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PREMIER GOUVERNEMENT DE L’ERE TSHISEKEDI : Peut-on opérer un changement dans la continuité ?


Fin de suspense en République démocratique du Congo où le premier gouvernement de l’ère Tshisékédi, a enfin été dévoilé au petit matin du 26 août dernier, après de longues et difficiles tractations entre la coalition au pouvoir composée du Cap pour le changement (CACH) du président Félix Tshisékédi et du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, majoritaire à l’Assemblée nationale et au Sénat. Fort d’une soixantaine de membres, ce premier gouvernement de coalition compte plus d’une quarantaine de partisans de l’ancien chef de l’Etat qui garde aussi la main sur des postes régaliens comme la Justice et la Défense, occupés par des fidèles que sont respectivement Célestin Tunda Ya Kasende et Aimé Ngoy Mukema. C’est dire si dans le difficile accouchement de ce gouvernement Illunkamba 1, le FCC de Joseph Kabila se taille la part du lion, laissant la portion congrue à son allié de circonstance qui s’en tire avec une vingtaine de portefeuilles parmi lesquels ceux de l’Intérieur et des Affaires étrangères.

Le FCC de Joseph Kabila est bien parti pour imprimer sa marque à la marche du gouvernement

Mais l’une des caractéristiques les plus frappantes de cette nouvelle équipe, c’est que 76,9% des personnalités qui la composent, sont des novices en la matière pour n’avoir jamais été dans un gouvernement auparavant.

Exit donc des dinosaures comme le candidat malheureux du FCC, Emmanuel Ramazani Shadary, ex-Vice Premier ministre, chargé de l’Intérieur, et autres faucons comme Lambert Mendé qui aura particulièrement brillé par sa gouaille, à la Communication, en tant que porte-parole de l’ancien gouvernement.

Cela dit, si ce renouvellement de têtes au sein de l’Exécutif peut être lu comme une volonté du nouveau président d’aller au changement, l’on peut toujours se poser la question de savoir si ce changement pourra s’opérer dans ce qui a toutes les allures de continuité de l’action de l’ex-président Joseph Kabila dont les fidèles occupent les deux tiers des postes ministériels. En tout cas, on veut bien croire le chef de l’Exécutif quand il affirme que la formation de cette équipe traduit la vision du chef de l’Etat, mais avec un Premier ministre issu de ses rangs et deux fois plus de ministres, le FCC de Joseph Kabila est bien parti pour imprimer sa marque à la marche du gouvernement.  Et fort de sa majorité écrasante à l’Assemblée nationale après avoir pris le contrôle du Sénat, le FCC de Joseph Kabila apparaît aujourd’hui comme la véritable première force politique du pays à même de dicter la conduite à tenir au sommet de l’Etat. Dans ces conditions, où est le changement tant espéré ? Question à un sou. Sans aucun doute, le véritable changement pourra toujours attendre. Car, non seulement  le successeur de Kabila est tenu en laisse par son prédécesseur, mais aussi il est visiblement déjà à l’étroit dans ses habits de nouveau président, avec une marge de manœuvre réduite au strict

minimum. En tout cas, pour un président nouvellement installé, la configuration d’un tel gouvernement  dominé par le FCC, ressemble à une humiliation.  Et c’est peu dire que le chef de l’Etat n’aura pas les coudées franches pour l’exécution de son programme.

 Joseph Kabila a confié provisoirement son pouvoir au président Tshisékédi pour mieux tracer le chemin de son propre retour

Du reste, à l’heure des comptes, l’on se demande de quel bilan l’on parlera, tant le FCC de Joseph Kabila s’est visiblement donné tous les moyens de contrôle de l’action gouvernementale. Alors, va-t-il aider le chef de l’Etat à dérouler sereinement son programme ou va-t-il lui mettre des bâtons dans les roues à l’effet de le discréditer aux yeux de l’opinion ?  On attend de voir. Mais une chose est sûre, Félix Tshisékédi ne semble  pas maître de son destin à la tête de l’Etat congolais. Car, c’est à l’aune de l’action de son gouvernement majoritairement dominé par les fidèles de son ex-adversaire, que se dessinera la couleur de son mandat actuel. C’est pourquoi, sans faire injure au chef de l’Etat, il ne serait pas exagéré de dire que Joseph Kabila l’a porté au pinacle et lui a confié provisoirement son pouvoir pour mieux tracer le chemin de son propre retour.

En tout état de cause, au-delà de la faible représentativité de la gent féminine (17%) et du coût de fonctionnement de ce nouveau gouvernement qui suscite déjà des inquiétudes et des critiques, il faut espérer que l’attelage si difficilement mis en place, tiendra la route. Et on attend de voir si la nouvelle équipe saura se hisser à la hauteur des attentes des Congolais. C’est dire si le Premier ministre Sylveste Illunga Illunkamba et son gouvernement sont attendus au pied du mur. Car, seuls compteront les résultats. En tout cas, à l’épreuve de la première expérience de cohabitation de son histoire au sommet de l’Etat, la RDC n’a pas le droit de décevoir. Surtout après tant de temps d’attente et de tractations pour la formation de ce premier gouvernement de l’ère Tshisékédi.

 

« Le Pays »


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