HomeA la uneVISITE MEDICALE DES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE : Le Bénin n’en finit pas d’innover

VISITE MEDICALE DES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE : Le Bénin n’en finit pas d’innover


Après le paiement de la caution de 15 000 000 de F CFA, les 36 candidats retenus pour la présidentielle du 28 février 2016 au Bénin, font désormais face à une nouvelle épreuve. En effet, depuis le 25 janvier dernier, ils sont soumis à un contrôle médical approfondi, qui consiste à évaluer leur état de santé physique, moral et psychologique par des médecins qui ont prêté serment à cet effet. On pourrait donc s’attendre à ce que des candidats soient recalés pour des raisons de santé. Mais une telle éventualité ne serait pas une mauvaise chose si les examens se déroulaient dans des conditions de transparence.

A priori, cette initiative participe d’une volonté de transparence. Elle vise à assurer les Béninois que le président qui sera élu sera en parfaite santé. Et vu sous cet angle, l’on ne peut que saluer l’initiative et souhaiter qu’elle fasse tache d’huile dans d’autres pays. Ailleurs, un certificat médical délivré par un médecin suffit à convaincre de la bonne santé du candidat. Quant à sa fiabilité, rien n’est moins sûr ! Mais à travers cette initiative, le Bénin montre qu’il ne faut pas seulement se fier aux documents. Ce pays a d’autant plus raison que sous nos tropiques, les hommes politiques qui caressent le rêve d’occuper le fauteuil présidentiel, ne sont pas toujours des saints. Pour parvenir à leurs fins, bon nombre d’entre eux sont capables du pire. Du reste, avec la corruption ambiante en Afrique, se faire délivrer un faux certificat médical est un jeu d’enfant. Il suffit, parfois de délier les cordons de la bourse. Quand on regarde le nombre de présidents malades sur le continent noir, l’on ne peut douter de la pertinence d’une telle mesure. Le mal de certains d’entre eux est si vieux que l’on a parfois envie de se demander s’ils ne l’ont pas contracté bien avant d’entrer en fonction. En tant que leader, capitaine de bord, un président de la République doit avoir une santé de fer pour mieux assurer le commandement.

Le Bénin est un exemple de démocratie sur le continent noir

Un président malade n’aurait d’abord pour souci que sa santé. Un chef d’Etat grabataire dans une Afrique qui ploie sous le fardeau de la malgouvernance, court le risque de siphonner les caisses de l’Etat pour les besoins de sa santé. Et comme en Afrique le président est roi, qui oserait lever le petit doigt pour condamner ? Et c’est la porte ouverte à la gabegie et à l’abus des biens sociaux. Dieu seul sait ce que la santé d’un président comme Lansana Conté a coûté à la Guinée. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en décidant d’approfondir le contrôle médical des candidats à la présidentielle, le Bénin a compris qu’il vaut mieux prévenir que guérir. L’on peut dire qu’une fois de plus, ce pays montre la voie à suivre. En effet, sur le plan de la démocratie, le Bénin n’en finit pas d’innover. En la matière, il est le premier laboratoire en Afrique. Faut-il le souligner, il a été le premier à organiser en bonne et due forme une conférence nationale qui aura permis de solder les comptes du passé et de remettre le pays sur les rails. Le Bénin fait partie également des premiers pays à supprimer les gadgets pendant les campagnes électorales et à expérimenter le bulletin unique. Pour tout dire, il est un exemple de démocratie sur le continent noir. Certes, certains candidats verront cette nouvelle mesure d’un mauvais œil, allant jusqu’à la trouver suspecte. Surtout que dans le cas du Bénin, le marigot politique a toujours été infesté de reptiles prêts à se dévorer, comme ce fut le cas de la guerre acharnée entre Patrice Talon et l’illustre ancien banquier qui criait à une tentative d’assassinat ourdie contre lui par le magnat des affaires béninoises. C’est pourquoi, dans le souci de lever toute suspicion sur l’organisation de ce contrôle médical par la Cour constitutionnelle, il est bon de prévoir, si ce n’est déjà fait, un contre-examen médical. Cela afin de donner la possibilité à d’éventuels candidats qui contesteraient leurs résultats, de recourir à d’autres laboratoires afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une manœuvre politique destinée à les écarter de la course à la présidentielle.

Dabadi ZOUMBARA


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