène du « coupé décalé » a définitivement rangé son micro de façon aussi brutale qu’inattendue si fait que 48 heures après son décès, beaucoup de ses admirateurs sont encore sous le choc. Mais au-delà de la consternation, il y a des leçons à tirer de la disparition tragique et précoce de cette icône de la musique ivoirienne. Pas par rapport au quatrième art à travers lequel il a su bâtir sa réputation, mais par rapport à cette autre passion qui était la sienne, la moto.

La route n’a pas de roi, mais des règles à observer scrupuleusement

En effet, si le roi du « coupé-décalé » s’était aussi voulu le roi de la route en raison de son goût un peu trop prononcé pour les bolides à deux roues et le plaisir nirvanique qu’il tirait à rouler à grande vitesse, il aura compris bien trop tard que la route n’a pas de roi, mais des règles à observer scrupuleusement sous peine de mettre sa vie en danger et celle des autres. Et ce qui est arrivé à Yôrôbô le jour de la Tabaski où il a payé de sa vie, un moment d’imprudence sur la route, après avoir violemment percuté un véhicule dans la capitale économique ivoirienne, doit appeler à la réflexion. En effet, cette mort violente de la légende de la musique ivoirienne, partie à la fleur de l’âge, au moment où la vie qu’il aimait croquer à pleines dents, lui ouvrait toujours les bras et lui promettait encore un avenir radieux, plus qu’une interpellation à la prudence dans la circulation routière, est un véritable appel à une prise de conscience de cette partie de la jeunesse africaine qui continue de défier la mort dans les rues des capitales, sans prendre les précautions nécessaires à la pratique d’un sport aussi passionnant que dangereux qu’est la moto. Ce, parfois au mépris de la vie d’autrui, et souvent au nez et à la barbe des forces de l’ordre quasi impuissantes. C’est malheureusement l’une des plaies de notre époque où des « enfants à papa », comme on les appelle, sont devenus de véritables dangers publics en s’adonnant à cœur joie à leur sport favori en milieu urbain, au mépris du Code de la route et des règles élémentaires de la circulation routière. S’il revient à la force publique de faire respecter la loi, il est aussi du devoir des parents et autres éducateurs, de rappeler fermement les enfants à l’ordre pour éviter d’en faire des victimes inutiles de la route. Si tous les pères spirituels du chouchou ivoirien du « coupé-décalé » avaient su lui « tirer suffisamment les oreilles » par rapport à certaines de ses pratiques à la limite de l’addiction, peut-être qu’il s’en serait trouvé un qu’il aurait écouté.

DJ Arafat est mort comme il a vécu : à 200 à l’heure

Cela dit, en Afrique, le respect dû aux morts commande que l’on évite de trop remuer le couteau dans la plaie, mais les circonstances de la disparition tragique de DJ Arafat doivent amener cette partie de la jeunesse qui voue un culte quasi religieux à la pratique de la moto au mépris des règles élémentaires de sécurité et de prudence, à comprendre qu’elle est en train de se fourvoyer. C’est aussi le lieu de pointer du doigt la responsabilité de certains parents. Car, la star ivoirienne de la musique avait certes les moyens de sa politique en ce sens qu’il lui était loisible de s’offrir ce qu’il voulait. Mais combien sont-ils les parents, à céder aux caprices de leurs enfants en leur offrant ces engins de la mort, parfois rien que pour rivaliser avec des amis ?  En tout état de cause, DJ Arafat est mort comme il a vécu : à 200 à l’heure. Mais si sa passion pour la moto l’a emporté dans l’au-delà, il faut que sa mort serve de leçon à la jeunesse africaine. Et la douleur de sa perte cruelle et prématurée, doit être un adjuvant pour aller vers un changement de comportement. Surtout pour cette jeunesse en manque de repères, qui s’identifiait à lui et qui est prête à porter le flambeau de son art. Ce n’est pas condamnable. Mais cela doit passer par l’adoption de bons comportements dans la circulation, à commencer par le port du casque. C’est à ce prix que DJ Arafat, Ange Didier Houon à l’état civil, ne sera pas mort pour rien. Mais l’homme est ainsi fait que passés souvent les moments d’émotion, il retombe toujours dans les mêmes travers parce que chacun a tendance à penser que ça n’arrive qu’aux autres. Jusqu’au jour où…

« Le Pays »


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