26e ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE DABO BOUKARY : L’UGEB réclame toujours justice
19 mai 1990-19 mai 2016, cela fait 26 ans que Dabo Boukary, alors étudiant en 7e année de médecine à l’Université de Ouagadougou (actuelle université Ouaga I, Pr Joseph Ki-Zerbo) a été assassiné dans des circonstances non encore élucidées. Cela fait également 26 ans que des étudiants, sous la houlette de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), réclament lumière et Justice sur cet assassinat. Ils ont tenu un meeting le 19 mai 2016 à Ouagadougou, pour non seulement lui rendre hommage, mais surtout exiger que les auteurs et les commanditaires de son assassinat soient punis à la hauteur de leur forfait.
Justice, justice et justice ! L’UGEB exige que justice soit rendue à Dabo Boukary, assassiné le 19 mai 1990. Elle a sonné la mobilisation, le 19 mai dernier, au Temple du savoir pour interpeller le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. Et c’est à travers un meeting que les étudiants ont exprimé leur ras-le-bol. « Jusqu’aujourd’hui, ni les autorités de la Transition, ni les autorités actuelles n’ont apporté de réponses satisfaisantes dans l’affaire Dabo Boukary. En 2013, des témoins ont été entendus mais aucune suite n’a été donnée jusque-là. 26 ans après, c’est le statu quo », a regretté le Secrétaire général de l’UGEB, Vincent Bado.
Mais qui était exactement Dabo Boukary et pourquoi a-t-il été assassiné ? Explications de M. Bado : « Dabo Boukary était un courageux militant de l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB). Il était en 7e année de médecine et comme tout étudiant en fin de cycle, il avait ses rêves et ses projets. Mais la répression barbare des hommes du capitaine Blaise Compaoré ne lui a pas laissé le temps de les réaliser. Dabo Boukary se battait pour le pain et la liberté. Il a perdu la vie, les armes à la main, dans ce combat (…). En 1990, le Burkina était dirigé par le Front populaire qui est un pouvoir fasciste. Il y avait une remise en cause des libertés individuelles et collectives. C’est dans ce contexte que les étudiants s’étaient mobilisés pour se battre, précisément au niveau de l’Institut des sciences de la nature/Institut de développement rural (ISN/IDR), actuelle Unité de formation et de recherches en sciences de la vie et de la terre (UFR SVT). Le pouvoir en ce temps, au lieu de donner des réponses satisfaisantes aux revendications posées par les étudiants, va user de la répression. C’est ainsi que le 16 mai 1990, Salifou Diallo, à la tête d’un commando, va se rendre au sein du campus alors que l’ANEB y tenait un meeting. C’est ce commando qui va traquer les étudiants jusque dans leurs domiciles. C’est ainsi que Dabo Boukary sera enlevé aux 1200 Logements, conduit au Conseil de l’entente et torturé jusqu’à ce que mort s’en suive. 26 ans après, ni ses parents, ni ses camarades encore moins ses amis, ne savent où il a été enterré. Ils ne savent pas jusque-là qui l’a tué, qui a ordonné de le tuer (…). Plus que jamais, Dabo Boukary doit être pour nous un exemple de courage, de détermination et de persévérance dans notre lutte pour de meilleures conditions de vie et d’études, mais également pour la démocratie et le progrès social véritable. En se sacrifiant, Dabo Boukary nous exhorte à ne jamais baisser les bras et à nous engager résolument dans la lutte jusqu’à la victoire finale ».
L’UGEB appelle au boycott des élections
Fidèles à cette lutte, les membres du comité exécutif de l’UGEB ont appelé tous les étudiants à boycotter les élections municipales du 22 mai prochain, comme ils l’ont fait à la présidentielle et aux législatives du 29 novembre 2015. « Quand on parle d’élection, c’est un mode de choix d’individus. Ceux-ci doivent être à même de répondre aux préoccupations des populations. Pourtant, quand on regarde le contexte politique actuel, il y a de fortes chances que les conseillers municipaux qui seront élus au soir de ces élections municipales ne soient pas capables de répondre aux préoccupations des populations, d’autant plus que ce sont les mêmes acteurs qui ont mis le pays dans l’état actuel. Il est temps d’appeler les étudiants à la responsabilité, et cette responsabilité consiste à s’abstenir d’une élection qui va encore empirer leur situation. Donc, il faudra qu’ils continuent à se battre, car seule la lutte peut les aider à défendre leurs intérêts et non des illusions électoralistes », a estimé le SG de l’UGEB, Vincent Bado. A cette commémoration, les étudiants ont salué l’avènement des Koglwéogo qui ont réussi, ont-ils dit, où les institutions judiciaires ont échoué, notamment dans la traque des délinquants. Un tournoi de football, des prestations d’artistes et une exposition de tableaux d’archives sur la lutte de l’UGEB ont couronné cette 26e commémoration de l’assassinat de Dabo Boukary.
Mamouda TANKOANO