HomeA la uneGOUVERNEMENT D’ALLIANCE POPULAIRE : Ce qu’en pensent des hommes politiques, OSC et citoyens lambda

GOUVERNEMENT D’ALLIANCE POPULAIRE : Ce qu’en pensent des hommes politiques, OSC et citoyens lambda


 

Après son élection au 1er tour à la présidentielle du 29 novembre dernier, le président élu du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, s’est dit disposé à former un gouvernement d’ouverture. Sur la même lancée, dans une interview accordée à un journal de la place le 1er décembre dernier, Salif Diallo, 1er vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), a annoncé la volonté de son parti de former un gouvernement d’alliance populaire. Certains hommes politiques que nous avons approchés le 7 décembre 2015,  ont préféré ne pas se prononcer sur la question. Par contre, d’autres ont accepté donner leur appréciation du gouvernement annoncé. Lisez plutôt !

Laurent Monné, secrétaire général du CAR : « Si c’est la formule pour répondre aux aspirations des populations, je n’y vois pas d’inconvénient»

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« Ce qui est intéressant, c’est que le Burkina Faso vient de prouver à l’opinion nationale et internationale qu’il est un pays à part entière. Le Burkina est aujourd’hui un modèle en Afrique.  Pour ce qui concerne la formation d’un gouvernement d’alliance populaire, si c’est la formule pour répondre aux aspirations des populations, je n’y vois pas d’inconvénient. Mais si c’est une formule pour faire taire certaines personnes comme on le faisait avant pour la société civile, je pense qu’il y aura toujours des problèmes. Nous reconnaissons que les aspirations de la population sont énormes et les gens attendent beaucoup du nouveau gouvernement. Si le gouvernement d’alliance populaire est la formule la mieux adaptée pour combler les attentes du peuple, il sera le bienvenu. »

Aziz Sana, président du collectif pour la démocratie, le droit et le développement (Collectif 3D) : « Il est facile de critiquer, mais il est très difficile de construire »

Aziz Sana

« Le nouveau parti au pouvoir a affiché sa volonté d’associer les fils et filles du pays à la gestion du pouvoir, afin que les nombreuses attentes formulées du peuple soient comblées. Il ne souhaite pas qu’il y ait une catégorisation « bon burkinabè », « mauvais burkinabè ». Il est facile de critiquer, mais il est très difficile de construire. En associant tout le monde à la gestion de la chose publique, cela permet déjà de prendre en compte les aspirations de chaque entité. L’exemple palpable est le gouvernement de la Transition dans lequel se trouvent différents acteurs de la vie nationale, tout comme le Conseil national de la Transition.  Cela a permis au peuple d’apprécier la gestion de la chose publique de façon objective. Je ne vois pas de mal à la volonté du MPP d’associer les fils et filles du pays à la gestion du Burkina dans l’objectif de mieux faire. La crainte des gens est qu’il ne faudrait pas que ceux en qui le peuple a porté sa confiance pendant et après l’insurrection se «mouillent» comme on a l’habitude de le dire. C’est une crainte justifiée. Du temps de Blaise Compaoré, certains partis soutenaient la modification de l’article 37. Si la société civile n’avait pas pris part à la lutte, ce n’est pas certain qu’on en serait là aujourd’hui. Mais il faut que les gens se disent que Blaise Compaoré n’est plus là et que nous sommes en train de construire un nouveau Burkina. Il ne faudrait pas que la phobie du temps de Blaise Compaoré prenne le dessus sur l’objectivité. Il faut tendre vers le gouvernement d’alliance, comme c’est le cas dans bon nombre de pays. Cela permet d’apaiser les tensions, vu que nous sortons d’une insurrection populaire et qu’on ne peut apporter une réponse positive à toutes les attentes des populations.

Marcel Tankoano, président du M21 : « Le gouvernement doit travailler à réconcilier les Burkinabè »

 

Marcel Tankoano

« Je salue la volonté des nouvelles autorités de rechercher une nouvelle dynamique, c’est-à-dire en optant pour la formation d’un gouvernement d’alliance populaire. Maintenant, l’inquiétude est  de savoir s’il faut appeler tout le monde. Est-ce qu’il faut faire appel à la société civile ? Il serait intéressant de former un gouvernement qui réunit tous les fils et filles du pays pour la cause nationale. Nous revenons de très loin, eu égard à l’insurrection populaire et au coup d’Etat du 16 septembre dernier.  Aujourd’hui, le gouvernement doit travailler à réconcilier les Burkinabè entre eux-mêmes. S’il n’y a pas de réconciliation nationale, cela va poser problème.

