OUVERTURE DU PROCES DE L’EX-PRESIDENT IVOIRIEN : Quand ADO donne des arguments à la défense de Gbagbo
C’est en principe aujourd’hui 28 janvier que s’ouvre à la Haye le procès de Laurent Gbagbo et celui de Blé Goudé. Ces deux sont poursuivis pour meurtre, viol et autres actes inhumains et, à titre subsidiaire pour tentative de meurtre et persécution commis dans le cadre de la crise post-électorale de 2011. Le Christ de Mama et le Général de la rue se verront demander s’ils plaident coupables ou non. Quand on connaît déjà la lecture de la crise faite par les deux hommes et leurs partisans, l’on peut aisément imaginer la réponse qui sera apportée à cette question. Il y a de fortes chances qu’ils adoptent la posture du non coupable. Leur axe central de défense pourrait être le suivant : « Nous sommes blancs comme neige. Nous sommes devant cette barre uniquement du fait de la volonté de la Françafrique ».
Les Ivoiriens devraient transcender la passion pour reconnaître leur responsabilité dans le drame
Déjà, le ton a été donné par le meneur de la branche radicale du Front populaire ivoirien (FPI), Aboudrahamane Sangaré. Celui-ci, en effet, a profité d’une table ronde organisée à Abidjan pour rendre hommage à l’œuvre de son mentor, la veille de l’ouverture de son procès en martelant ceci : « Qu’on le veuille ou non, le 28 janvier, quelque chose va se passer. Et ça sera le procès de l’insoumission ». Comme on le constate, le temps et l’éloignement du maître n’ont aucunement altéré la rhétorique musclée de ses disciples. Le procès donc de Laurent Gbagbo est beaucoup attendu par ses partisans et, avec eux, l’ensemble de la Côte d’Ivoire. Tout le pays retient son souffle, les pro-Gbagbo tout comme les pro-Ouattara, puisqu’en Côte d’Ivoire, les non-alignés sont quasi-inexistants. Au-delà de la Côte d’Ivoire, c’est toute l’Afrique qui attend avec beaucoup d’intérêt ce procès. Car sur ce continent et même ailleurs, chacun voit midi à sa porte à propos du décryptage du sort qui a été réservé à l’ex-président ivoirien. Deux thèses se font face sans la moindre concession. La première soutient l’idée d’une instrumentalisation de la Cour pénale internationale (CPI) pour solder les comptes d’un nationaliste pur teint. Ce à quoi rétorquent les tenants de la deuxième thèse qui pointent du doigt la responsabilité politique de Laurent Gbagbo dans les massacres liés à la crise post-électorale, avec à l’appui des chiffres qui font frémir : 3000 morts, des femmes violées et des enfants traumatisés. Mais la grande question est de savoir qui en est responsable. Pour sûr, ce ne sont pas des Ovni (objets volants non identifiés), c’est bel et bien des Ivoiriens. Il est donc indécent, pour les uns et les autres, de faire dans le déni systématique. Les Ivoiriens devraient donc transcender la passion pour reconnaître leur responsabilité dans le drame qui a frappé leur pays en 2011. Cela dit, aujourd’hui plus que jamais, la défense de Laurent Gbagbo pourrait ne pas avoir beaucoup de difficultés pour trouver des arguments tendant à prouver que leur client ne devrait pas être là où il se trouve aujourd’hui et qu’il est en train de trinquer à la place des vrais coupables. Sans partager forcément cette ligne de défense, l’on peut dire que c’est le comportement d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) sur le terrain, qui inspire les tenants de cette thèse. En effet, bien des gens, sans doute sous l’emprise de l’émotion, avaient vite fait de jeter la pierre sur l’enfant terrible de Mama. Aujourd’hui, avec le recul, certains parmi eux ont le sentiment qu’ils étaient allés trop vite en besogne dans cette perception des choses. Ces derniers qui, naguère, ne portaient pas Gbagbo dans leur cœur sont en passe de faire leur mea culpa.
