HomeA la uneAN V DE LA REVOLUTION TUNISIENNE : Un bilan mitigé

AN V DE LA REVOLUTION TUNISIENNE : Un bilan mitigé


 

Cela fait exactement cinq ans que la révolution tunisienne, connue sous le nom de révolution du Jasmin, emportait le régime dictatorial de Zine El Abidine Ben Ali. Depuis lors, tant d’eau a coulé sous les ponts que l’on ne sait plus par quel bout commencer. Car, à l’issue d’une longue transition, le pays de Bougouriba a été remis sur les rails de la démocratie avec l’élection de Béji Caïd Essebsi à la tête de l’Etat. Même si, au passage, on peut déplorer la fêlure qui se dessine au sein du parti au pouvoir, Nidaa Tounes, plus que jamais au bord de l’implosion. En témoigne d’ailleurs le coup de sang du sieur Mohsen Marzouk qui, récemment, lançait son mouvement en vue de la création de son propre parti politique, offrant ainsi l’occasion aux islamistes d’Ennahda de reprendre du poil de la bête. A l’origine de cette mésintelligence, la volonté du fils du président de la République, Hafedh Caïd Essebsi, de régenter le parti dans la perspective des prochaines échéances électorales. Si fait que bien des observateurs redoutaient, avec la montée en puissance des islamistes, une confiscation des acquis de la révolution dans une société tunisienne moderne, qui présente de plus en plus des gages de liberté et de tolérance. A cela s’ajoutent les spasmes sociopolitiques que connaît le pays.

Le chaos libyen n’est pas pour arranger les choses

En effet, en plus des assassinats d’opposants, la Tunisie est devenue non seulement une cible majeure des djihadistes venus de la Libye voisine, mais aussi l’un des principaux pourvoyeurs de combattants djihadistes à travers le monde. Pour preuve, les statistiques font état de plus de 5 500 Tunisiens dont l’âge, en majorité, varie entre 18 et 35 ans, qui ont rejoint l’Etat islamique (EI) en Syrie, en Irak et en Libye, selon le groupe de travail de l’ONU sur l’utilisation des mercenaires. Cela pourrait s’expliquer par la répression qui s’est abattue sur des milliers d’islamistes tunisiens sous l’ère Ben Ali. Beaucoup ont été emprisonnés, bien d’autres ont pris le chemin de l’exil et les dirigeants du parti Ennahda contraints à la clandestinité ; toute chose qui a provoqué l’expansion d’une pensée wahhabite. Et le chaos libyen d’aujourd’hui n’est pas pour arranger les choses. Bien au contraire. Car, d’après les autorités tunisiennes, les trois auteurs des attentats du Bardo à Tunis, en mars et de Sousse en juin, ont été formés au pays de Mouammar Kadhafi, quasiment devenu le sanctuaire des djihadistes de toutes obédiences. Ces attentats, rappelons-le, avaient provoqué la mort de 38 touristes et 13 membres des forces de l’ordre, si fait que certains Tunisiens sont devenus nostalgiques du dictateur Ben Ali qui, quoi que l’on dise, apparaissait comme un rempart contre le terrorisme. De tout ce qui précède, on peut dire que cinq ans après la révolution tunisienne, le bilan reste mitigé.

B.O


No Comments

Leave A Comment