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60e ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DE LA COTE D’IVOIRE


A l’instar de nombreux pays francophones d’Afrique, la Côte d’Ivoire célèbre cette année, le soixantième anniversaire de son accession à l’indépendance. La sienne est intervenue le 7 août 1960 et c’est cet événement historique qui est commémoré ce jour dans le pays. Contexte de Covid-19 oblige, c’est logiquement que la fête se tient a minima, avec une cérémonie officielle sans défilé ni parade militaire, dans la sobriété et le recueillement de la perte subite, le 8 juillet dernier, du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, et un discours solennel du Chef de l’Etat à la Nation. Mais 60 ans après, que retenir de ce parcours ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est loin d’avoir été un long fleuve tranquille, avec des ombres et des lumières. En effet, sous la houlette du père de l’indépendance et de la Nation ivoirienne, Félix Houphouët Boigny, le pays de l’Eléphant a su tirer avantage de ses nombreuses ressources naturelles pour réaliser, dans les années 90, ce qu’on a appelé le « miracle ivoirien ».

 

La Côte d’Ivoire peut être fière de son bilan

 

Et c’est peu dire que la Côte d’Ivoire était, à l’époque, ce pays de Cocagne où convergeaient par milliers, des Africains d’origines et de nationalités diverses venus chercher fortune sur les bords de la lagune Ebrié.  Aujourd’hui encore, le Pachyderme ouest-africain n’a pas à rougir de son développement qui a connu, quoi qu’on dise, un véritable bon en avant avec la réalisation d’infrastructures modernes sous le magistère de Alassane Dramane Ouattara (ADO). Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, avec des chiffres qui frôlent les 7% de croissance en deux quinquennats, il faut lui reconnaître le mérite du franc bosseur. Bien entendu, la pandémie du Covid-19 qui sévit dans le monde depuis fin 2019,  est venue ralentir quelque peu cet élan mais globalement, la Côte d’Ivoire peut être fière de son bilan, même s’il y a encore des poches de pauvreté avec le fléau du chômage qui reste toujours l’une des préoccupations majeures du moment. Mais l’un des côtés sombres et pas des moindres de ce bilan, reste la question de la cohésion sociale à laquelle la Côte d’Ivoire a fortement mal aujourd’hui, soixante ans après son accession à la souveraineté nationale. Une responsabilité qui incombe globalement à la classe politique dans son ensemble, dont certains acteurs et pas des moindres n’ont pas hésité, par moments, à surfer sur le nauséeux concept de l’ivoirité qui a contribué à accentuer la fracture sociale entre frères d’un même pays, pour assouvir des ambitions personnelles. C’est une triste réalité qui traduit aussi l’échec du président ADO car, la réconciliation nationale sera restée un vœu pieux tout au long de ses deux mandats successifs. Tout comme celle de la justice qui aura laissé plus d’un sur sa faim, au moment où la question de la succession de l’enfant de Kong fait rage au point de plonger le pays dans une certaine incertitude. C’est dire si en ce soixantenaire de son indépendance, la Côte d’Ivoire présente  le visage d’un pays plutôt relativement prospère mais avec une population fortement divisée.

 

Au « miracle économique », les Ivoiriens doivent obligatoirement joindre celui de la réconciliation nationale

 

Un véritable paradoxe qui n’est pas sans pénaliser ce géant francophone ouest-africain qui, aux yeux de certains observateurs, a suffisamment d’atouts pour titiller le géant nigérian qui se présente aujourd’hui encore comme la locomotive économique de la sous-région voire du continent africain. Mais c’est une responsabilité dont ne saurait se soustraire la classe politique ivoirienne qui a pratiquement vendangé l’héritage de Nanan Houphouët surnommé le Bélier de Yamoussoukro, dont tout le monde s’accorde à reconnaître les qualités de grand rassembleur qui a été, tout  le temps de son règne, le garant de la stabilité du pays et qui apparaît aujourd’hui encore comme le véritable architecte de la Côte d’Ivoire moderne. Hélas, mille fois hélas, on ne réécrit pas l’Histoire et Houphouët Boigny ne reviendra pas. Aussi faut-il tout faire pour que la Côte d’Ivoire ne replonge pas. C’est pourquoi les acteurs politiques actuels doivent prendre conscience de leurs responsabilités devant l’Histoire, et éviter au pays de revivre la parenthèse douloureuse de 2010-2011. Car, le pays risque de se relever difficilement d’une autre guerre fratricide entre les dinosaures de la scène politique ivoirienne, qui ne semblent pas encore prêts à un passage de  témoin générationnel. Les Ivoiriens sont prévenus. C’est pourquoi au « miracle économique », ils doivent obligatoirement joindre celui de la réconciliation nationale.  Il y va de l’intérêt et de la stabilité du pays.

 

«  Le Pays »

 


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