HomeA la uneBRAS DE FER ENTRE KINSHASA ET L’ONU : Jusqu’où ira Kabila pour son 3e  mandat ?

BRAS DE FER ENTRE KINSHASA ET L’ONU : Jusqu’où ira Kabila pour son 3e  mandat ?


Constitutionnellement non partant pour briguer un autre mandat présidentiel à l’issue du deuxième qu’il achève en 2016, Joseph Kabila semble pourtant bien décidé à s’accrocher au pouvoir. En effet, malgré le flou qu’il entretient sur la question, ses faits et gestes trahissent de plus en plus sa volonté de contourner les dispositions constitutionnelles qui l’empêchent d’être candidat à sa propre succession. Ainsi, après s’être mis à dos une frange importante de ses compatriotes, notamment l’opposition politique et la société civile qui se montrent particulièrement  vigilantes et s’organisent pour lui  barrer la route, de même que l’Eglise catholique qui, fidèle à sa tradition, n’a pas porté de gants pour l’appeler au respect strict de la Constitution, sa dernière trouvaille est de provoquer l’Organisation des Nations unies (ONU) dont il veut obtenir un audit des agences dans son pays.

L’attitude du gouvernement congolais ne traduit pas moins une dérive autoritaire du président Kabila

Chose que refuse bien entendu l’institution dirigée par Ban Ki-Moon dont le répondant sur place s’est fait fort de rappeler au gouvernement congolais ses engagements et les textes qui les lient, notamment la convention générale sur les immunités et les privilèges des Nations unies, qui interdisent, entre autres, toute perquisition ou réquisition de documents. Aussi inédit et incongru que puisse paraître un tel bras de fer, l’attitude du gouvernement congolais ne traduit pas moins une dérive autoritaire du président Kabila, en violation flagrante des règles de convenance et de bienséance envers un partenaire qui ne ménage aucun effort pour maintenir la paix dans son pays. D’où des questionnements sur l’insistance des autorités congolaises à vouloir auditer une institution au fonctionnement de laquelle elles n’apportent a priori aucun concours financier. En tout cas, l’on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la pertinence et l’opportunité d’une telle action. Si c’est par souci de transparence ou pour donner des gages de bonne gouvernance, Kabila et son gouvernement gagneraient à balayer d’abord devant leur propre porte, dans un pays où même la paie des fonctionnaires n’est pas à l’abri des prédateurs de la République. A vrai dire, au regard de la situation de contestation que vit la RD Congo à la veille de la fin du second mandat du président Joseph Kabila, l’on a du mal à se convaincre que toutes ces manigances ne participent pas d’une stratégie de confiscation du pouvoir par le maître de Kinshasa. En effet, au lieu de s’atteler à trouver les financements pour organiser la pléthore d’élections qui doivent nécessairement précéder la présidentielle de 2016, acculé de toutes parts et de plus en plus esseulé, le président congolais fait dans la diversion en cherchant partout la petite bête pour créer un incident qui pourrait conduire à une situation de blocage. Toute chose qui pourrait favoriser le glissement du calendrier électoral qui lui permettrait alors de se maintenir à la tête de l’Etat congolais, au-delà du délai constitutionnel.

Kabila fait flèche de tout bois et n’est pas prêt à reculer

A moins que l’objectif visé ne soit de faire chanter l’organisation onusienne ou, à tout le moins, d’obtenir son retrait pur et simple de la RDC afin de se donner les coudées franches pour parvenir à ses fins. Car, on le sait, l’ONU est aussi sa mauvaise conscience, surtout que l’un de ses membres influents, à savoir le pays de l’Oncle Sam, a clairement affiché son hostilité pour un troisième mandat de Kabila. Si c’était le cas, ce serait une méthode grossière, qui manque totalement de finesse politique et qui montrerait davantage son attachement morbide à son fauteuil. Ses nominations à la pelle de gouverneurs qui ne répondent pas aux normes participeraient de cette même logique de confiscation du pouvoir. Finalement, pour son troisième mandat, on a envie de dire que Kabila fait flèche de tout bois et n’est pas prêt à reculer. Et qui sait si après l’ONU, il ne demandera pas  à entendre le Secrétaire général Ban Ki-Moon himself.  Visiblement déterminé, Kabila pourrait même aller jusqu’à fouiner dans les affaires des chancelleries accréditées auprès de son pays. On sait jusqu’où peut conduire l’ivresse du pouvoir sur le continent. Et Kabila pourrait aller encore plus loin.

« Le Pays »


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