HomeA la uneVOYAGE DE BAN KI-MOON AU BURUNDI ET EN RD CONGO : La tournée de la honte

VOYAGE DE BAN KI-MOON AU BURUNDI ET EN RD CONGO : La tournée de la honte


 

Le Secrétaire général de l’ONU continue son pèlerinage en Afrique avec pour escales marquées les points chauds du continent, notamment le Burundi de NKurunziza et la RD Congo de Kabila. Sur les rives désenchantées des Grands Lacs, Ban Ki-Moon s’est fait l’apôtre de la paix, prônant un dialogue inclusif entre les régimes de ces deux pays et leurs oppositions. Mais point n’est besoin d’être prophète pour savoir que le Sud-Coréen prêche dans le désert. Si fait que son voyage se révèle d’une extraordinaire inutilité.  Pire, ce voyage du « patron de la planète »  au Burundi et au Congo sonne comme une prime à la dictature. En effet, le voyage du Secrétaire général de l’ONU au Burundi donne de la légitimité à un dictateur qui n’avait de place que sur le ban de la Communauté internationale. C’est trop d’honneur fait à ce satrape qui a saisi l’occasion pour donner des signes d’ouverture. En effet, on se souvient que l’homme s’était refusé à toute discussion avec certains de ses opposants comme le voudrait la Communauté internationale.  Il en va de même pour la RD Congo où on comprend mal comment le SG de l’ONU peut aller rendre visite à un dictateur qui ruse avec son peuple, musèle la presse, embastille à tour de bras opposants et activistes de la société civile  quand ce n’est pas l’ONU elle-même qui en prend pour son grade. On garde encore en mémoire les demandes d’audits faites par Kabila sur la gestion des programmes des Nations Unies au Congo.  C’était donc pour signifier à l’ONU qu’elle doit d’abord balayer devant sa cour. Quel crédit peut-on, de ce fait, accorder à cette institution qui fait du respect des droits de l’Homme et la liberté des peuples son cheval de bataille ? Ce voyage est même un précédent dangereux pour la démocratie, d’autant plus que le dialogue qu’il promeut risque de se faire au détriment des textes fondamentaux qui prônent l’alternance. Ban Ki-Moon de ce fait, écorne sérieusement son image en donnant l’impression d’un père débonnaire qui vient dire à ses gamins d’Afrique qu’ils peuvent se battre mais sans brûler la maison.

La démocratie et la paix ont un prix

Cette visite infantilisante est, pour tout dire, une insulte pour le continent. La visite aurait été utile si le patron de l’ONU était allé avec un discours de fermeté à l’égard des dictateurs. Si l’on doit s’en tenir aux déclarations faites, ce voyage est tout à fait superfétatoire. Une déclaration à partir du siège de l’ONU sur ces deux pays, du fait de sa solennité, aurait eu plus d’impact sur les consciences. Visiblement, l’homme se contente du strict minimum  alors qu’il détient les clefs des solutions aux crises qui secouent les deux pays. En décidant rien que du rapatriement des casques bleus burundais, il met la pression sur NKurunziza. En effet, l’une des principales sources de devises du pays est alimentée par les  missions de maintien de paix. Le gel de la participation des soldats burundais aux missions onusiennes, en plus d’assécher les finances du pays, pourrait provoquer l’ire de la soldatesque ; toute chose qui pourrait être fatale au régime. De même, en RD Congo, le gel des activités de la MONUSCO à l’Est du pays pourrait provoquer, à lui seul, l’effondrement du régime de Kabila. Certes, il est vrai que ces solutions à l’extrême peuvent être dommageables aux populations, mais la démocratie et la paix ont un prix. Et comme le dit un adage : « tant que l’eau du marigot n’est pas troublée, elle ne peut pas bien se décanter ».

SAHO


No Comments

Leave A Comment