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RECONSTITUTION DES FAITS DANS L’AFFAIRE THOMAS SANKARA


Le 13 février dernier, j’ai appris, par voie de presse, que les juges militaires ont procédé à la reconstitution des faits dans l’affaire Thomas Sankara, du nom de ce chantre de la Révolution, assassiné le 15 octobre 1987. En quoi consiste une reconstitution des faits ? C’est la question que se posent bien des Burkinabè ? Surtout quand on sait qu’il s’agit d’une affaire qui remonte à plus de trois décennies. C’est simple. Si l’on en croit un des avocats de la famille, en l’occurrence Me Bénéwendé Stanislas Sankara, la reconstitution des faits est, dit-il, « la mise en scène théâtrale du fait incriminé ». Et d’ajouter, en français facile, que c’est une étape importante qui « consiste à faire parler les acteurs sous l’œil du juge et des avocats des différentes parties ». Toute chose qui permet au juge de se faire une idée de ce qui s’est passé le 15 octobre 1987. Voyez-vous ? C’est une avancée importante que vient de connaître l’affaire Thomas Sankara puisque si l’on en croit l’avocat, on « s’achemine indubitablement vers le procès ». Comment donc ne pas s’en féliciter quand on sait que ce dossier qui avance aujourd’hui à grands pas, a été classé sans suite pendant les 27 ans qu’a duré le pouvoir de Blaise Compaoré ? Pour quelle raison ? Je n’en sais rien. Je sais seulement que n’eût été l’insurrection populaire d’octobre 2014, ce dossier serait définitivement enterré. En tout cas, je fais le constat qu’en cinq ans seulement, le dossier Thomas Sankara a connu une avancée encourageante pour la famille. Car, non seulement les reliques de l’ex-président ont été exhumées, mais aussi plusieurs personnes ont été inculpées quand certaines n’ont tout simplement pas été jetées en prison.

Je souhaite que puisse enfin se manifester la vérité

Et chose assez rare pour être soulignée, la France a accepté de déclassifier les dossiers relatifs à la mort de ce jeune capitaine burkinabè dont on dit qu’il dérangeait beaucoup. C’est dire que malgré le long temps qui s’est écoulé, il existe encore des indices matériels à même de permettre à la Justice militaire d’ouvrir le procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Et là, je sais que certains ont déjà le sommeil trouble. Ils ne dorment que d’un œil ; tant le fantôme de Sankara hante leur sommeil. Je ne cite le nom de personne mais comme j’aime à le dire, que celui qui se sent morveux se mouche. Mais qu’il sache qu’en se mouchant très fort, le juge pourrait entendre et procéder à son inculpation ou arrestation. Cela dit, je fais le constat que la reconstitution des faits dans l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara, est intervenue au moment où enfle la polémique sur l’ouvrage de l’ex-président Jean-Baptiste Ouédraogo dans lequel l’auteur dit « sa part de vérité » sur son ancien compagnon d’armes. Hasard de calendrier ou coïncidence expresse ? Je ne saurais répondre à cette question que bien des Burkinabè se posent comme moi. Tout ce que je souhaite, c’est que puisse, enfin, se manifester la vérité pour que l’on sache exactement ce qui s’est passé le 15 octobre 1987 dans les locaux du Conseil de l’Entente. A ce propos, j’imagine la peine et l’émotion qui habitaient certains témoins ou acteurs, le 13 février dernier, lorsqu’ils se sont retrouvés au Conseil de l’Entente pour la reconstitution des faits, voulue par le juge d’instruction. J’avoue que ce n’est pas facile.

« Le Fou »


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