HomeA la uneDIALOGUE DE SOURDS A ENTEBBE SUR LE BURUNDI : Le baluchon ou la mort !

DIALOGUE DE SOURDS A ENTEBBE SUR LE BURUNDI : Le baluchon ou la mort !


 

Les Burundais réussiront-ils à taire les armes pour enfin se parler franchement afin de trouver une issue à la crise que traverse leur pays, depuis que le président Pierre Nkurunziza a eu la mauvaise inspiration de traduire en acte, sa volonté de se succéder à lui-même au terme de ses deux mandats constitutionnels ? En tout cas, ce lundi 28 décembre 2015 a vu  la reprise du dialogue inter-burundais à Entebbe en Ouganda, réunissant plusieurs composantes de la Nation dont le gouvernement burundais, le parti au pouvoir, l’opposition, la société civile, les femmes, les médias…, sous l’égide du facilitateur ougandais, Yoweri Museveni, en présence d’un représentant de l’Union africaine (UA). Mais avant même de se rendre à Kampala, le porte-parole du gouvernement burundais a tenu à préciser que «d’abord, il s’agit de dialogue, pas de négociations. Deuxièmement, pour nous, nous avons clairement indiqué au facilitateur que nous n’allons pas cautionner ni légitimer les putschistes ni le mouvement putschiste ». De son côté, l’opposition non plus n’a pas caché sa position en faisant remarquer au médiateur ceci: « il est important et nous soulignons cela, surtout vis-à-vis de la médiation, le pouvoir de facto de Nkurunziza, qu’il est partie prenante au conflit. Il n’a pas à imposer la méthodologie parce qu’il est le mal absolu. Toutes ces victimes, tous ces assassinats, ces enlèvements, c’est la faute du troisième mandat ». Comme l’on pouvait s’y attendre, l’on est bien parti pour un dialogue de sourds dans cette crise burundaise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces pourparlers d’Entebbe, qui se sont ouverts sous de mauvais auspices, sont déjà voués à l’échec avant même d’avoir commencé. En tout cas, avec un tel décor planté, que peut-on en attendre ? Absolument rien. C’est une pure perte de temps pour des résultats déjà connus à l’avance.

Seule une rébellion organisée et soutenue de l’extérieur, semble l’alternative

Car, Nkurunziza qui est le problème burundais tout entier, s’est mis dans une position non négociable, parce qu’il tient à son troisième mandat et compte bien l’exercer, envers et contre tout. Face à une telle attitude de défiance et de cynisme, il est plus que écoeurant de voir l’Union africaine adopter une attitude, à la limite de la supplication vis-à-vis du satrape de Bujumbura. C’est une honte pour l’institution continentale qui ne se sera pas,  jusque-là, montrée à la hauteur du défi que constitue pour elle le cas Nkurunziza. Au contraire, le boucher de Bujumbura aura mis à nu toutes les faiblesses de l’institution continentale dont on se demande comment elle pourrait encore sauver la face dans ce bourbier burundais. Et le drame, c’est que face à une communauté internationale timorée et à cette UA qui se perd dans ses propres contradictions, ne sachant plus par quel bout prendre le problème, des Burundais continuent d’être quotidiennement massacrés à la pelle dans leur propre pays, pour s’être simplement dressés contre leur dictateur. Pour eux et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec Nkurunziza, c’est finalement le baluchon pour l’exil ou la mort. Et il est à craindre que les opposants qui se sont engagés à visage découvert dans ce pseudo-dialogue, ne s’exposent davantage à la furie de Nkurunziza et de ses sbires qui sont dans une logique du pis-aller. C’est peut-être malheureux de le dire, mais dans le contexte actuel du Burundi, seule une rébellion organisée et soutenue de l’extérieur, semble l’alternative la plus partagée pour rétablir l’ordre constitutionnel normal dans ce pays. Il est d’ailleurs étonnant que la communauté internationale, que l’on a pourtant vue à l’œuvre sur des théâtres comme la Syrie et la Libye, hésite encore à apporter un tel soutien au peuple burundais qui est dans une posture de faiblesse pathologique face à un dictateur sanguinaire et sans pitié, qui bénéficie de surcroît de soutiens multiformes cachés. Il est peut-être temps de commencer à y penser.

Outélé KEITA


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