PUTSCH MANQUE, AFFAIRE HAMA AMADOU, FICHIER ELECTORAL CONTESTE : De gros nuages noirs dans le ciel nigérien

 

 

Le climat sociopolitique est plus que jamais délétère au Niger. En effet, alors que tout le monde s’interrogeait sur les raisons de l’attaque du siège du parti au pouvoir, survient une autre affaire. Il s’agit, à en croire les autorités nigériennes, de la tentative d’assassinat qui aurait visé le président Mahamadou Issoufou et ce, à quelque deux mois de la présidentielle et des législatives. Qu’est-ce qui aurait justifié un tel coup de force? Aurait-on pu l’expliquer par un problème de gouvernance politique ? Ou bien est-ce un coup de sang d’un groupe d’individus qui en veulent à Mahamadou Issoufou ? Quelles que soient les réponses qu’on pourrait donner à ces interrogations, la réalité est la même. Le Niger est malade parce que le climat politique est de plus en plus  lourd. Car en plus de cette affaire de coup d’Etat, il y a les questions qui entourent le cas de Hama Amadou, incarcéré dans l’affaire de trafic de bébés. A cela s’ajoute la polémique qui enfle autour  de l’audit du fichier électoral. Ces évènements pris ensemble et interconnectés, constituent de gros nuages noirs dans le ciel de Niamey. Pour revenir à la tentative du putsch manqué, elle pourrait être le résultat de ce climat lourd qui pèse sur les Nigériens. Ce d’autant plus que l’armée de ce pays a coutume de profiter des turpitudes des politiciens pour faire irruption dans l’arène politique. Malgré tout, le président Issoufou ne doit pas prêter le flanc. Dans l’affaire impliquant l’ancien président de l’assemblée nationale, Hama Amadou, le régime nigérien a essayé tant bien que mal de ne pas suivre la logique du présumé coupable qui a tenté de ramener son inculpation à une affaire purement politique.

Le fichier électoral constitue une pomme de discorde sous nos tropiques

Le pouvoir a-t-il réussi à convaincre le  peuple nigérien que l’affaire Hama Amadou n’a rien de politique ? La question reste entièrement posée. A propos de l’audit du fichier électoral, l’opposition demande que la certification soit confiée à un cabinet international « indépendant  et crédible », sinon, elle se réserve le droit de boycotter le scrutin. A cette requête, le pouvoir n’entend pas donner une suite favorable parce que, dit-il, les requérants sont de mauvaise foi et cherchent à retarder le processus électoral enclenché. Tout en n’excluant pas l’exploitation politique que l’opposition pourrait faire de l’audit du fichier électoral, l’on se demande bien pourquoi Mahamadou Issoufou n’accéderait pas à la requête de la classe politique. De quoi a-t-il peur ? Le fichier électoral constitue une pomme de discorde sous nos tropiques, et bien des crises post-électorales en sont issues. Issoufou a donc intérêt à ce que le fichier électoral soit validé par tous pour éviter certaines tensions sociopolitiques. En plus, il est difficile de prétendre organiser des élections transparentes et crédibles au Niger sans un fichier électoral fiable. Cela dit, en voulant montrer qu’il est le seul maître à bord du navire nigérien, le régime de Issoufou risque de créer les conditions d’une déflagration qui sera préjudiciable à la paix sociale au Niger. Car, avec la menace terroriste omniprésente, les évènements qui s’enchaînent au Niger assombrissent un ciel déjà « lourd » et qui pourrait être annonciateur de grosses tornades.

Michel NANA