Il revient à la CPI d’apporter la preuve qu’elle ne roule pour aucun camp
Le méchant n’était pas celui qu’ils croyaient mais plutôt l’autre. Et pour étayer ce revirement, ils pourraient évoquer les faits suivants. Il y a d’abord, la justice sous Ouattara. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle s’apparente à une justice des vainqueurs. En effet, 5 ans après la fin de la crise, seuls les partisans de Gbagbo sont derrière les barreaux. Pendant ce temps, les brebis galeuses de l’enclos de Ouattara dont la responsabilité de certains est de notoriété publique dans les massacres, sont en train de se la couler douce en Eburnie. Le deuxième élément qui pourrait militer pour ce revirement est la posture qu’ADO adopte aujourd’hui vis-à-vis de ceux qui ont commis des actes graves au Burkina et qui sont recherchés par la Justice de ce pays. Non seulement, l’on peut avoir le sentiment que le président ivoirien n’est pas disposé à faciliter leur extradition mais aussi, il semble agacé par le fait que le Burkina Faso cherche à les traduire en Justice. Cette attitude peut choquer tous ceux qui sont épris de justice et qui avaient assisté à la promptitude avec laquelle le même Ouattara a facilité le transfèrement de son illustre prédécesseur à la Haye. Comment, en effet, peut-on s’inscrire dans une logique de lutte contre l’impunité dans son propre pays tout en accueillant sur son sol, avec tous les égards, des individus à qui l’on reproche dans leur pays d’avoir commis des crimes. Le fait même qu’il se soit empressé, par exemple, d’octroyer la nationalité ivoirienne à l’ancien président burkinabè est on ne peut plus suspect. Et cela donne encore raison à Laurent Gbagbo qui, au début de la rébellion de Guillaume Soro, avait, sans ambiguïté, dénoncé le rôle que jouait Blaise Compaoré dans la déstabilisation de son pays. C’est tout ce comportement qui a valu à ADO de s’aliéner bien des sympathies à l’extérieur de la Côte d’Ivoire et de rendre plus corsée la problématique de la réconciliation nationale dans son propre pays. Il lui revient donc de changer son fusil d’épaule en favorisant la manifestation de toute la vérité dans le cadre de tous les crimes liés à la crise post-électorale et d’avoir une attitude beaucoup plus amicale vis-à-vis du Burkina Faso. Il revient également à la CPI d’apporter la preuve, à l’occasion du procès de Gbagbo, qu’elle ne roule pour aucun camp. De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce que ce procès appelle d’autres procès. Et dans cette hypothèse, il ne serait pas surprenant de voir des personnalités et pas des moindres, qui sont aujourd’hui aux commandes de la Côte d’Ivoire aux côtés d’ADO, rejoindre tôt ou tard la Haye où on leur signifierait les mêmes charges que celles qui ont été retenues contre Laurent Gbagbo. En attendant cela, l’on peut se risquer à dire que la personne qui redoute le plus le procès de Gbagbo et ce, quelle que soit son issue, est bel et bien l’actuel locataire du palais de Cocody. Car, sait-on jamais, à cette occasion, bien des révélations embarrassantes pour lui pourraient être faites.
« Le Pays »
Jonassan
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Une belle et imparable analyse qui vous honore et honore le Burkina faso. Quand l’intégrité vous prend votre bouche s’ouvre doucement et les mots qui en sortent coulent allègrement.
28 janvier 2016Depuis le départ du pouvoir d’ADO, je disais que la nomination de SORO comme président de l’Assemblée Nationale n’est pas anodin. AN rime avec IMMUNITE, même immunité que Blaise a fait inscrire dans notre Constitution sous le vocable de “amnistie”. Mais la vérité est que c’est très compliqué de feinter sempiternellement la vérité, elle finit par jaillir et on dirait que son heure est venue. Comme Diendiéré qui croule sous le poids d’innombrables charges, Blaise une fois devant la justice, une avalanche de basses besognes vont se réveiller. La procureur de la CPI ne peut continuer à ce théâtre de mauvais gout par la sélection susceptible des crimes. En quoi le charnier de YOPOUGON est différent de celui de BOUAKE? Le nombre de victimes, on ne peut l’évoquer. Je crois même que l’implication de Soro à certains massacres est plus apparent que celle de Blé Goudé. Et Alors si Gbagbo parce que chef militaire, parce que président doit être condamné, comment ADO pourrait s’en sortir. CE PROCES EST DANGEREUX et quand ADO lui-même s’en est aperçu çà semblait trop tard. Il a donc fait ce qu’il a pu : arrêter l’hémorragie en ne livrant pas Simone que la CPI qui n’a d’yeux que pour les crimes du camp Gbagbo s’était empressé de réclamer; ainsi il protège de fait SORO sans être taxé de partisan en gardant avec lui Simone qu’il s’empresserait de gracier et de mettre fin à cette roue judiciaire qui veut tout broyer sur son chemin. Je suis content d’entendre notre procureur dire “le gouvernement nous a dit, qu’en raison de la séparation des pouvoirs, vous avez carte blanche pour appliquer vos procédures; on vous appuiera logistiquement au besoin”. JE SUIS TENTE DE DIRE, AU BURKINA ON AVANCE, MAIS AVEC UN SOUHAIT DANS MON COEUR, POURVU QUE CA DURE.
Touba
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Est ce le nombre de mort qui fait la différence? Sinon Gbagbo a raison. Je suis tenté de lui donner raison que c’est la France-Afrique qui a livre ce monsieur à la CPI.
28 janvier 20161er cas : Gbagbo est bombardé est soustrait de son bunker comme un rat et conduit à la CPI.
2ème cas : Blaise est exfiltré par la France conduit en Côte d’Ivoire avec tous égards et la nationalité à la clé et échappe même à la justice locale.
Expliquez moi bonne-gens. Est le nombre de mort la différence, où est que les morts burkinabé ne méritent justice. Il y a quelque chose qui m’échappe dans ces deux cas de figures. Je peu me tromper dans ma conclusion mais pour le moment je maintient celle-là. Il y a un qui est amis et il y a l’autre qui est ennemi entre Blaise et Gbagbo pour nos ancêtres les Gaulois.
IBrahim
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Le Président ADO a eu le Burkina en brandissant la carte du règlement diplomatique de la crise liée à l’affaire SORO. C’est une façon de dire “laissez tomber et je cesse de manipuler les ex RSP que j’héberge contre vous!”. ADO a vraiment cette carte entre les main sachant bien que Kaboré a besoin du calme et de la paix pour assoir son régime. C’est un aveu que notre merde actuellement est signée ADO-SORO! ET oui! Il ne fait qu’utiliser la même carte que le Burkina a mis entre ses mains en 2002 contre Gbagbo! Comme par hasard, tout ceci nous tombe dessus dès qu’on élève la voix pour dénoncer le contrat fantoche signé par Mba Kafando pour l’installation de militaires français au Burkina. La politique est si complexe qu’il faut tourner 7 fois la langue avant de parler.
2 février 2016