HomeA la une6E ANNIVERSAIRE DES MASSACRES DU STADE DU 28 SEPTEMBRE : A quand la justice ?

6E ANNIVERSAIRE DES MASSACRES DU STADE DU 28 SEPTEMBRE : A quand la justice ?


 

Six ans après les odieux massacres au stade du 28 septembre de Conakry en Guinée, la vérité et la justice sont toujours aux abonnées absentes. En tout cas, pour les 157 personnes tuées et la centaine de femmes blessées ou violées, les bourreaux courent toujours.  Ils ne sont pas véritablement inquiétés. Au stade actuel de la procédure judiciaire, quatorze personnes ont été inculpées, dont les principaux leaders de la junte alors dirigée par Moussa Dadis Camara. Vu l’évolution du dossier, on peut considérer que la Guinée n’a pas mis le cœur ni la volonté nécessaire pour que justice soit rendue aux victimes. Mais tout cela relève de la responsabilité du premier magistrat du pays, le Pr Alpha Condé, président de la République. Car, si le dossier des massacres du 28 septembre 2009 reste une grosse épine dans le pied du peuple guinéen, c’est parce que les principaux acteurs dont le rôle s’avère déterminant dans l’avancée du processus, n’ont pas rempli convenablement leur part de responsabilité. Sous cet angle, le président de la République doit être le premier à être interpellé, sinon accablé. Par des calculs purement politiciens, le Professeur, durant son mandat qu’il a d’ailleurs eu, grâce, en partie, aux cadavres et aux victimes du 28 septembre, a semblé reléguer la question de la justice au second plan. Ou du moins, sa priorité n’était pas de solder ce passif dramatique et de conduire les Guinéens à une catharsis en vue d’une réconciliation nationale. Pour des questions d’intérêts personnels, le président a plutôt opté pour la collaboration avec les bourreaux des victimes. La preuve, le lieutenant-colonel Claude Pivi, compagnon de Dadis Camara, a été nommé chef de la sécurité du président guinéen. Ce faisant, les autorités guinéennes pourraient être accusées d’avoir sacrifié la justice sur l’autel de la politique politicienne. A la décharge du président, l’on peut reconnaître qu’il n’a jamais eu le temps de stabiliser son pouvoir, confronté qu’il a été à la résistance de son opposition. Cependant, cela ne saurait l’absoudre de son laxisme. Finalement, la situation est telle que beaucoup de questions demeurent.

Les leaders Guinéens ont souillé la date historique du 28 septembre

A quand la justice pour les victimes ? Qui a peur de la manifestation de la vérité sur ces massacres ? Veut-on passer par pertes et profits tous ces cadavres et ces nombreux blessés ? Bref, il pourrait y avoir un peu de tout cela, si fait que l’on peut dire que la Guinée est face à des cadavres exquis. La réalité est que les enjeux électoraux et politiques semblent avoir fait l’impasse sur la justice. Focalisés sur la lutte pour le fauteuil présidentiel d’octobre prochain, où toutes les compromissions et les alliances saugrenues sont constatées,  les acteurs politiques guinéens, y compris les ex-opposants dont les militants ont subi la barbarie des soldats de la junte, préfèrent fermer les yeux sur le drame du 28 septembre. C’est dire si les leaders politiques du pays de Sékou Touré ont utilisé le peuple guinéen pour parvenir à leurs fins, alors que la décence aurait été de solder d’abord le passif pour rendre hommage aux victimes. L’un dans l’autre et par leur comportement,  les Guinéens, à commencer par leurs leaders, ont non seulement souillé la date historique du 28 septembre, qui rappelle  la lutte contre l’impérialisme, la colonisation, la lutte pour la liberté et l’indépendance, mais aussi continuent de salir la mémoire des victimes. Le 28 septembre, date historique, est devenue le symbole de l’horreur, de la barbarie et de l’impunité, jetant dans la poubelle de l’histoire les « hauts faits d’arme » du père de l’indépendance.  Mais, et il convient de le souligner, Alpha Condé, son régime et les leaders politiques de la Guinée, auraient tort sur toute la ligne, de ne pas se soucier de la justice à rendre aux victimes. Ils auraient tort de sacrifier la vérité et la justice sur l’autel de leurs intérêts politiciens. Ce serait, en tout cas, une faute morale et politique que les Guinéens ne sauraient leur pardonner. Mais l’on ne doit pas totalement désespérer de la Guinée. C’est dire  que sa justice a l’occasion d’aller jusqu’au bout pour que plus jamais cela ne se reproduise. En tous les cas, ce pays a tellement payé le prix des errements politiques qu’il faut savoir à un moment donné, dire stop !

Michel NANA


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