Aziz Dabo, secrétaire national adjoint aux relations extérieures de la NAFA : « Je suis pour des technocrates dans le gouvernement »

Aziz Dabo

« L’idée de la formation d’un gouvernement d’alliance populaire est séduisante, à condition que le gouvernement intègre des technocrates, c’est-à-dire des gens qui ont beaucoup de compétences. Cela serait bien puisque ces gens pourront apporter une plus-value à la gestion de la chose publique, des expériences nouvelles. Par contre, si c’est un gouvernement qui va impliquer certaines Organisations de la société civile qui ont eu à mener  des luttes qui ne sont pas forcément nobles, nous assisterons à des dérives. Le souhait aujourd’hui est que les OSC soient vraiment apolitiques et restent dans leur rôle de veille citoyenne. On ne pourra pas s’en sortir si on continue à estimer que tel parti politique est derrière telle OSC, cela ne serait pas bien pour le Burkina. Aujourd’hui, il n’y a plus de temps à perdre, il faut aller au charbon, se serrer les coudes pour aller de l’avant. Je suis donc pour des technocrates dans le gouvernement. »

Valérie Ouédraogo Kelem (gérante de kiosque) : « Je voudrais voir l’opposition dans le prochain gouvernement »

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« Je crois que la nécessité  de mettre  en place  un gouvernement d’union nationale est impérieuse. Il le faut nécessairement  pour réconcilier les Burkinabè avec eux-mêmes. Je voudrais voir l’opposition dans le  prochain gouvernement, car elle connaît mieux  les préoccupations des Burkinabè. Je souhaite ardemment que la nouvelle équipe gouvernementale prenne en compte toutes les sensibilités. »

Nikiéma Kader, libraire : « Gouvernement d’alliance populaire ou gouvernement d’union nationale, peu importe »


« A mon avis, un gouvernement d’union nationale est  une bonne  chose pour notre pays qui vient de traverser des périodes  assez  mouvementées. Gouvernement d’alliance populaire ou gouvernement d’union nationale, peu importe. L’essentiel est de parvenir à un consensus pour diriger le pays. Mais s’il y a lieu de faire une nuance entre  ces expressions, je dirai qu’un gouvernement d’alliance populaire  est une façon de rassembler tout le monde. Ce serait un gouvernement qui n’entend  pas faire la part belle à un seul parti comme le MPP. »

Daki Nouhoun, professeur d’histoire–géographie au Lycée Phillipe Zinda Kaboré : « Le MPP doit gouverner seul et assumer entièrement ses responsabilités »

« Quand Salif Diallo parle de gouvernement d’alliance populaire, je ne sais pas quelle signification il veut donner à cette expression. Je vous dis franchement que j’ignore  les contours de ce type de gouvernement. Mais à mon entendement, un gouvernement d’union nationale suppose que la majorité gouverne avec  la mouvance et l’opposition radicale. Quand on a un programme de société à exécuter, on peut bien le faire avec ceux qui ne partagent  pas forcément le même point de vue. Je crois que le MPP doit gouverner seul et assumer entièrement ses responsabilités. Je veux dire même que c’est un piège qu’on tend  à l’opposition et à la société civile. Quoi que le MPP fasse, il y aura forcément des insatisfaits. Nombreux sont ceux qui vont adhérer à ce programme, pensant avoir des retombées. S’ils ne sont pas satisfaits, c’est là que viendront les problèmes. Je crois que les politiciens ont cette astuce de pouvoir coopter les gens selon leur sensibilité. Je prends l’exemple de l’ADF-RDA qui ne s’est jamais opposée au régime de Blaise Compaoré. L’inquiétude pour un gouvernement d’union nationale pour moi, c’est ce à quoi il peut aboutir. »

Galip Somé, rédacteur en chef adjoint de la Radio nationale : « Il n’est pas exclu que le Premier ministre vienne de l’opposition »

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« En général, après une crise, l’idéal est d’aller vers un gouvernement d’union nationale pour prendre en compte diverses sensibilités. C’est pour montrer qu’on veut que  les préoccupations  de toutes les sensibilités soient prises en compte. Quand vous écoutez un peu les propos du président  élu, il a appelé  tout le monde à se joindre à lui pour bâtir le Burkina. On comprend alors que c’est  une vraie main tendue pour essayer d’aller à l’apaisement sans lequel il n’y a pas de développement. A la lecture des résultats des législatives, on se rend compte qu’il n’y a pas de majorité absolue qui se dégage. Dans ce cas de figure, il faut forcément des jeux d’alliance  pour éviter des blocages à l’Assemblée nationale. Et il n’est pas n’exclu que le Premier ministre vienne de l’opposition. C’est l’avis de certains spécialistes dont nous avons eu à recueillir les propos. Les tractations se poursuivent  et nous  pensons que c’est à l’issue de tout   cela que nous pourrons véritablement apprécier. »

Propos recueillis par Hamed NABALMA


Comments
  • Gouvernement d’alliance populaire, c’est encore un vocable pour tromper le peuple. Déjà que l’on ne s’en sort pas avec les systèmes de gouvernement les plus usités, il faut arrêter de vouloir embrouiller les gens. Je pense qu’il faut que le MPP gouverne seul avec des technocrates sincères qui prennent le rôle de ministre comme un sacerdoce : “SERVIR ET NON SE SERVIR”. Ce parti a été élu qu’il assume avec courage et honnêteté en sachant que la société civile est aux aguets pour les recadrer de manière responsable.

    8 décembre 2015

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