HomeA la uneMANIFESTATION DE L’OPPOSITION AU KENYA : Quand le rescapé de la CPI ne veut pas d’une CENI consensuelle  

MANIFESTATION DE L’OPPOSITION AU KENYA : Quand le rescapé de la CPI ne veut pas d’une CENI consensuelle  


 

Même s’il ne s’agit pas d’une exclusivité africaine, les élections sur le continent africain débouchent souvent sur des vagues de contestations, causant parfois beaucoup de morts.  Le problème est que les pays africains n’œuvrent pas dans le sens de conjurer ce « mauvais sort ».  C’est le cas présentement du Kenya de Uhuru Kenyatta. En effet, depuis le mois d’avril 2016, l’opposition dans ce pays, appuyée par les organisations de la société civile, bat le macadam pour exiger du pouvoir en place, une commission électorale impartiale et indépendante. Tout simplement parce que cette instance chargée d’organiser les élections, est accusée d’être à la solde du régime en place. Il n’en fallait pas plus pour que le président actuel sorte ses crocs, en mettant sa police aux trousses des manifestants, provoquant des morts et des blessés. Voyant la main du diable partout, Uhuru Kenyatta, le rescapé de la Cour pénale internationale, dénonce ce qu’il qualifie de « petit agenda égoïste de l’opposition » et par conséquent, oppose un refus catégorique à cette revendication plus que légitime de son opposition et de sa société civile. Et cela, tout en oubliant que disposer d’une commission électorale consensuelle et indépendante reste une revendication minimale à formuler de la part d’une opposition républicaine et d’une société civile responsable. Malheureusement, dans le cas d’espèce du Kenya, le président semble faire preuve d’un aveuglement total et d’une irresponsabilité politique à nulle autre pareille. Car, au lieu d’écouter les manifestants dont le souci n’est autre que de s’assurer de l’existence de règles de concurrence loyale en matière électorale, il joue au père fouettard.

Le jusqu’auboutisme de Uhuru pourrait engendrer une réédition des massacres de 2007

Quand on sait que l’organisation d’un scrutin en Afrique peut déboucher sur des violences post-électorales, on ne voit pas l’intérêt pour un chef d’Etat, d’opposer son « non possimus » à une réforme qui rendrait les choses meilleures. Dans tous les cas, Uhuru Kenyatta est bien fondé pour le savoir ; lui qui, en 2013, a prêté serment en enjambant près de 1 200 cadavres de ses compatriotes. Ne serait-ce que pour expier ces crimes dont il est l’un des responsables et pour lesquels il aurait pu être mis au “gnouf” à la CPI, il aurait dû accéder à cette requête. Tout porte à croire que l’homme ne veut pas tirer leçon de l’histoire. A moins qu’il ait l’intention de s’assurer par tous les moyens une victoire à la présidentielle de 2017, il devrait prêter une oreille attentive à l’opposition. Le pouvoir kenyan devrait plutôt prendre l’initiative de créer les conditions pour que les prochaines consultations électorales soient exemptes de toutes contestations et de toute violence. Autrement, le jusqu’auboutisme de Uhuru pourrait engendrer une réédition des massacres de 2007. Et si massacres, il y a encore, le président devrait cette fois-ci s’apprêter à aller à la CPI où il n’aura plus la chance d’en sortir. Et pire encore un nouveau pogrom ouvrirait un boulevard aux terroristes, notamment les Shebabs de la Somalie, dont il connaît parfaitement la capacité de nuisance.

Michel NANA


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