HomeA la une« REMEDE MIRACLE » CONTRE LE COVID-19 A MADAGASCAR 

« REMEDE MIRACLE » CONTRE LE COVID-19 A MADAGASCAR 


Au moment où la planète entière est en croisade contre la pandémie du Covid-19 qui a franchi la barre des 160 000 morts sur plus de deux millions de cas d’infections avec la moitié de la population mondiale réduite au confinement, le salut de l’humanité viendra-t-il de Madagascar ? En tout cas, à en croire le président de la Grande île, Andry Rajoelina, son pays est sur le point de disposer de l’antidote contre la pandémie du moment, qui ne cesse de faire des ravages dans le monde entier. Morceaux choisis : « …Face au Covid-19, nous pourrons proposer un remède traditionnel amélioré constitué de plantes médicinales malagasy, qui a déjà fait ses preuves. En attendant les résultats des tests cliniques, nous sommes confiants de pouvoir changer le cours de l’Histoire dans cette guerre mondiale contre cette épidémie. Nous allons également procéder à des tests en laboratoire où le médicament sera administré sous différentes formes », a-t-il tweeté deux fois, à l’adresse de ses compatriotes. Tout le mal qu’on lui souhaite, c’est que son pays réussisse à proposer un remède efficace contre cette pandémie.

On peut se demander si le président malgache ne met pas quelque peu la charrue avant les bœufs

Cela rendrait grandement service à l’humanité, au moment où les résultats concluants de nombreux tests et autres expériences à travers le monde, se font encore attendre. Et s’il n’y a pas de doute que la pharmacopée traditionnelle a aussi un rôle à jouer dans la lutte contre le Covid-19, l’on peut tout de même se demander si le président malgache ne met pas quelque peu la charrue avant les bœufs, en se lançant dans la promotion d’une plante phytosanitaire (même s’il ne l’a pas révélée) qui est encore loin d’avoir fait toutes ses preuves de façon irréfutable, contre la pandémie spécifique du Covid-19. C’est pourquoi, en dehors de toute homologation scientifique, c’est peu de dire que l’histoire de ce « remède miracle », est un véritable pari risqué pour le président malgache. Ce d’autant qu’au-delà des dividendes politiques et des retombées économiques que son pays pourrait en tirer, c’est la vie de millions de personnes qui est ici en jeu. Aussi, au moment où la science n’a pas encore trouvé le remède adéquat, encore moins le vaccin contre la maladie, peut-on raisonnablement parier sur l’efficacité absolue d’une plante, quelles qu’en soient ses vertus, et qui est loin d’avoir satisfait à tout le protocole d’homologation scientifique applicable en pareilles circonstances ? Assurément, non. Car, ce serait prendre le risque de mettre des vies en danger au cas où le produit présenterait par la suite une certaine nocivité ou encore des effets secondaires non maîtrisés. C’est pourquoi, même si ce « remède miracle » paraît quelque part comme un espoir, il y a lieu de rester prudent. D’autant que sur la Grande île, on a vite fait le lien entre cette affaire de « potion magique » et les propos prophétiques d’une prédicatrice brésilienne venue, dit-on, en messagère de Dieu, en novembre dernier, pour prier et révéler au pays son destin extraordinaire. C’était avant même que l’épidémie n’éclate en Chine, un mois plus tard.

On attend de voir si l’histoire donnera raison au président Rajoelina

Et, dans le documentaire qui a été diffusé sur la chaîne publique malgache en milieu de semaine dernière, selon le témoignage d’un des deux pilotes qui l’aurait transportée aux quatre coins de l’île durant son séjour, « elle a annoncé que quelque chose allait se passer dans le monde dans très peu de temps. Ce phénomène causerait la mort de milliers de personnes. Elle a précisé que ce serait comme une guerre biologique. Pendant cette guerre biologique, Madagascar ferait partie des pays les moins touchés…et ici, on découvrirait l’antidote ».  Est-ce ce sur quoi le président malgache fonde sa conviction ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. En attendant, si on peut louer la force de sa conviction qui pourrait permettre de pousser les recherches dans le but de trouver le plus rapidement possible une solution, on espère que sa foi profonde en cette plante et sa conviction que son pays a un rôle à jouer dans la lutte contre cette pandémie, ne seront pas à ranger dans le même chapitre que les pitreries de l’ancien chef d’Etat gambien, Yahya Jammeh, qui prétendait, à l’époque, disposer du remède contre le VIH Sida et soigner la maladie. C’était à base de plantes médicinales dont il n’a, du reste, jamais accepté de révéler la formule. La suite, on la connaît : une excentricité qui a fini par des plaintes en justice de certaines de ses victimes contre l’ex-dictateur, après sa chute du pouvoir. Dans le cas malgache, on attend de voir si l’histoire donnera raison au président Rajoelina.

 « Le Pays »


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