HomeA la uneRUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE LE BURKINA ET TAIWAN

RUPTURE DES RELATIONS DIPLOMATIQUES ENTRE LE BURKINA ET TAIWAN


Roch a-t-il fait le bon choix ?

C’est dame rumeur qui l’avait annoncé, il y a de cela quelques jours. Mais c’est désormais officiel. Le Burkina Faso a rompu ses relations diplomatiques avec la Chine Taïwan. C’est le ministre des Affaires étrangères, Alpha Barry, qui l’a dit au cours d’une rencontre, hier, 24 mai 2018, avec les hommes de médias. C’est l’histoire d’une relation en dents de scie, qui vient ainsi de connaître un coup d’arrêt. Car, faut-il le rappeler, le Burkina et Taïwan coopèrent depuis 1961 avec une interruption en 1973, consécutive à l’avènement du Général Sangoulé Lamizana au pouvoir, qui avait plutôt voulu se rapprocher de la République populaire de Chine. Une vingtaine d’années après, soit en 1994, Blaise Compaoré décide de tourner le dos à Pékin pour ouvrir ses bras à Taïpei. Du coup, des projets bilatéraux de la part de Taïwan se sont multipliés dans tous les secteurs au Burkina Faso : la formation professionnelle, l’assistance technique en agriculture, l’importation de la technique solaire, la construction d’hôpitaux, l’enseignement du mandarin, etc. L’abondance des investissements de l’ancienne Ile de Formose au pays des Hommes intègres, était telle que certains n’hésitaient même pas à dire que les autorités taïwanaises pratiquent « la diplomatie du chéquier » pour espérer ainsi maintenir ses quelques rares alliés sur le continent noir. En tout cas, avec le départ du
Burkina Faso, seul le Swaziland continue de reconnaître Taïwan ; ce qui constitue, à n’en point douter, un véritable coup de massue. Car, les uns après les autres, l’île nationaliste a vu ses alliés se retourner vers la Chine continentale, si fait que de treize alliés en 1995, elle n’en compte qu’un seul aujourd’hui. Alors, pourquoi ?

Dans les relations internationales, tout fluctue

Est-ce à cause de l’activisme à jamais démenti de Pékin ? Questions à mille inconnues. Seulement, pour ce qui est du Burkina Faso, on savait que Taipei, depuis l’arrivée de Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir, marchait sur des œufs. A preuve, contrairement à Blaise Compaoré qui s’y est rendu une dizaine de fois en visite officielle, Roch n’est jamais allé à Taïwan. Il y a tout au plus dépêché, en juin 2017, le président de l’Assemblée nationale, feu Salifou Diallo. C’est dire que l’on voyait venir les choses; en témoigne surtout l’importance, ces dernières années, des investissements chinois dans le secteur minier au Burkina, qui comptent pour beaucoup dans l’économie nationale.
Cela dit, le Burkina Faso, on le sait, en tant qu’allié important de Taïwan, était assidument courtisé par la République populaire de Chine qui a su profiter du changement de régime intervenu dans notre pays, à la faveur de l’insurrection populaire de 2014 et qui a mis fin aux 27 ans de règne de Blaise Compaoré. Cela étant dit, Roch a-t-il fait le bon choix ? Difficile de répondre pour l’instant. Seul l’avenir nous le dira. Rien ne dit d’ailleurs qu’un jour, le Burkina ne reviendra pas à ses anciennes amours avec ou sans Roch aux affaires. Car, dans les relations internationales, tout fluctue au gré des intérêts des Etats. Ceci pouvant expliquer cela, l’on comprend pourquoi le Burkina et Taïwan sont à leur deuxième divorce. C’est dire que Charles de Gaulle avait raison, quand il affirmait : « les peuples n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Et c’est peu dire !

Boundi OUOBA


Comments

Leave A Comment